ACTION COMICS #0-18 (Grant Morrison / Morales, Foreman)

Suite aux événements du crossover Flashpoint qui a vu le héros Flash (Barry Allen) confronté à la troisième Guerre Mondiale entre Aquaman et Wonder Woman sur une Terre parallèle (sous la menace constante de son Nemesis, le Nega-Flash) l’éditeur DC Comics a décidé de relancer son univers, justifié par la réécriture de certains Super-Héros qui n’étaient plus en adéquations avec leur époque. Le New 52 c’est la politique agressive de DC Comics en réponse au marché actuelle, 52 nouvelles séries en perpétuel évolution.

Pour Superman, la formule est simple. Après s’être occupé de raconter l’histoire ultime de Superman (All Star Superman), qui était mieux placé que** Grant Morrison** pour raconter ses nouvelles origines ? L’éditeur DC Comics place le scénariste écossais, fort de son succès sur les séries Batman depuis 7 ans, à la tête de ce qui s’avère être le plus gros défi du New 52 : rendre Superman à nouveau intéressant pour les jeunes lecteurs.

Il est accompagné du dessinateur régulier Rags Morales (Identity Crisis) et des dessinateurs invités tels que Gene Ha (Top Ten) et Andy Kubert (Flashpoint.)

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Lien
Le site de l’éditeur : dccomics.com

Action Comics #7 est problématique, c’est un bon comic et d’un autre côté on sent une perte de vitesse typique des comics dans des longs runs, ce n’est pas gênant certes vu que c’est un bon comic (je me répète) et on prend un réel plaisir à voir Superman progressait dans son apprentissage, mais d’un autre côté on sent que le numéro avance tranquillement… ou est ce que je désire en venir, je n’en sais rien ^^. Le numéro en tout cas se savoure avec plaisir, ici on a réellement un Superman différent du AS Superman qu’il nous avait déjà proposé il y a quelques années et chaque numéro est fort plaisant.

Le héros découvre ses aptitudes et ses origines et ma foi c’est plaisant à voir, d’un côté c’est glauque j’ai envie de dire et pourtant Morrison arrive à nous proposer un aspect enfantin à ce parcours qui est plaisant à voir (cela nous change des héros qui veulent tuer leur voisin au moindre regard.)
Il y a un côté nostalgique qui se dégage de l’oeuvre avec Kandor, Brainiac et j’ai envie de dire que tout cela me fait retomber en enfance avec ce personnage fascinant, ce collectionneur de monde et surtout Kandor qui ici à une place intéressante. Alors oui on pourrait reprocher que l’histoire ressemble à d’autres du même style avec ce qui arrive à Metropolis, mais qu’est ce qu’on en a à faire vu que c’est bien raconté. J’aime beaucoup la part laissé à Lois, Jimmy et Lex, c’est intéressant de les voir interagir avec cet environnement et surtout de les voir évoluer dans le récit, c’est intriguant et surtout captivant. Le Lex de ce récit renvoie au personnage que l’on connaît et pourtant comme Clark, il est différent, il progresse peu à peu et on redoute à l’avance de retrouver le personnage demoniaque que l’on connaît bien! L’introduction de l’oeuvre est excellente en tout cas et nous fait directement rentrer dans le récit.

Les dessins de Rags Morales ne sont pas en reste, même si encore une fois il y a quelques problèmes de perspectives assez gênants, non pas dans le dessin en lui même mais dans l’idée contradictoire avec le scénario, notamment en ce qui concerne l’ampleur de la menace dans ce récit, c’est dommage car cela saborde en quelque sorte l’idée véhiculé. En dehors de ce problème, les dessins sont vraiment bons, notamment sur le soin apporté aux expressions des visages et tout simplement dans la gestuel des personnages et du héros ou on ressent une puissance particulière et qui correspond bien au personnage. La colorisation ne gâche rien, bien au contraire, elle bonifie selon moi le trait du dessinateur et on ne peut qu’apprécier au final le rendu.

Le back-up est fort sympathique, voir Steel est toujours plaisant et ici sa relation avec son entourage est parfaitement bien représenté, exactement comme on pouvait la concevoir ce qui est plaisant, le back-up est vraiment l’opposé du récit principal de Morrison avec un côté mature mais tout aussi passionnant. Les dessins sont tout aussi bons et procure un réel aura au récit. Sholly Fisch et Brad Walker font un travail remarquable et nous offre une histoire tout en finesse et fort sympathique.
C’est un très bon numéro donc que je recommanderai aux fans comme à ceux désirant découvrir le héros ou désirant voir une approche différente de AS Superman par le même auteur, moi je suis sous le charme en tout cas!

Couverture Variante de Action Comics #9 par Rags Morales:

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[size=200]INTERVIEW DU DESSINATEUR RAGS MORALES[/size]

Action Comics #8.

Morrison conclut son premier arc sur les origines de beaucoup de choses (costume, arrivée sur terre, le statut-quo sur les parents de Clark, etc). Je suis plus enthousiaste que notre Amie Selina :wink:. Il y a beaucoup de choses à prendre et très peu à laisser (et encore, je ne parle pas de la boucle rétablie avec la Légion que j’ai beaucoup aimée). Semblant de rien, il y a un sacré boulot derrière avec densité et modernité bien placées.

Son pari de « harrypotterisié » le héros fonctionne bien mais en réalité je retrouve plus la version Ultimate de Spider-Man, Peter Parker décrite par Bendis.

Je vais relire ce premier acte avec beaucoup de plaisir. Sans génie mais avec beaucoup de détails, Morrison a réussi à dérouiller pas mal de choses avec de petits concepts. La suite avec Gene Ha et ce Superman Président m’est alléchante.

To be continued…comme toujours!

Très sympa ce numéro 9 avec un Superman plus politisé et véritablement acteur de la vie de la Cité (voire du Monde). Le tout est conté par Gene Ha en grande forme et un Cully Hammer en back-up.

J’aime beaucoup beaucoup ce que je lis.

Episode 10 : un épisode prologue dans la continuité des personnages lancés par Morrison et présentant la fin de Clark Kent. Un épisode à suivre bien sûr car nous ne pouvons rester sans réponse!

source : www.aintitcool.com

je trouve quand meme ce design de sup simplement génial.

Bien meilleur que le design tout pourri de Jim Lee en tout cas !
[size=85]sinon, j’attend les variantes jeans troués, baggy, délavé, pseudo vintage, et des mix de tout ça… Car pour le coup désolé, ce design passe complètement à coté de notre époque… Si il avait mis un slip ou un boxer, voire un caleçon rouge à la limite par dessus son jeans uber classique, j’aurais totalement adoré une telle déstructuration punk du mythe, là un simple jeans c’est petit joueur, franchement…[/size]

Toujours pas intéressé…des origines de Superman, j’en ai franchement trop lu…et ce look, bof

Ah par contre, ça m’intéresse assez, j’ai bien envie de voir le nouveau point de vue de Morrison sur le mythe.
[size=85]ça m’intéresse bien plus que la version JLA de Johns/Lee ou celle de Perez là ![/size]

Le look, je l’ai cassé dans le post précédent, mais j’aime bien en tant que look transitoire en fait ([size=85]mais c’est certainement pas génial pour ma part, pour ça, je répète, il aurait fallut un caleçon rouge par dessus ce jeans !^^[/size]).

Personnellement, depuis que j’ai découvert Grant Morrisson, je suis vraiment accro à ce qu’il fait.

J’avais commencé il y a longtemps avec « l’asile d’Arkham », qui m’avait laissé assez pantois (en bien, ça va sans dire), puis j’avais trouvé son run de l’année perdue sur « the Authority » sympa, mais sans plus. Mais depuis que j’ai lu la réedition de « New X-men: E comme extinction », « Nou3 » et « Grant Morrisson présente Batman, vol. 1 », j’ai vraiment envie de prendre tout ce qu’il fait, tellement je le trouve bon.

C’est simple, ça ne m’avait pas donné autant envie depuis Warren Ellis et son « Transmetropolitan ».

Donc, sa reprise dans le New 52 de DC, je pense vraiment la prendre quant elle sortira en septembre en vf chez Urban Comics, ce qui est déjà pas mal pour moi, car Superman, je ne le connais pas (à part dans Kingdom Come, mais c’est une vision particulière du personnage et je sens bien qu’en plus, il me manque plein de références pour tout comprendre dans ce comics) et je ne suis qu’assez peu intéressé par le concept en lui-même.

Mais pour Morrisson, je veux bien essayer (et les dessins sont plutôt bons, en plus).

Après, il paraît qu’il vaut mieux lire « All stars Superman » (avec Franck Quitely au dessin, ça ne se refuse pas), mais je pense qu’Urban va le ressortir l’année prochaine pour la surfer sur le film de Snyder, donc je vais attendre une belle réedition.

All-Star Superman, j’ai adoré, vraiment une superbe série…et c’est clairement l’un de mes bouquins préférés de Morrison… et c’était pas gagné tellement j’ai trouvé son travail sur les héros DC irrégulier ces dernières années (pour résumer, je n’ai pas aimé ses JLA (à part Earth 2), j’ai détesté Final Crisis et j’ai beaucoup aimé ses Batman malgré des hauts et des bas sur la longueur du run)…

son run sur Authority, c’est plutôt ces deux épisodes, le reste ce sont ses idées et pis c’est tout.

Si tu aimes Morrison je te conseille toutes ses séries, notamment Doom Patrol, animale Man, ses Invisbles sont pour moi son chef d’oeuvres, après il y a les excellent Marvel Boy, Kill your boyfriend, Vinamarama, Seaguy, All star superman…

Et Morrison (R)évolutions chez les Moutons Electriques !

Un bien beau livre de la part de Denny qui put aider à la compréhension pour certains.

Sans oublier The Filth :smiley: Certainement ma série préférée, car elle cumule la plupart des qualités des autres en seulement 13 épisodes (mais bon, après, ça ressemble beaucoup aux Invisibles aussi dans le ton et les thèmes ^^

Invisible oppose les anar et l’église extérieur sous la forme d’un duel en miroir où chacun à la fois combat et est l’autre.

Les invisibles veulent aider à l’ascension d’une conscience globale de l’humanité où chacun abandonnerait son identité, cette illusion qu’est l’individualité pour fusionner dans l’arlequinade, quand l’église ext, elle, cherche à asservir chaque individualité dans une unique machine. Même programme et même but vu par deux prismes différents : la fusion du coté invisible, l’aliénation du coté de l’église extérieur.

Dans les invisibles les opposés s’annulent dans le même. Pas de dialectique.

Dans the filth, tout l’histoire s’origine d’une personnalité qui refuse de s’effacer, celle de Greg Feely. Là où king Mob rejette son passé et son chat pour se lancer dans l’anarchisme, Greg ne peut renoncer à l’attachement à cet animal. Un attachement qui fait reste et impose une limite à la théorie de la personnalité comme fiction, développée jusqu’à plus soif dans les invisible, jusqu’au memeplex.

Le point de vue de the filth est totalement autre que celui développait dans les invisibles. On pourrait même dire que dans the Filth, invisible et eglise ext fusionnent dans l’organisation nommée « la main », leur opposition est réellement assumée comme illusion là où dans les invisibles elle est encore mise en scène. Il y a un tier terme dans the filth, celui de la singularité ennemie de la main, tout comme elle était, dans les invisibles, ennemie de l’eglise ext et des invisibles sous le nom de l’individualité.

Dans les invisibles, l’individualité est renvoyée à un statut de fiction narcissique, dont il faut se débarrasser pour grandir tout comme dans le mouvement new age on parle de dépassement du moi.

Dans the filth, la singularité est le propre de l’humain, un reste pas glorieux, un attachement pour un chat, pour un quotidien pathétique, mais qui est le socle de toute chose, soit ce qui est révélé à la fin derrière le fantasme qu’incarne la main : de la merde.

Dans the filth, invisible et eglise ext sont renvoyés aux statuts de fantasme adolescent, violent et destructeur, réel agent du contrôle caché derrière le glamour et le sexy.

Une image fait retour dans l’œuvre de morrison dont the filth est un point de bascule et de maturité narrative, point qui voit l’auteur abandonner l’opposition binaire pour la dialectique.

Lorsque toute trace de l’égo s’efface, dans les invisibles il reste rien : une page blanche.

Lorsque toute trace de l’égo s’efface, dans the filth, il reste un tout petit rien : l’amour pour un chat, un deuil impossible, de la merde.

Lorsque toute trace de l’ego s’efface, dans Batman RIP, il reste une image traumatique, celle de la chauve souris et un mot, pur signifiant sans sens, Zur en arhh.

De la page blanche à Zur en arhh, Morrison élaborre le reste derrière la fiction de la personnalité, reste ignoré du sujet qui pourtant le définit et le détermine : l’inconscient.

C’est très intéressant, ton développement sur les oeuvres phares de Morrison…

Je suis juste en désaccord sur un point concernant les Invisibles (mais peut-être que je t’ai mal compris) : la fin des Invisibles, c’est déjà le rejet de la pensée dualiste par Morrison. Le début de The Filth (on peut effectivement, comme tu le fais, voir la Main comme la fusion des deux forces antagonistes dans les Invisibles…) c’est la conséquence directe de la conclusion des Invisibles.

Les deux derniers (et fabuleux) épisodes des Invisibles règle déjà la question pour Morrison, donc.

Les liens entre The Filth et Les Invisibles ne sont pas si souvent évoqués, et pourtant, Morrison le précise lui-même, le premier est en quelque sorte la « séquelle » du second.

Je dirais même que selon moi, il s’agit exactement de la même histoire, articulée dans l’une et l’autre série de façon différente.

Dans les invisibles, l’histoire de la libération humaine, de la découverte de son psychisme est racontée selon une construction dualiste, dans laquelle les opposés s’équivalent et s’annihilent l’un l’autre.

Alors que dans the filth, l’histoire est contée de façon dialectique, les opposés y sont renvoyés dos à dos et pensés comme un terme de la narration, un temps logique auquel fait face un reste, quelque chose qui n’est pas pris dans l’opposition binaire.

Seul quelque personnage dans les invisibles échappent au conflit binaire, qui va jusqu’à définir la réalité sous l’espèce de l’hologramme, il y l’ex de gidéon Jacqui, avec laquelle il parle d’ailleurs de son chat et bien sur Boy qui abandonne le combat.

Mais l’une comme l’autre de s’extraire du conflit binaire, s’excluent de l’histoire. Ce qui n’est pas la cas de the filth puisque l’histoire de Greg est précisément l’histoire d’un refus de se résumer à un conflit dualiste, dans lequel la singularité de l’individu serait considérée comme une illusion.

Donc je ne dirais pas que dans les invisibles la pensée dualiste est rejeté, dans ce sens que le tier terme (Jacqui, boy) est mentionné certes mais n’articule pas l’histoire elle-même.

Ainsi, la fin des invisibles est en tension. Sur quoi finit la série : le point final ou un espace blanc ? L’écrit, la trace ou le vide ? Dans les deux cas, l’histoire ne peut plus continuer autrement que sous la forme de la vie du lecteur qui reprend son court, ce dernier reposant la bd. Alors que dans the filth, l’histoire se poursuit. Le reste fait « à suivre ».

Alan Moore propose dans prométhéa une fin du monde avec un lendemain. Là encore, comme dans the filth, le dualisme, l’opposition est incarnée dans un même perso, prométhea elle-même, qui est à la fois héroine et donc celle qui sauve mais qui d’apporter l’apocalypse est aussi celle qui détruit.
Où l’on voit dans la différence d’apocalypse entre prométhéa et invisible ce qu’est une fin du monde dans une histoire dialectique et la même fin du monde dans une histoire dualiste : l’une est une fin qui a un lendemain, l’autre un début qui s’arrête net.