YOR, LE CHASSEUR DU FUTUR (Antonio Margheriti)

REALISATEUR

Antonio Margheriti

SCENARISTES

Antonio Margheriti et Robert D. Bailey, d’après la bande dessinée de Juan Zanotto et Ray Collins

DISTRIBUTION

Reb Brown, Corinne Cléry, Luciano Pigozzi, John Steiner, Aytekin Akkaya…

INFOS

Long métrage italien/turc/français
Titre original : Il Mondo di Yor
Genre : action/science-fiction
Année de production : 1983

Des massifs rocheux de la Cappadocce (après tout, on est dans une co-production avec la Turquie) surgit soudain Yor (he’s the man, he’s the man), accompagné de son nanardesque thème musical qui souligne chacune de ses actions (et que l’on doit aux prolifiques frangins Guido et Maurizio de Angelis).
Seulement habillé d’un pagne, la hache à la main, notre héros à la perruque digne d’un Prince Valiant de la préhistoire dévale maladroitement une pente escarpée en direction de la caméra.
Arrivé à destination, Yor (the touch of fire) regarde l’horizon avec un sourire béat, content de ne pas s’être vautré en beauté (c’est qu’elle était vraiment dangereuse, cette descente). Après tout, c’est son monde et c’est lui l’homme.

Yor (the proud and free desire) est à la recherche de ses origines et sur le chemin de sa quête, il devra affronter de nombreux défis : sauver la jolie brune Kalaa et son père adoptif Pag des griffes d’un dinosaure en papier mâché (anachronique, n’est-il pas ?), combattre des hommes-singes à l’hygiène douteuse (commandés par Aytekin Akkaya, le Captain America turc de 3 Dev Adam), sauver une autre jeune femme, blonde cette fois, qui pourrait avoir un lien avec son passé, pour la perdre aussitôt (faut dire que Kalaa était jalouse et les blondes ne comptent pas pour des prunes) et sauver (oui encore…quel homme, ce Yor !) une famille attaquée par un lézard en caoutchouc.

Le vrai parcours du héros…et d’ailleurs, Yor (he’s the man, he’s the man) est incarné par nul autre que Reb Brown, le Captain America au bouclier en plastoc des téléfilms des années 70 ! La belle Kalaa au brushing impeccable, c’est la française Corinne Cléry, révélée par le film érotique Histoire d’O et James Bond Girl dans Moonraker avec Roger Moore. Le vieux Pag aux incroyables talents d’archer (mais pas que…) est campé quant à lui par le vieux briscard du bis transalpin Luigi Pigozzi.

C’est après ce nouveau combat épique que Yor (and the world was like fire) et ses amis arriventau village de la petite famille. Dans un grand élan de générosité, le chef offre sa fille à Yor (he’s the man, he’s the man) pour le remercier. Yor (the proud and free desire) décline, puisqu’il a déjà Kalaa à ses côtés (et comme elle n’aime pas qu’on touche à son grand bêta…). Et c’est là que le village explose et que le spectateur est transporté dans un tout autre métrage. De mix grossier entre La Guerre du Feu et La Planète des Singes, le film se transforme en Star Wars du pauvre, avec rayons lasers, soldats robots aux faux airs de Dark Vador cheap et grand méchant qui se prend pour un ersatz de Palpatine et Ming réunis.

Gné ? C’est qu’il faut pas mal de dialogues lourdement démonstratifs dans la dernière demi-heure pour comprendre que le monde de Yor (he’s forsaken the name !) est en fait notre Terre…après une catastrophe nucléaire (alors que certains matériels promotionnels de l’époque, dont l’affiche américaine, entretenaient le doute sur les possibles origines extra-terrestres de Yor) !

Ce joyeux délire sans queue ni tête se termine par une grosse séquence d’action dans la base du vilain Overlord, base qui était en fait les restes de décors d’une série Z de S.F. italienne sortie en 1979, L’Humanoïde, pour lequel le réalisateur Antonio Margheriti (qui utilisait le plus souvent son pseudonyme américanisé Anthony Dawson) avait supervisé les effets spéciaux.

Scénariste, réalisateur, maquilleur, responsables des effets spéciaux…touche-à-tout aux multiples talents, Margheriti a traîné ses bottes dans tous les recoins du cinéma d’exploitation italien, pour le meilleur et pour le pire (plus de détails sur sa filmographie dans mon billet sur La Planète des Hommes Perdus). Avec Il Mondo di Yor (and the world was like fire), on est clairement dans le pire, à une époque où le film de genre transalpin était déjà dans la pente descendante. Avec le peu de moyens à sa disposition, Margheriti a filmé ce qu’il a appelé « une grosse bande dessinée bon enfant », un nanar croquignolet, mal joué, pauvrement éclairé et blindé d’incohérences…qui s’expliquent peut-être (en partie) par le fait que le long métrage de 90 mn est une version remontée d’une mini-série de 200 mn qui ne fut paraît-il diffusé qu’une seule fois à la sauvette sur la chaîne RAI.

Yor, le Chasseur du futur est l’adaptation de la bande dessinée Henga, el cazador des argentins Juan Zanotto et Ray Collins, qui connut le succès en Italie sous le titre Yor il Cacciatore. En France, Yor le Chasseur fut publié par Sagédition dans le petit format Karacal.

Et pour finir un karaoké, tout plein de paroles dont le sens s’est perdu depuis les temps obscurs. Car après tout pourquoi l’eau, le feu, la terre ? Et pourquoi le vent, la pluie ? Pourquoi tous ces grands mystères ?

1 « J'aime »

Toi tu n’as peur de rien en matière de cinéma, Yor, le chasseur du futur. :open_mouth: :wink:

Et pour ceux qui voudraient en savoir un peu plus sur cette BD (Pour en savoir +), qui n’est pas sans rappeler Thorgal et en lire un épisode, c’est possible en suivant le lien que je propose. :wink:

C’est nettement meilleur que le film. :slight_smile:

Merci pour ce lien, Artie. J’avais déjà lu des séries dessinées par Zanotto à l’époque où j’achetais des petit formats noir & blanc, mais je ne connaissais pas la BD de Yor.
J’en ai profité pour pousser un peu plus loin les recherches et je vois que le film a pris pas mal de libertés par rapport à la bande dessinée concernant les origines de Yor…

Ah j’en ai quelques numéros, va falloir que je regarde dedans…

Jim

L’affiche de Druillet, que j’ai admirée dans des Starfix, m’a longtemps marqué, au même titre que celles qu’il a dessinées pour La Guerre du feu ou Le Nom de la rose.

Jim