En 1999, les Annuals se sont organisés autour d’un événement éditorial saugrenu : JLApes: Gorilla Warfare! Dans ce récit en plusieurs parties, qui s’ouvre dans le JLA Annual #3 pour se conclure dans le Martian Manhunter Annual #2 (à l’occasion d’un duel mental entre Grodd et John Jones), les habitants de Gorilla City utilisent une machine à probabilités afin d’influencer sur l’évolution de l’humanité et de transformer les hommes en singes.
Sur ce principe gentiment inepte, les équipes créatrices brodent des intrigues où chaque héros transformé doit gérer la métamorphose dans son « domaine réservé ». Bien entendu, Wonder Woman est concernée. Elle mène le combat avec diverses Amazones, certaines provenant de la tribu des Bana-Mighdalls dont on a déjà parlé.
Étant une créature d’argile (magique ou mystique), elle ne réagit pas de la même manière au « résonateur morphogénétique » utilisé par les singes, et parvient à échapper à sa transformation.
Cependant, alors que le combat se déplace du monde des hommes au fleuve Styx, Wonder Woman est entraînée dans les flots et fait une rencontre étonnante, celle d’une gardienne oubliée qui semble la confondre avec sa tante Antiope.
L’apparition affirme s’appeler Nu’bia (notons la graphie, qui diffère de la version créée par Robert Kanigher et Don Heck, et dont j’imagine qu’Alexa nous reparlera bientôt). Championne de la société amazone, ancienne amie d’Hippolyte et Antiope, elle a été sélectionnée, dans un passé lointain, afin de devenir la gardienne des portes du Tartare, arpentant cet au-delà brumeux où rodent le mal et les péchés. Les années de mission et de solitude lui ont donné de nouveaux pouvoirs, comparables à ceux de Méduse la Gorgone, et elle s’avère capable de pétrifier ceux qui la contemplent.
L’Amazone perdue devient une alliée de poids dans la bataille que Wonder Woman et Artemis mènent contre les singes. Le dessinateur, Brian Denham, signe quelques jolies doubles pages de baston, qui rattrapent la narration désordonnée qui caractérise l’ensemble de cet Annual, écrit assez maladroitement par Doselle Young : les nappes de voix off donnent un peu de cohérence à un récit syncopé, dont l’intérêt se situe surtout dans la présence de Nu’bia, incarnation du passé des Amazones, plutôt que dans l’affrontement entre les héros et les conquérants.
À la fin du récit, Nu’bia repart dans le Tartare. Doselle Young glisse quelques informations sur sa mission, sur ses liens avec Ahura-Mazda et Ahriman, laissant ainsi entrevoir la possibilité de développements à venir. Mais au final, entre un scénario où s’entassent les péripéties et des planches désordonnées remplies de bulles visiblement destinées à clarifier la narration, on ne retiendra de cet Annual que la couverture d’Art Adams, qui se charge d’enluminer tous les chapitres de la saga.
Jim