Il paraît que le film s’est fait déchirer par la critique et n’a pas du tout marché : si le film est imparfait, incontestablement, c’est quand même pas mérité. Sympa comme tout, ce film, j’ai vraiment passé un bon moment.
Je suis pas un fana absolu de l’humour de McFarlane (j’aime bien les « Griffin », un poil moins « American Dad », et j’ai trouvé « Ted » sympa mais vraiment sans plus), mais je lui reconnais du talent et une bonne maîtrise du tempo comique.
Manifestement porté par le succès de « Ted », le comique obtient une belle enveloppe, y’a clairement des thunes à l’écran, et un gros casting, aussi.
Au niveau de la mise en scène, McFarlane assure le minimum (c’est propre, y’a des beaux plans « Monument Valley style », quelques beaux plans à « l’heure bleue », en contre-jour…) mais sans génie aucun. Son sens du rythme assure quand même aux gags un effet optimum.
Pour ce qui est du type d’humour développé, c’est un peu moins irrationnel et « déconnecté » que ce qu’il fait à la télévision. Le film est écrit de façon solide, développant des thématiques intéressantes (classiques aussi, certes…) qui marcheraient au « premier degré » si on virait les éléments comiques, par exemple l’idée de la moustache comme symbole de la virilité impossible à atteindre ou le parcours du perso principal, du type « si je ne peux pas changer le monde je peux toujours me changer moi-même ».
La peinture du Far-West comme un univers mortifère et d’une hostilité inouïe est, à ce titre, impayable (espérance de vie de 35 ans, morts subites, maladies immanquablement mortelles, traitements médicaux tout aussi dangereux, animaux sauvages surgissant subitement dans le cadre…), et participe un peu d’une entreprise de « déglamourisation » de l’Ouest telle que le western italien ou ceux de Peckinpah ont pu le faire (avec plus de brio) avec des approches différentes.
Rayon trashitude, le domaine de prédilection du monsieur, ça y va gaiement et perso j’aime bien ça : le film ne rechigne pas devant la scatologie la plus débridée (dans le genre, il y a un plan très court absolument dégueulasse…j’ai bien rigolé, j’avoue), ni devant quelques débordements gore de bon aloi (comme ces morts violentes qui font leur petit effet ; décapitations, démembrements, empalements, etc… : l’éventail est large). Quant aux caméos (un classique du genre), il y en a un qui tombe un peu à plat à la fin du film, mais un autre par contre absolument démentiel pour les fans de :
« Retour vers le Futur », puisque McFarlane croise par hasard au détour d’une grange…le Doc (l’authentique Christopher Lloyd !!), en train de réparer sa De Lorean !
Au rayon des défauts, le film est trop long pour son propre bien (1 h 51 : il y a un bon quart d’heure de trop, à mon sens). Il est dommage qu’en fonçant tête basse dans un délire de ce genre, McFarlane ressente le besoin de développer des scènes sans éléments comiques, juste pour faire avancer la narration « premier degré ». C’est un peu inutile, sans compter que McFarlane est vite saoulant quand il se laisse aller à la guimauve (ce qui plombait déjà « Ted », d’ailleurs).
L’autre gros problème, et je vais être un peu salaud, c’est McFarlane lui-même. Pas celui qui écrit, pas celui qui réalise, mais celui qui joue : au début du film, j’ai même eu très peur, et puis ça passe petit à petit. S’il est loin d’être mauvais (bonne maîtrise du tempo, là aussi), son manque de charisme et sa bonne bouille d’éternel ado, qui sont raccord avec le personnage qu’il incarne il faut le reconnaître, plombe un peu le film (il fait même capoter une ou deux scènes). Avec un Will Ferrel dans le rôle principal, le film aurait pris une toute autre dimension ; McFarlane a pêché par excès de confiance sur ce coup.
On ne peut lui enlever ceci dit son culot et son efficacité, et le film au final emporte l’adhésion par le côté éminemment sympathique de la démarche. Très chouette !!