ALICE AU PAYS DES MERVEILLES (W.W. Young)

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REALISATEUR & SCENARISTE

W.W. Young, d’après l’oeuvre de Lewis Carroll

DISTRIBUTION

Viola Savoy, Herbert Rice, Harry Marks…

INFOS

Long métrage américain
Genre : fantastique
Titre original : Alice in Wonderland
Année de production : 1915

Cette année, les studios Disney vont sortir Alice de l’autre côté du miroir de James Bobin, suite d’Alice au pays des Merveilles de Tim Burton, énorme succès de l’année 2010, et nouvelle entrée d’une longue liste d’adaptations sur écran (qu’il soit petit ou grand) du célèbre roman de Lewis Carroll publié pour la première fois en 1865.
Cela fait plus de 100 ans que le Pays des Merveilles sorti de l’imagination de l’écrivain britannique est revisité par les créateurs du monde entier…et en ce qui concerne plus particulièrement le cinéma, on dénombre trois productions à l’époque du muet.

La première tentative de transposition de ce grand classique remonte à 1903 et vient du Royaume-Uni. Alice in Wonderland a été réalisé par Cecil Hepsworth et Percy Stow, avec la jeune May Clark, 14 ans, dans le rôle-titre. Première Alice de l’écran, la brune May Clark ne ressemble pas du tout à l’imagerie populaire de la jeune héroïne et a obtenu en fait le rôle parce qu’elle travaillait déjà à différents postes au sein du studio…ce qui représentait une économie, le budget étant principalement investi dans les trucages et l’élaboration des costumes et des décors. D’une durée initiale de 12 minutes (le plus long film produit en Angleterre en 1903 !), Alice in Wonderland ne propose bien sûr que quelques fragments du roman. De nos jours, on ne trouve plus qu’une copie très abîmée et amputée de 3/4 minutes, ce qui explique quelques coupes sauvages .

Pour les plus curieux, retrouvez ce petit film vieux de 113 ans ci-dessous :

La version suivante, américaine celle-ci, date de 1910 et a été réalisée par le pionnier du cinéma U.S. Edwin S. Porter, notamment connu pour avoir réalisé l’un des tout premiers westerns, The Great Train Robbery. Ce film de 10 minutes est, dit-on (car je n’ai pas encore pu le voir), très fidèle dans l’esprit au livre de Carroll et surtout aux illustrations originales de l’artiste John Tenniel.

En 1915, une troisième adaptation fut écrite et réalisé par un certain W.W. Young (dont ce fut, paraît-il, le seul film…mais vu que bon nombre de productions du muet sont considérées comme perdues, il se peut que le bonhomme ait été un peu plus prolifique que cela) et distribuée par l’American Motion Picture Corporation.
Cette troisième déclinaison est d’une durée un peu conséquente (52 minutes) mais a le désavantage de ne pas raconter grand chose et se révèle vite ennuyeuse.

alice

Le début est bien connu. Alors qu’elle écoute sa soeur lire un livre à haute-voix, la jeune Alice somnole. Soudain apparaît un Lapin Blanc qu’Alice s’empresse de suivre. Mais ici pas de chute à travers le terrier du lapin…quelques ellipses plus tard, Alice se retrouve déjà au Pays des Merveilles…qui n’a rien de vraiment merveilleux et ressemble plutôt à une forêt quelconque. Là, elle croisera plusieurs habitants avant de s’incruster dans la partie de croquet de la Reine.

Même en se remettant dans le contexte de l’époque, l’Alice de W.W. Young ne présente que peu d’attraits. On est loin ici de l’imagination flamboyante d’un George Méliès…les décors sont pauvres, les effets spéciaux limités (il y en avait plus dans la version de 1903, aussi rudimentaires soient-ils, c’est dire) et la savoureuse magie non-sensique de l’histoire originale le plus souvent absente. L’ensemble est juste décousu et maladroit.

alice1915

Le seul département un peu plus soigné est celui des costumes…souvent réalistes (le dodo, le Lapin Blanc, les morses…), mais pas toujours (comme le ridicule lézard et le chat de Cheshire). Et pourtant, la réalisation créé un constant décalage et du coup, l’aspect des créatures qui peuplent Wonderland donne un côté encore plus inquiétant à l’histoire (notamment lorsque la caméra de W.W. Young s’attarde sur l’arrivée de deux homards géants…scène qui aurait pu sortir tout droit d’une série B de monstres des années 50) et renforce l’étrangeté de cette production muette autrement pas vraiment inspirée.

Il faudra ensuite attendre 1931 pour qu’Alice retourne au Pays des Merveilles sur grand écran, avec le son cette fois-ci…mais ceci est une autre histoire…

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Après, s’il y a une adaptation du livre de Lewis Carroll à voir, je pense que c’est le Alice de Jan Švankmajer :

Alice, au début n’est pas blonde… Mais c’est John Tenniel qui lui a donné l’apparence qu’on lui connaît (et le phénomène s’est amplifié avec le dessin animé de Disney), un peu comme Sidney Paget a donné son chapeau à Sherlock Holmes.

Les illustrations originales étaient de Lewis Carroll lui-même, mais ses dessins ne furent pas jugés assez bons (par lui ou par l’éditeur, on ne sait pas trop), et le travail a finalement été confié à John Tenniel (choisi par Carroll).

Il est amusant de voir que l’image que tout le monde a en tête d’Alice est en fait une deuxième version, et que celle que tout le monde a en tête de Sherlock Holmes est due à une erreur (la commande des illustrations des Aventures de Sherlock Holmes était pour Walter Paget, le frère de Sidney, mais a été adressée à ce dernier par erreur).

Tori.

Ponticelli :

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Jeremy bastian :

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Dave McKean lui rend hommage :