Dans Hulk #196, daté de février 1976, un camion se gare près du centre spatial Kennedy de Cap Canaveral, le chauffeur montrant patte blanche devant le garde, qu’il connaît d’ailleurs très bien. Puis le véhicule s’engage sur le terrain et se gare près d’un entrepôt, le chauffeur ignorant qu’il transporte une cargaison des plus dangereuses.
Le camion appartient à une société de transport qui s’appelle Ajax Trucks. Le nom de l’entreprise fait tinter une clochette dans ma tête, et je ne tarde pas à retrouver la référence. En effet, j’ai croisé un camion d’une société presque homonyme, Ajax Construction, en chroniquant récemment les Avengers supervisés par Roger Stern et dessinés par John Byrne. Plus précisément dans Avengers #183, cette fois-ci daté de mai 1979. On y croise le chauffeur Tom Chaffey, au volant d’un camion benne déposant les gravats d’un chantier dans une décharge.
Ceci ne nous éloigne pas réellement de Hulk, puisqu’en fait, Avengers #183 marque le retour d’un vilain, l’Absorbing Man, dont la précédente apparition date de Hulk #209, daté de mars 1977. Dans le premier, on voit l’homme au boulet se reconstituer, assemblant les morceaux de verre qui composent son corps…
… là où, dans Hulk #209, il avait mise sur la mauvaise matière dans son duel contre le Titan Vert.
Incidemment, ces épisodes me rappellent aussi pourquoi j’aimais tant les flash-backs et les notes de bas de case dans les comic books de l’époque. On pouvait recomposer une continuité sans avoir besoin de posséder tous les fascicules. Dans le marché français du début des années 1980, quand Marvel était distribué entre au moins deux éditeurs hexagonaux, ça permettait de s’y retrouver, de tracer des lignes et des chronologies dans une collection disparate (et pour Hulk ou Avengers, c’était pas toujours simple de s’y retrouver).
Dans le cas d’Incredible Hulk #261, nouvelle apparition du personnage qui se retrouve sur l’île de Pâques, où Banner a échoué après une longue séance de natation par son alter ego verdâtre, le processus du flash-back est utilisé, permettant de citer presque trait pour trait des cases d’Avengers #184, à l’occasion de quoi Sal Buscema imite John Byrne. Le procédé était sans doute envisagé comme une sorte de « biscuit pour fans », qui étaient alors inviter à reconnaître et savourer des cases lues ailleurs (ou à identifier des actions à retrouver dans les bacs de back issues).
Ensuite, dans les pages de Dazzler #18, une autre séquence flash-back permettait de faire le lien entre Avengers #183-184 et le retour de Crusher Creel dans les aventures de la chanteuse disco (en passant par la case Incredible Hulk #261).
Une autre époque, une autre manière d’écrire…
Mais revenons un peu à nos… camions.
Nous avons donc des camions Ajax spécialisés dans le transport, des camions Ajax spécialisés dans les chantiers de construction et les gravats, mais un autre camion Ajax, bien plus célèbre, est associé aux origines d’un héros Marvel bien connu.
En effet, c’est un transport de déchets radioactifs qui est à l’origine de l’accident à l’issue duquel le jeune Matt Murdock perd la vue, dans Daredevil #1, en 1964.
Une recherche rapide et superficielle ne m’a rien indiqué sur l’éventuelle officialisation d’une société Ajax spécialisée dans le transport (et ses multiples applications). Je ne sais pas si d’autres occurrences sont décelables ici ou là dans les parutions Marvel. Mais il semblerait, en filigrane, qu’un transporteur Ajax truste le marché dans la région de New York, mais aussi plus bas sur la côte est.
Jim