Le tome 5 montre le développement de l’empire de Tokyo, qui a trouvé un équilibre avec le réseau de Lady Miyako, à l’image de deux forces hostiles mais mutuellement mortelles. Sur la côte, les forces maritimes américaines s’accumulent, et on en apprend un peu plus sur la mission du nouvel allié de Ryu (ce dernier gagne d’ailleurs en épaisseur). Chose amusante, en avançant dans ce tome, je prenais mon temps : car je sais que je me rapproche de la fin, et j’ai envie de faire durer le plaisir.
Le retour de Kaneda ramène un peu de dynamisme et d’humour, surtout dans ses relations avec le Joker et le reste du gang des clowns. Les relations avec Kei sont également creusées, à mesure que celle-ci se rapproche de Miyako et lui prête son concours. Mais Kaneda semble obsédé par l’idée d’en découdre avec Tetsuo. Ce dernier, après son esclandre sur la Lune (occasion de quelques belles scènes de tempête), entame sa mutation finale.
On est toujours dans une forme de mise en place. Les groupes se forment, trois parties émergeant dans le chaos (l’empire, le temple où se rassemblent les « gentils », qui ne sont pas toujours les mêmes que dans la première partie) et le commando étranger. Des figures secondaires occupent un espace intéressant (à l’image du guetteur extra-lucide, figure assez extraordinaire), d’anciens ennemis sont de nouveaux alliés (la gestion du Colonel est assez magistrale). La construction des intrigues est un peu différentes : dans la première partie, les différents groupes convergeaient et se télescopaient, relançant à chaque fois l’action. Désormais, les groupes courent, se croisent, cavalent en parallèle, parfois sans se croiser, ou en se ratant de peu, ce qui fait écho au chaos général où les rues ont disparu sous les amas de décombre. La dynamique est différente, efficace mais générant plus de suspense que de comédie.
Graphiquement, c’est toujours aussi chouette, mais malgré la force évocatrice de ce Néo-Tokyo détruit, les décors n’ont pas le panache de certaines séquences de la première moitié. Du temps a passé, et Otomo a peut-être changé d’assistants. Les scènes d’action sont très bien, mais il y a un petit truc en moins. Peut-être l’omniprésence des gratte-ciel ravagés nuit un peu au renouvellement de l’émerveillement que la première moitié avait suscité. Heureusement, l’annonce des métamorphoses de Tetsuo va fournir son lot de cases fortes.
Jim