Jim
Wonder Woman par Sean Izaakse :
Et Wonder Girl :
Jim
Triste prémonition
(WW 287)
Miranda :
En ce lendemain du vingtième anniversaire de l’attentat, on peut songer effectivement à différentes occurrences où Wonder Woman entretient une relation conflictuelle avec la skyline de New York (ou assimilé).
Par exemple, dans Wonder Woman #122, de mai 1961 (Robert Kanigher et Ross Andru) :
Wonder Woman #136, de 1963 (Robert Kanigher, Ross Andru) :
Wonder Woman #225, septembre 1976 (Elliot S! Maggin et José Delbo) :
Wonder Woman #287, cité par Soyouz, et daté de janvier 1982 (Marv Wolfman et Don Heck, avec le retour du Docteur Cyber) :
Plus récemment, Diana survit à l’effondrement d’un immeuble dans Wonder Woman - Agent of Peace #1 (scénario d’Amanda Conner et Jimmy Palmiotti, dessin d’Inaki Miranda), également cité par Soyouz :
Jim
Et Donna Troy n’est pas en reste !
New Teen Titans #20, mai 1986 (Marv Wolfman et Eduardo Barreto) :
Jim
Je n’aime vraiment pas cette Diana guerrière qu’on tente de nous enfoncer dans la gorge. Ca va vraiment à l’encontre du personnage je trouve.
On oublie un peu le côté ambassadrice (de la paix entre autres). Rucka était parvenu à conserver l’aspect guerrier tout en mettant en avant sa « mission dans le Monde des Hommes ». J’ai l’impression que c’est un peu parti loin, ça.
Après, ça occasionne de belles scènes, et c’est visuellement porteur, mais l’aventurière qui n’a qu’un lasso pour arme me manque aussi.
Jim
Ce moment continue d’impacter Wonder Woman.
Il faut aussi voir que de nombreux « fans » sont gourmands et en attente de versions plus brutales, guerrières, violentes. Beaucoup de fans du Snyderverse confondent « adulte » et « violent », mais le fait est que de nombreuses personnes « attendent » des super-héros plus agressifs et guerriers.
La minorité non silencieuse ?
Difficile du coup de la confirmer en minorité.
Difficile. Si tu t’arrêtes qu’à ce forum, on est plusieurs à aimer cette version ambassadrice qui ne montre pas que les muscles.
Oui, et période Rucka, justement : mais chez lui, ça rentre dans une logique où le scénario explore les conséquences des actes. D’ailleurs, même si je connais moins bien son deuxième passage (qu’il faudra donc que je reparcoure à l’occasion), j’ai tout de même l’impression qu’il cherche à revenir un peu de cette dimension « grim & gritty ».
Oui, et ça, c’est pas d’aujourd’hui : déjà dans les années 1980, notamment avec le durcissement de Batman. Watchmen était une sorte de pastiche en mode alerte de cette évolution, et quand Moore s’est aperçu que la série était considérée comme un modèle, il a voulu renouer avec ce qu’il estimait être le « sense of wonder » des super-héros : ça a donné 1963, Supreme ou Tom Strong.
Ouais, ça aussi, c’est pas nouveau, et c’est plus sonore autour des projets cinématographiques, mais ça imbibe la BD depuis des décennies aussi.
Ça se voit même dans la critique française. Pour ma part, j’y vois une pulsion adolescente, une vision étriquée du monde. Être adulte, c’est gérer la complexité, or une approche plus violente et plus extrême est souvent l’inverse de la complexité (n’est pas Authority qui veut). Être adulte, ce n’est pas briser la nuque au Joker, c’est aller lui parler.
Mais bon, c’est ce que j’appelle le syndrome Metal Hurlant (bon, j’aime pas Metal Hurlant, dans son ensemble, même si ça a été un vivier incroyable) : on y vantait une BD adulte avec une approche « sexe et violence ». À l’époque, c’était aussi inscrit dans un rapport conflictuel à la censure, nettement plus présente, donc ça pouvait se comprendre. Mais ça a durablement marqué la critique française, qui a un peu tout mélangé, le côté « auteur » de Metal Hurlant et son côté anti-censure. Ce qui, par extension, a conduit à établir une séparation entre le récit d’auteur et la série à suivre, entre l’œuvre et le commerce. La vieille antienne qui, en soi, est artificielle.
Je prends toujours l’exemple de Batman et Superman. Assister au meurtre de ses parents à huit ans, ça marque, tout le monde peut comprendre, c’est simple. Le traumatisme d’enfance qui conduit à investir la fortune familiale dans la lutte contre le crime, c’est somme toute assez basique.
En revanche, disposer du pouvoir de sortir la Terre de son orbite et se contenter de sauver les chats coincés dans les arbres, c’est plus difficile à comprendre. Mais de Richard Donner à John Byrne, ils sont nombreux les auteurs qui ont mis ça en scène en le rendant crédible. Et pourtant, c’est plus difficilement crédible.
Superman est plus difficile à « expliquer », à « explorer », que Batman, selon moi. Parce que la simplicité voudrait que disposer d’un tel pouvoir mènerait immanquablement à s’en servir. Or, il ne le fait pas. C’est plus complexe.
Mais visiblement, le public (et sans doute une partie des auteurs) préfère une approche simpliste et accorde son attention à des versions moins complexes, comme le Superman d’Injustice. Qui est pourtant simple, simpliste, enfantin : « ouin ouin, Lois est morte, je vais me venger, tuer le Joker et emprisonner les méchants, et si on n’est pas avec moi, on est contre moi ». Ça n’a rien d’adulte, pour moi.
Jim
Oui, « pas que ».
Parce que pour ma part, elle peut montrer ses muscles, hein…
Jim
C’est aussi ce traumatisme qui le pousse, normalement, à ne pas tuer : il ne veut pas infliger cela aux proches du criminel, qui sont innocents de ses crimes.
Et l’on distinguait (en France) la presse pour la jeunesse de la presse pour adultes, qui n’avaient (n’ont ?) pas le même statut légal et n’étaient pas soumises aux mêmes obligations… De là, on a confondu « BD adulte » et « BD pour adultes »… Beaucoup de BD pour adultes manquent en effet énormément de maturité (alors que certaines, pour un public plus jeune, en font largement preuve).
Tori.
Je nuancerais par « BD qui peut être lues par les adultes »
S’est « effaré » même !
Mais c’est plus long.
Tori.
Donc c’est bon ?