1941-2021 : BON ANNIVERSAIRE WONDER WOMAN !

Les Wonder Women alternatives, chapitre 10 : Tangent Comics : Wonder Woman

Avant d’aller plus loin, avez-vous l’épisode de La Quatrième Dimension intitulé « L’Esprit et la matière » ? Pour les plus curieux, c’est le vingt-septième épisode de la deuxième saison. Si vous ne l’avez pas vu, Internet est votre ami !
Si vous l’avez vu, vous vous souvenez que le personnage central, le misanthrope et asocial Archibal Beechcroft, découvre un jour un ouvrage sur la puissance du cerveau, dans lequel il est stipulé que le monde dépend de la perception qu’on en a et que si l’on décide, par exemple, qu’il n’y a plus de circulation routière dans la rue, alors la circulation routière disparaît. C’est, pour faire court, une application, dans le domaine du fantastique ou de la science-fiction, du concept de solipsisme qui veut que le sujet qui pense ne peut considérer comme certaine que sa propre réalité, tout le reste étant incertain (et donc sujet à changement : en science-fiction, on citera aussi La Cité des permutants de Greg Egan ou L’Instinct de l’équarisseur de Thomas Day qui, en passant par le principe d’incertitude et quelques bidouilles schroedingeriennes, jouent sur les mêmes ressorts narratifs : ce que l’on perçoit change la réalité… donc il suffit de changer ce que l’on perçoit pour changer la réalité).
Vous avez déjà mal à la tête ? Ça tombe bien, moi aussi.

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Repartons dans le monde des illustrés.
En 1998, à l’instigation du scénariste et dessinateur Dan Jurgens (connu pour être le créateur de Booster Gold et l’un des artisans de « La Mort de Superman », entre autres), une collection de récits courts situés dans un univers alternatif proposent de découvrir des versions nouvelles et complètement tordues des personnages de l’éditeur, sous l’étiquette « Tangent Comics ». Daté de septembre 1998, Tangent Comics: Wonder Woman paraît, avec la promesse de redécouvrir l’héroïne sous un jour nouveau, à l’occasion d’un récit écrit par Peter David et dessiné par Angel Unzueta.

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Tout commence à Las Vegas où un vaisseau spatial tombe en grand fracas au milieu des néons. Lori Lemaris, journaliste pour World’s Finest, assiste à l’irruption des deux passagers, une créature féminine verte et un être apparemment masculin qui semble la conseiller. Que fait la journaliste ? Elle pose une question, pardi.

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Le récit étant écrit par Peter David, la première rencontre s’articule autour d’une méprise (l’extraterrestre répond « I am Wanda, girl! », ce à quoi Lori rétorque « Wonder Girl? I’d say Wonder Woman would be more appropriate. ») et d’un jeu de mots. Bien la preuve que ce monsieur David ne pense pas aux pauvres traducteurs. Enchaînant sur une autre question, Lori demande à la nouvelle venue la raison pour laquelle elle est là. Et celle-ci s’interrompt, réfléchit, s’interroge. En un mot, elle… « wonders ».

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Car en fait, cette Wanda rebaptisée Wonder Woman dispose de plusieurs pouvoirs, mais le principal, le plus dangereux, le plus puissant, c’est qu’elle s’interroge. Qu’elle se plonge dans des réflexions métaphysiques, à laquelle elle préfère s’adonner, elle qui a été fabriquée pour l’art du combat. Car Wanda est une création artificielle, fabriquée en laboratoire par une femme de la planète Gotham, prénommée Lena Thorul, dans le but d’unifier sa planète déchirée par une guerre civile entre les femmes (les Element Girls) et les mâles (les Beast Boys).

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La scientifique a fait en sorte que sa création soit l’incarnation de ce que ses habitants pourraient devenir si les deux camps se retrouvaient et s’unissaient. Comme le souligne Woo-Z Winks, l’assistant de Wanda, hommes et femmes de la planète Gotham se sont unis, l’espace d’un instant… en estimant que l’être artificiel était une abomination !

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C’est ainsi que Wanda, nantie de pouvoirs colossaux et surtout d’un cerveau capable de contenir toute la connaissance du monde, s’est enfuie de sa planète. Mais elle ne peut pas s’empêcher de penser, et ses profondes réflexions activent un pouvoir caché dans son cerveau, qui agit sur les êtres avec lesquels elle est en contact.

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Et les êtres qui sont physiquement les plus proches d’elle sont une Element Girl et un Beast Boy, émissaire des deux clans gothamites, bien décidés à la détruire (afin de pouvoir reprendre leur guerre civile en paix, non mais…). Combattant sur un mode automatique, cette Wonder Woman (ou plutôt « woman who wonders ») continue à mener sa réflexion, jusqu’à conclure que ses créateurs (la race des gothamites) peuvent être jugés au même titre qu’ils jugent leur créature, ce qui veut dire qu’elle a dépassé le statut de créature et peut donc renier ses créateurs.

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Ce qui fait que, pouf, ils disparaissent. Comme ça. Y a plus. Hop.

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Ainsi que le souligne Woo-Z Winks dans la dernière page, cette Wonder Woman est sans doute l’être le plus dangereux de la galaxie. N’étant pas spécialiste de cet univers Tangent, dont je visualise quelques personnages mais ma connaissance s’arrête sans doute à cela, je ne sais pas si elle est apparue dans beaucoup de récits. Peter David s’amuse comme un garnement de nombreuses références, et manipule un concept délirant, mais on peut se demander quel est le potentiel d’un personnage qui peut effacer l’univers en apportant une réponse à une question malvenue.

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L’épisode se conclut avec une plongée dans les coulisses, qui permet de découvrir les croquis préparatoires de Gene Ha (également dessinateur de la couverture) ainsi que les réflexions et questionnements du scénariste pour aboutir à un tel récit.

Jim

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