Le deuxième tome de Diana Prince Wonder Woman reprend le déroulé de la série alors que l’héroïne revient de la dimension où vivent ses sœurs Amazones. Désormais, Mike Sekowsky, depuis le départ de Denny O’Neil, écrit, dessine, et supervise le titre. On sent qu’il profite de cette liberté.
Alors qu’elle rentre dans la boutique de mode qu’elle a installée au rez-de-chaussée de son appartement, Diana rencontre une jeune fugueuse, Cathy, harcelée par un groupe de harpies hippies (des harppies ?) visiblement du mauvais côté de la loi : elles se font appeler « Them ».
Prenant la jeune fille sous son aile, Diana parvient à repousser les criminelles, qu’elle fait arrêter, non sans avoir perdu sa boutique dans un incendie allumées par ces dernières. Mais dans sa lutte, elle a gagné des amis, qu’il s’agisse de voisins, les Petrucci, ou des parents de Cathy. Sekowsky a la bonne idée, plutôt que d’accumuler des soutiens masculins, de diversifier le casting autour de l’héroïne, même si, à la longue, il n’en fera pas grand-chose.
Dans l’épisode suivant, tout ce petit voisinage, ainsi que I Ching de retour et les copines de classe de Cathy (qui a donc repris sa scolarité) s’allie afin de contrer les visées de Morgana la Sorcière.
En effet, l’une des camarades de Cathy demande de l’aide à Diana, son petit ami ayant été transformé en crapaud par la vilaine magicienne.
De l’épisode émane une atmosphère frappadingue qu’on pouvait trouver dans les titres DC à l’époque, et dans l’ensemble c’est assez réjouissant, d’autant qu’on y trouve une Diana souvent dépassée par les pouvoirs magiques de son adversaire et fulminant à force d’agacement.
Le recueil fait une pause dans la réédition de la série, dédiant les pages suivantes à deux prestations de l’Amazone dans les séries des petits camarades. Le premier, on en a déjà parlé ailleurs, c’est Superman’s Girl Friend Lois Lane #93, écrit par Robert Kanigher, le précédent scénariste de la série, visiblement décidé à faire un sort à cette nouvelle Wonder Woman.
Le second détour nous conduit dans la série The Brave and the Bold #87, un épisode où Diana et I Ching assistent à une course automobile à laquelle est inscrit Bruce Wayne.
Ce dernier se retrouve face au fils d’un soldat allemand que le héros a défait bien des années plus tôt, et l’héroïne doit tout faire pour éviter l’assassinat du premier par le second.
Il s’agit là aussi d’un production de Sekowsky, encore assisté de Dick Giordano à l’encrage, et qui remplace ici Neal Adams, habitué du titre. L’auteur livre un récit amusant, enlevé, tordu, farci de péripéties un brin capillotractées, mais c’est très distrayant.
Le recueil reprend ensuite l’ordre de publication de la série Wonder Woman, en oubliant au passage quelques traits jolis teasers, comme celui qui figure à la fin du numéro 186 (voir ci-dessus) et annonce l’arrivée d’un nouveau personnage.
L’épisode 187 annonce un drame en couverture. En réalité, il s’agit plutôt de la suggestion d’un drame possible. Tout commence avec un coup de fil inquiétant qui conduit I Ching à recourir aux services de l’aviateur Patrick McGuire, qui semble avoir bourlingué autant que le vieux mentor aveugle. Ce dernier a déjà une passagère, mademoiselle Lu Shan, ainsi que des clandestins, qui entreprennent de détrousser la première avant de s’enfuir en abandonnant l’avion en mauvaise posture. Diana et I Ching interviennent, et ce dernier découvre que la jeune passagère porte en guise de bague la moitié d’une pièce de jade, dont lui-même possède l’autre partie.
Les nouveaux amis remontent la piste du gang qui les a attaqués, le Tiger Tong, mais découvrent bien tardivement que Lu Shan les a trahis et menés entre les griffes du… Doctor Cyber (planche originale ici).
Il s’avère que Lu Shan est la fille de I Ching et qu’elle voue envers son géniteur une haine farouche depuis la mort de sa mère. La bagarre qui s’ensuit provoque un accident et un incendie, et Cyber se trouve défigurée. Mais elle parvient à s’enfuir avec l’aide de Lu Shan. L’épisode se conclut sur un nouveau teaser aussi joli qu’évocateur.
Cyber, qui a désormais une énième et bonne raison de se venger, s’apprête à frapper un grand coup à l’aide de son « Earthquaker », une machine à tremblement de terre dont elle décide de se servir.
Comme pour l’épisode précédent, Sekowsky livre un récit dense, aux cases nombreuses, et raconte plein de choses, tout en trouvant l’espace nécessaire pour décrire les destructions engendrées par la machine de Cyber.
L’auteur conclut sa trilogie de Cyber par un voyage en Chine communiste. En effet, c’est là que s’est rendue Lu Shan, et son père, bien décidé à reconquérir sa fille, l’y a suivi. Dès la fin de l’épisode 188, Diana a pris sa décision. Nous la retrouvons donc en route de l’autre côté du rideau idéologique.
Déguisés en paysans chinois, Diana et McGuire finissent par retrouver I Ching, qui a momentanément abandonné la traque de sa fille pour se ranger aux côtés des habitants de la bourgade d’Ashai. Les compères rejouent Les Sept Mercenaires, avec un budget réduit puisqu’ils ne sont que trois, mais Sekowsky ne lésinent pas sur les effets spéciaux.
Après ces épisodes, qui s’inscrivent dans le schéma proposé par O’Neil (voyages, aventures, actions, exotisme, fascination pour l’Orient, ambiance à la James Bond…), Mike Sekowsky semble avoir trouvé sa voie, et une voix pour Diana Prince.