1941-2021 : BON ANNIVERSAIRE WONDER WOMAN !

Je découvre petit à petit que le scénariste Christopher Priest a écrit plus que son lot de récits consacrés à Wonder Woman. J’ai déjà identifié le diptyque « Nightfall » dans Wonder Woman #137-138, un autre diptyque réalisé quelques années auparavant et dont je vais parler bientôt, et le Wonder Woman #1000000. Rien que cet ensemble pourrait justifier un TPB, en mode « Wonder Woman by Christopher Priest », d’autant que des thèmes récurrents traversent ces récits (un autre titre possible : « Mothers and Magicians »).

Si j’ai identifié cinq épisodes parus dans le cadre de la série régulière, Priest a également rédigé le script de récits publiés sous d’autres formes. Et notamment le Wonder Woman + Jesse Quick, paru en 1997. Les « + » publiés cette année-là proposaient des aventures inédites dans lesquelles les héros vedettes faisaient équipe avec des personnages peut-être moins connus. Ça permettait de générer des team-ups variés dans lesquels les seconds couteaux évoluaient, sans pour autant occuper de la place dans les séries régulières.

Le récit fait trente-huit pages, et clairement, fidèle à ce qu’il énonçait dans des propos cités un peu plus haut dans cette discussion, Priest n’est pas intéressé par Wonder Woman. Celle-ci ne fait son apparition qu’au bout de seize planches, et encore, en civil (c’est l’époque où Byrne s’occupe de la série, ce qui fait qu’on voit passer Helena Sandsmark).

Tout commence alors que Jesse Quick (qui est, rappelons-le, la fille de Johnny Quick et de Liberty Belle) se risque à traiter une prise d’otage dans un ascenseur. La première page est un flash-back remontant à l’enterrement de Johnny, et au fossé qui se creuse entre la mère et la fille. Ce souvenir douloureux hante Jesse, qui doit affronter à la fois le preneur d’otages et la reprise de l’entreprise de son père. Priest en profite pour prendre à rebrousse-poil plein de clichés, que ce soit le racisme inversé du preneur d’otage noir et drogué, l’action héroïque qui ne constitue ni un exutoire ni l’occasion d’oublier, le rapport du héros à la police et de la police à la société… Ces pages très denses, très riches, composent une séquence d’ouverture assez longue mais qui pose le personnage. Et l’intrigue : on est clairement dans une histoire située dans l’univers de Flash, pas dans le monde des Amazones.

L’intrigue proprement dite commence à la page 12, alors que Jesse a quitté son appartement, laissant sa mère Libby aux prises avec des ninjas de la vitesse que les lecteurs de longue date identifient sans mal comme des fidèles de Savitar. Jesse la retrouve dans un état grave, la conduit aux urgences, et comprend que les ninjas sont à la recherche d’un rouleau d’Hermès ayant appartenu à Savitar et qu’elle a dérobé. Le rouleau étant écrit en grec, elle se tourne vers Helena Sandsmark et rencontre une grande brune qui sourit sur toutes les cases, sans doute parce que Priest préfère véhiculer les émotions par les autres personnages.

Le récit, supervisé par Paul Kupperberg, est profondément ancré dans la continuité de Flash. Outre la référence à Impulse #11 dans lequel Jesse récupère le rouleau, on voit passer Helena Sandsmark issue de la période Byrne, mais aussi Julia Katapelis, en provenance de la période Pérez. Il est clair que Wonder Woman, ici, est le personnage secondaire, ce qui n’empêche pas le dessinateur Michael Collins (ici épaulé par l’encreur Tom Palmer) de s’éclater à représenter la grande Amazone, son style réaliste et ombré, lorgnant vers celui d’Alan Davis, accomplissant des merveilles.

À mesure que l’histoire se développe, Jesse et Diana découvre que l’un des ninjas de la vitesse est parvenu à conserver son pouvoir de vélocité (contrairement à ses collègues), ce qui rend caduque le mobile : récupérer le rouleau d’Hermès afin de récupérer la vitesse et à terme de ressusciter Savitar. Et quand Wonder Woman explique à sa jeune équipière que le ninja en question est en réalité une femme, Jesse comprend : il s’agit de Christina Alexandrova, personnage dont l’existence remonte aux épisodes de Mike Baron, au début de la série consacrée à Wally.

Ayant localisé le repaire de leur ennemie, les deux héroïnes se précipitent au combat, non sans avoir, chemin faisant, échangé quelques banalités sur la famille, le fait d’avoir une mère, le deuil d’un parent… Jesse, par l’entremise de la voix off, s’étonne que Diana ne se départisse jamais de son sourire, et finit même par douter de l’attention de son équipière.

La fin du récit se résume à un duel entre Jesse et Christina (qui se sont déjà affrontées dans Impulse), lors d’une course à une telle vitesse qu’elles sont sur le point de franchir la barrière de la Speed Force. Avec l’aide de Wonder Woman, Jesse comprend qu’elle est hantée non seulement par le décès de son père, mais aussi par le souvenir de Wally, qui la considère comme son héritière.

Le poids de la responsabilité qui incombe à l’héritier de la tradition des Bolides pèse sur la jeune femme, qui finit par prendre conscience de ce qu’elle veut vraiment. Ayant repris le rouleau, elle laisse Christina (dont le sort n’est pas résolu ici, on suppose qu’elle a ralenti avant d’être aspirée dans la Speed Force).

La dernière planche montre les retrouvailles entre Jesse et Libby, auxquelles Diana assiste. Une fois de plus, à l’exemple de deux autres récits évoqués un peu plus haut, Christopher Priest a mis le thème des relations mère / fille au centre d’un récit qui, en plus, s’inscrit profondément dans la continuité de Flash, évoquant les périodes les plus marquantes des Bolides.

Jim