Invisible oppose les anar et l’église extérieur sous la forme d’un duel en miroir où chacun à la fois combat et est l’autre.
Les invisibles veulent aider à l’ascension d’une conscience globale de l’humanité où chacun abandonnerait son identité, cette illusion qu’est l’individualité pour fusionner dans l’arlequinade, quand l’église ext, elle, cherche à asservir chaque individualité dans une unique machine. Même programme et même but vu par deux prismes différents : la fusion du coté invisible, l’aliénation du coté de l’église extérieur.
Dans les invisibles les opposés s’annulent dans le même. Pas de dialectique.
Dans the filth, tout l’histoire s’origine d’une personnalité qui refuse de s’effacer, celle de Greg Feely. Là où king Mob rejette son passé et son chat pour se lancer dans l’anarchisme, Greg ne peut renoncer à l’attachement à cet animal. Un attachement qui fait reste et impose une limite à la théorie de la personnalité comme fiction, développée jusqu’à plus soif dans les invisible, jusqu’au memeplex.
Le point de vue de the filth est totalement autre que celui développait dans les invisibles. On pourrait même dire que dans the Filth, invisible et eglise ext fusionnent dans l’organisation nommée « la main », leur opposition est réellement assumée comme illusion là où dans les invisibles elle est encore mise en scène. Il y a un tier terme dans the filth, celui de la singularité ennemie de la main, tout comme elle était, dans les invisibles, ennemie de l’eglise ext et des invisibles sous le nom de l’individualité.
Dans les invisibles, l’individualité est renvoyée à un statut de fiction narcissique, dont il faut se débarrasser pour grandir tout comme dans le mouvement new age on parle de dépassement du moi.
Dans the filth, la singularité est le propre de l’humain, un reste pas glorieux, un attachement pour un chat, pour un quotidien pathétique, mais qui est le socle de toute chose, soit ce qui est révélé à la fin derrière le fantasme qu’incarne la main : de la merde.
Dans the filth, invisible et eglise ext sont renvoyés aux statuts de fantasme adolescent, violent et destructeur, réel agent du contrôle caché derrière le glamour et le sexy.
Une image fait retour dans l’œuvre de morrison dont the filth est un point de bascule et de maturité narrative, point qui voit l’auteur abandonner l’opposition binaire pour la dialectique.
Lorsque toute trace de l’égo s’efface, dans les invisibles il reste rien : une page blanche.
Lorsque toute trace de l’égo s’efface, dans the filth, il reste un tout petit rien : l’amour pour un chat, un deuil impossible, de la merde.
Lorsque toute trace de l’ego s’efface, dans Batman RIP, il reste une image traumatique, celle de la chauve souris et un mot, pur signifiant sans sens, Zur en arhh.
De la page blanche à Zur en arhh, Morrison élaborre le reste derrière la fiction de la personnalité, reste ignoré du sujet qui pourtant le définit et le détermine : l’inconscient.