ABYMES t.1-3 (Valérie Mangin / Griffo, Loïc Malnati, Denis Bajram)

Diable, je m’aperçois que je n’ai pas commenté ma lecture du troisième tome.

image

Donc, nous en étions à la troisième génération d’auteurs. Nous retrouvons donc Denis Bajram et surtout Valérie Mangin, scénariste mais également et surtout protagoniste principale de ce troisième volet. Le couple est installé à Bayeux, dans la maison de Balzac (où Clouzot avait tourné). Surgit alors l’ombre des deux créateurs précédents, mais aussi le spectre d’un étrange album, que la scénariste découvre par hasard dans un bac à soldes alors qu’elle n’est qu’étudiante, qui porte le nom d’un scénariste qui est son homonyme, et que les hasards de la vie feront qu’elle n’en lira le contenu que des années plus tard.

Abymes3-plancheBacasoldes

Ce troisième tome donne tout son sel à la trilogie. D’une part, il fournit des explications, ce qui est quand même pas mal, toujours satisfaisant (au risque de dégonfler le mystère). Les deux auteurs, bien conscients du danger, décident donc de tabler sur l’émotion et le pathos (parfois un peu facile, les ficelles sont visibles, mais c’est efficace et nécessaire), construisant un album assez dense, assez touchant, dont la fin, ramassée, part dans un délire total, relevant de la science-fiction et constituant, en quelques cases, un hymne à l’imagination au pouvoir (si seulement).
Ce délire a une autre fonction : il dédramatise la mise en abyme et la « prétention » que constitue le fait de se mettre soi-même en scène, et il valide également les destins divergents de Balzac et de Clouzot, qui pouvaient passer pour cruels à la première lecture : nous sommes ici dans une continuité alternative, et si Mangin et Bajram se donnent le beau rôle, c’est également afin de réfléchir au mystère de la création artistique, un questionnement qui charpente l’ensemble des trois albums.

Alors je repensais à ton commentaire, et en fait, sur moi, l’effet de mise en abyme est assez efficace car, à l’instar d’autres personnes qui connaissent Denis et Valérie, je connais bien les lieux dans lesquels ils placent l’action. Certes, pas tous, mais je connais l’appartement de la rue Saint Julien le Pauvre, je connais leur maison à Bayeux, je reconnais les locaux de différentes librairies, ou un quai de gare, une rue d’Angoulême. Ce qui renforce le discours qu’ils tiennent dans ces albums.

Jim