1941-2021 : BON ANNIVERSAIRE WONDER WOMAN !

Donc, au milieu des années 1980, Pérez découvre que DC a es plans pour Wonder Woman… des plans pas bien clairs, ils ne savent pas où ils vont, ils cherchent, et notamment ils envisagent de confier le destin graphique du personnage à un dessinateur qui, selon lui, est « davantage habitué à dessiner comme dans Penthouse » (“The man is more used to drawing stuff like a Penthouse magazine”).
Je me suis demandé de qui il pouvait s’agir, et j’avais deux noms en tête : d’une part Mark Texeira, qui à l’époque avait fait des adaptations des Maîtres de l’Univers dans les mini-comics accompagnant les jouets (avec Gary Cohn, collaborateur régulier de Dan Mishkin, lui-même scénariste de Wonder Woman peu de temps avant Crisis), ainsi que la version futuriste de Jonah Hex. Il était donc connu des services, chez DC.
L’autre nom auquel je pensais, c’était Mark Beachum, qui a fait des Web of Spider-Man avec Peter David, par exemple, et qui, comme Texeira, a un style assez reconnaissable (il y a des similitudes entre les deux, d’ailleurs), avec des cases éclatées et de jolies nanas sexys, cambrées et sur hauts talons).
Je n’avais pas bien regardé les dates, afin de vérifier si cela pouvait coller… et j’avais un peu oublié tout ça. Et puis là, en cherchant autre chose (comme toujours), je découvre que Mark Beachum a dessiné des épisodes de la back-up consacrée à Huntress, dans Wonder Woman #314 à 318, sous la direction éditoriale d’Alan Gold.

Au début, avec l’encrage limpide de Gary Martin, le trait de Beachum est encore timide. Les positions sont lascives, on sent bien qu’il aime cadrer ses personnages féminins de dos, mais au final, ça ne dépasse pas tellement le stade du fameux « good girl art » qui, dans l’esprit des lecteurs Américains, est presque un genre en soi.

Mais bien vite, l’illustrateur gagne en hardiesse et s’ingénie à multiplier les cases afin de représenter son héroïne sous tous les angles (et quand le script de Joey Cavalieri implique qu’elle doive être ligotée, c’est la fête).

Dans le cinquième épisode qu’il livre pour la série, Beachum s’en donne à cœur joie en représentant des jolies femmes sculpturales dans des tenues à la mode (pas obligatoirement dénudées, d’ailleurs, ce qui témoigne d’un talent évident dans le suggestif…).

Et Helena Wayne continue à prendre la pose, dans des attitudes qui ne sont pas particulièrement narratives, c’est certain.

Le dernier chapitre livré par Mark Beachum est encré par Stan Woch. Le résultat est très beau, alliant des ombres travaillées, des trames qui donnent du cachet, des cernés qui délimitent bien les plans, des drapés qui donnent de la vie à l’ensemble, plein d’effets de matière du meilleur goût. D’ailleurs, Woch réalisera quelques chapitres tout seul après le départ de Beachum, et ce sera également très beau.

Bref, si les épisodes que Mark Beachum consacre à Huntress sont plutôt sympathiques, l’illustrateur cède bien souvent à la tentation de réaliser une case où l’héroïne prend la pose, dans une logique illustrative qui met en valeur la séduction du personnage et ses atouts physiques, mais pas tellement l’histoire.
Sa présence au générique de Wonder Woman #314 à 318, en 1984, démontre que Beachum était en relation avec la rédaction. Son style, dont les traits racoleurs vont s’amplifier avec le temps (on peut le voir ici), est déjà présent, et comme il dessine très bien les jolies femmes, il n’est pas saugrenu de penser que l’équipe éditoriale songe à lui… et que ce soit à lui que pense Pérez quand il parle d’un illustrateur « davantage habitué à dessiner comme dans Penthouse ».

Jim

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