Alan moore prend sa retraite

Ce qui n’aide pas forcément la vision sectaire que certains prêtent à Alan Moore. « Mes amis, ça va, mais les autres… ».

Tout à fait.

[size=85]Mais sinon, rassure-moi, l’orgie astrale avec le maitre - buffet et sang de vierge à volonté - est toujours prévue pour ce soir ?[/size]

[quote=« Jack! »]

[size=85]Mais sinon, rassure-moi, l’orgie astrale avec le maitre - buffet et sang de vierge à volonté - est toujours prévue pour ce soir ?[/size][/quote]

Et comment.

[quote=« Benoît »]
D’autant qu’à l’autre bout du spectre, il n’est pas avare en compliments sur le travail de certains de ses pairs qui œuvrent dans les comics actuellement comme Garth Ennis, Simon Spurrier ou Kieron Gillen. [/quote]

Oui, je pense qu’on peut aussi rajouter Warren Ellis à la liste ; il entretient encore des liens cordiaux avec lui, je crois.

[quote=« Photonik »]
Parmi ceux qui attaquent farouchement Moore aujourd’hui (comme Jason Aaron par exemple, qui n’y va pas avec le dos de la cuillère),[/quote]

Je ne connais personne qui attaque Alan moore… en tout cas pas gratuitement.
Je ne connais que des gens qui répliquent.
Aaron intervenait aprés X interviews où Moore disait que la production actuelle était naze, faites de gens incapables de faire autre chose que reprendre des personnages déjà usées et qu’ils n ont pas crées (Moore a du creer Chtullu, Crossed et Mina Harker…), qu ils ont un niveau pitoyables etc…
Comme Morrison qui n a pas commencé…

Ces attaques? il s en prend a ses pairs et leur travaux…
S ils s en prenait juste a l industrie et sa facon de traiter les creatifs… ca irait.
Mais lui il est dur avec les choix et travaux des auteurs…
et encore une fois… il les attaque sur le fait de reprendre des choses existantes… ce qu il ne se prive pas de faire… lui même.

J adore l oeuvre de Moore et sur la plupart des sujets j aime l entendre…
mais sur les comics… il n a plus du tout d objectivité et ressemble a un vieux con.
En plus s il arrête pour faire du cinéma (industrie qu il a pas mal vilipendé aussi…) c est presque comique.

Ca ne change rien a son talent, ses oeuvres…
Mais j ai depuis longtemps appris à détacher les oeuvres des artistes…
La plupart de mes artistes préférés sont pas mal des cons quand ils s y mettent.
Moore et Miller ont donc leur place parmis mes artistes favoris come Ditko, Morrissey ou Robert Smith… ils disent tous pas mal de conneries.
(et ils sont loin d etre les seuls… les artistes sont des êtres humains comme les autres… a voir si c est heureux ou non)

Moore reste pour moi le plus grand auteur de BD et l un des artiste plus important ever … mais parfois j aimerais qu il se taise :blush:

[quote=« Benoît »]
D’autant qu’à l’autre bout du spectre, il n’est pas avare en compliments sur le travail de certains de ses pairs qui œuvrent dans les comics actuellement comme Garth Ennis, Simon Spurrier ou Kieron Gillen. Je ne l’imaginais pas friand de la série Saga de Brian K. Vaughan et Fiona Staples par exemple, et c’est pourtant le cas.[/quote]

Ah?
Je savais pour Ennis et Spurrier mais c est quand même ultra rare qui il dise des compliments…
Il passe plus de temps dezinguer…
Je suis désolé mais j ai rarement lu des gens dire du mal de lui.
Même Morrison n est pas direct et Aaron repondait à son interview…
Lui par contre… il est condescendant.

C est pas incomprehensible… mais la reference devient centrale à son histoire… le point des ses recits… alors qu avant ca les enrichissait.
Et ses intrigues sont moins interessantes et ses personnages moins fouillés.
Je lis mais depuis la fin d ABC… je trouve tout cela moins passionnant.
Sympa… mais clairement un peu ce que lui critique justement… donc ces critiques me font « rire »

Mais bon on parle de Moore… on pourrait parler d autrs auteurs.
Malgré l impression que je donne, je fais pas de fixette…
J ai juste arrêté d etre fan des individus, ils sont souvent pas meilleur que nous… c est tout.
Je trouve pas Alan Moore pire que quiconque… je suis pas un meilleur individu que lui. Mais quand je lis des commentaires qui lui pardonnent tout… car il a accompli… NON ca ne pardonne rien. (ca me rappelle Pascal Praud qui voulait qu on ne cherche pas de souci juridique à Zidane ou Platini car ils ont fait rever les gens… ben non… )
(je ne parle pour personne dans ce forum)

[quote=« Photonik »]

[quote=« Benoît »]
D’autant qu’à l’autre bout du spectre, il n’est pas avare en compliments sur le travail de certains de ses pairs qui œuvrent dans les comics actuellement comme Garth Ennis, Simon Spurrier ou Kieron Gillen. [/quote]

Oui, je pense qu’on peut aussi rajouter Warren Ellis à la liste ; il entretient encore des liens cordiaux avec lui, je crois.[/quote]

Pas sur.
Ou cordiaux… mais il se fache rapidement… Bissete, Davis, Morrison et souvent pour des broutilles. Comme Morrissey (que j adore aussi) ila quand même une haute opinion de lui-même

Je comprends bien le sens de ton post précédent, après tout dépend de ce que l’on considère comme important ou pas.
Personnellement, les prises de position des artistes me semblent intéressantes mais elles n’ont quasiment aucun impact sur ce que je peux penser de leur travaux. Ce sont deux choses très distinctes à mes yeux.
Miller dit un paquet de conneries par exemple, mais ça n’a aucune incidence sur ce que j’ai pu aimer ou aime encore dans son corpus. C’est l’éternelle question : est-ce qu’on a le droit d’aimer « Voyage au bout de la nuit » alors que c’est un salaud manifeste qui l’a écrit ? Ma réponse c’est : bien sûr que oui.
On en est pas là avec Moore heureusement, mais sur le principe, c’est pareil. Or j’ai l’impression que pour « justifier » le fait qu’ils n’aiment pas que Moore crache sur « leur » industrie, les lecteurs embrayent sur le fait que ses travaux actuels ne sont plus aussi pertinents, comme s’il y avait un rapport de cause à effet.

Il y a d’ailleurs peut-être, du reste, un lien indirect : si c’est sa détestation des comics actuels qui a poussé Moore à réaliser certains de ses travaux récents, de la manière dont il les a faits je veux dire, il y a peut-être du bon là-dedans. On peut penser ce qu’on veut de « Providence », « Crossed +100 » ou les derniers volumes de la « Ligue », mais il me semble difficilement contestable que ça ne ressemble à peu près à rien d’autre au sein de la production. Moore continue à être pertinent sur le plan de la stricte innovation.

Pour ce qui est de son avis sur les comics actuels, Moore patine sûrement dans la semoule en donnant son avis sur une production qu’il ne lit plus depuis longtemps, mais qui ne fait pas ça chacun à sa mesure, franchement ? Perso je dis pis que pendre d’une bonne partie de la production cinématographique française alors que je vois très peu de ces films… On est nombreux dans ce cas.

Ouais mais nous on est pas considéré comme l’un des plus grands scénaristes de ces trente dernières années

Je ne vois pas quel genre de responsabilité supplémentaire cela engage…

À moins que tu ne sois beaucoup plus intime avec Moore que je ne le soupçonnais :mrgreen: (remarque, vu les messages échangés ensuite… :smiling_imp: ), je pensais moins à des forumeurs ici (ou ailleurs) présents qu’à des gens avec qui il est véritablement en contact (typiquement des gens comme l’hagiographe Padraig Ó Méalóid, par exemple).

C’est sûr que le niveau des dessinateurs avec qui il travaille actuellement n’aide pas à tirer ses scénarios vers le haut. :unamused: Mais dans le détail, l’argument est un peu spécieux. D’abord, Nemo, c’est dessiné par Kevin O’Neill, qui n’est pas exactement sur la même « ligne » que les Burrows ou Percio. Ensuite, Moore a quand même une habitude de longue date de travailler avec des dessinateurs dont le style n’est absolument pas mainstream : Eddie Campbell, Melinda Gebbie, O’Neill… Même un David Lloyd, combien de fois ais-je lu ou entendu des gens dire qu’ils étaient rebutés par les dessins de V pour Vendetta ? Donc oui c’est une partie du problème, mais pas l’intégralité.

Le problème n’est pas de ne pas comprendre l’histoire des Nemo sans les références. Le problème, c’est qu’il n’y a rien à comprendre en dehors des références. Qu’est-ce qu’il reste des Nemo si on enlève cet aspect-là ? Une course-poursuite à peu près vide d’enjeu, de caractérisation des personnages et d’émotion. En matière d’ « œuvres travaillées », franchement, il y a des Captain America qui n’ont pas à rougir de la comparaison. Et le cœur du problème, pour moi, il est là. Pas dans le fait que les œuvres soient riches de références, ce qui, encore une fois, n’a rien de nouveau chez Moore ; mais qu’elles s’appauvrissent sur tous les autres aspects, qui me semblent tout de même autrement plus essentiels.

[quote=« Fred le Mallrat »]Je ne connais personne qui attaque Alan moore… en tout cas pas gratuitement.
Je ne connais que des gens qui répliquent.
…] Comme Morrison qui n a pas commencé…[/quote]

Alors, dans le cas de Morrison, c’est un peu plus compliqué. L’étincelle première, c’est l’incident autour du refus par Moore qu’il écrive une histoire pour Miracleman, mais en vrai ça n’a pas beaucoup de conséquence. Le vrai départ des hostilités, ce sont effectivement des attaques de Morrison en mode jeune punk contre Watchmen et son héritage. Donc d’une certaine manière, on peut concéder que c’est Morrison qui a commencé. Sauf qu’il a reconnu ses torts entre-temps, tandis que Moore lui garde une rancune non seulement tenace mais totalement disproportionnée et assez délirante.

[quote=« Oncle Hermes »]
C’est sûr que le niveau des dessinateurs avec qui il travaille actuellement n’aide pas à tirer ses scénarios vers le haut. [/quote]

Il n’est pas question ici de talent ou de qualité, mais de visibilité. Moore, chez Avatar, bosse avec des dessinateurs maison qui sont moins connus (ou connus pour les mauvaises raisons) et qui n’attirent donc pas les foules. C’est ce que dit Jack. Car il est clair que si Moore avait un dessinateur bien connu, ça attirerait plus de gens.

(Et soyons clairs : le vrai problème d’Avatar n’est pas le dessin - après tout, Jacen Burrows, c’est pas meilleur ni pire que Steve Dillon, par exemple - c’est plutôt les couleurs.)

C’est tout le sel des histoires de Moore. Les références, c’est comme tout le reste, commentaire politique ou autre, ça crée des niveaux de lecture. Si on enlève cette complexité, Watchmen, c’est quoi ? Un complot mené par un tueur de capes, au déroulement très linéaire. Top Ten ? Le démantèlement d’un réseau pédophile ? Tom Strong ? Les aventures d’un super-aryen marié à une belle noire. From Hell ? Les hallucinations d’un médecin aux pulsions homicides.
Mais on sait très bien justement que les récits de Moore ne se contentent pas de ça, que le premier degré est tout juste agréable et finement troussé, mais que la dimension réellement passionnante de son boulot réside dans les couches de signification qu’il confère à ses histoires. Que Watchmen vaut surtout pour son analyse des super-héros, pour sa relecture des années 1980, pour les références à Devo ou à Gunga Din, pour sa réflexion politique et sociale…
Et on sait aussi que les références ont toujours été présentes dans son œuvre. Tamla Motown dans V for Vendetta, Clive Barker dans Swamp Thing, Hergé dans Tom Strong, la musique un peu partout… Que la référence devienne un enjeu n’est qu’une étape supplémentaire, la suite logique.

Après, ouais, c’est un vieux grincheux. Ça non plus, c’est pas tellement nouveau. Et il a construit une carrière, une œuvre et sans doute un certain confort de vie qui lui permettent d’ouvrir sa gueule sans risquer quoi que ce soit. Tant mieux, au demeurant.
Cela dit, je n’écoute pas les propos des auteurs (enfin, j’essaie). Et tant mieux, parce que le petit caca nerveux de Jason Aaron aurait suffi à me faire cesser de lire ce qu’il produit (ce qui serait dommage). Monsieur est vexé, alors monsieur dit des gros mots. La réponse d’Aaron est quand même pathétique.
Alors qu’en soit, qui a raison ? Moore, bien entendu. Il ne le dit pas en termes choisis et s’en prend aux créateurs plus qu’aux éditeurs, mais au final, il vise qui ? DC, pardi. Il vise une grosse structure éditoriale qui a changé depuis son époque. Car tout ce qui a été bâti par des gens comme Paul Levitz, Jenette Khan, Karen Berger, voire Len Wein ou Dick Giordano, à savoir la promotion de projets forts et le soutien à des voix personnelles (le développement du creator owned, la mise en place d’un système de royalties, la recherche de nouveaux formats comme le « prestige »…), est de plus en plus piétiné par une direction qui cherche pour l’essentiel à exploiter jusqu’à la lie un catalogue qui tourne en rond.
Soyons clairs, ce qui s’est produit dans les années 1980, surtout chez DC et dans une moindre mesure chez Marvel (Epic Illustrated puis label Epic, primes d’intéressement, royalties…), aujourd’hui, ce n’est plus possible. Ce qui préserve les auteurs de nos jours, c’est le fait que ces avantages existent déjà. Mais si c’était à faire, ça serait sans doute impossible. Des trucs comme Watchmen, Ronin, Dark Knight Returns, Gilgamesh II, Blackhawk, Twilight, Swamp Thing, Hellblazer, le label Vertigo, je doute qu’il y ait les forces vives capables aujourd’hui de les pousser. Car la volonté n’y est pas.
La volonté, c’est quoi ? Exploiter ce qui existe déjà. (C’est la volonté de base de l’éditeur : les auteurs, eux, sont méfiants comme tout à l’idée de faire un truc nouveau, de créer des personnages, et ne proposent plus grand-chose d’inédit dans le catalogue, mais on les comprend… Et je me demande dans quelle mesure les contrats d’exclusivité ne sont pas des miroirs aux alouettes consistant au final à empêcher des voix de se faire entendre…) DC / Warner cherche en priorité à vendre à la télé ou au cinéma les licences qui lui appartiennent, et met davantage d’énergie à développer Suicide Squad que des trucs appartenant aux auteurs. Pour un Preacher, combien de séries DC ? Le label Young Animals, qui est présenté comme le sauveur / héritier / continuateur de Vertigo est composé de quoi, en gros ? De relectures de licences DC. Chez Marvel, c’est une chanson semblable : les auteurs du label Icons devaient financer la promo dans des supports comme Previews. Fatalement, il est plus intéressant pour eux, en termes de visibilité, de contrôle et de rémunération, d’aller taffer chez Image.
C’est cela que veut dire Moore : que l’industrie ne favorise pas des voix indépendantes, mais des yes-men. Alors les yes-men, ça peut donner de l’excellent boulot, c’est pas un souci, mais effectivement, l’industrie ne cherche pas à créer le nouveau Watchmen, mais plutôt à assaisonner les derniers restes rongés sur le cadavre de Watchmen.

Jim

Le propre d’un chef-d’œuvre, c’est qu’il n’y en a pas un qui sort toutes les semaines. Et puis certes, on manque peut-être de « forces vives » à l’heure actuelle pour sortir quelque chose du niveau de Watchmen… mais est-ce que Moore lui-même est encore capable de le faire ? On pourrait considérer que l’ayant fait une fois, il n’a plus rien à prouver, mais quand il annonce lui-même, en interview, Providence comme devant être du niveau d’un croisement d’un Watchmen (avec Lovecraft à la place des super-héros) et d’un From Hell, et en même temps une sorte de « remake en beaucoup mieux » de son run sur Swamp Thing, et qu’au final on obtient quelque chose dont je ne vois pas bien la différence avec un sourcebook du jeu de rôle L’Appel de Cthulhu (un sourcebook, pas un scénario, hein), disons que j’en viens à m’interroger.

En forçant le trait, on pourrait dire (il me semble) qu’il n’est pas plus nécessaire (bon : disons « guère plus nécessaire »), pour lire et apprécier les premiers épisodes de la Ligue des Gentlemen Extraordinaires, de connaître au préalable les personnages utilisés, qu’il n’était nécessaire pour lire Watchmen de reconnaître Captain Atom derrière Dr. Manhattan, la Question derrière Rorschach, etc. Tu me diras que dans ce cas on se retrouve (pour la Ligue) avec une histoire classique d’un groupe qui s’unit pour débusquer un méchant… Certes… Mais ça fonctionne. Le récit est prenant, bien écrit, et surtout les personnages sont intéressants, riches, complexes, émouvants, effrayants, drôles, etc. - sans qu’il faille obligatoirement pour les comprendre avoir lu les œuvres originales. Évidemment, c’est mieux de pouvoir profiter de tous les niveaux de lecture, mais ceux-ci sont bâtis sur une base suffisamment solide en elle-même. La mort de Hyde, elle m’émeut à chaque fois, de façon « directe », sans que j’aie besoin pour la « comprendre » de ré-ouvrir Stevenson (ou Wells) (même si je peux le faire assez volontiers par ailleurs). Jack! disait hier que le problème pour les lecteurs est qu’il est « plus facile de replacer Hyde et le Capitaine Nemo que Carnacki et Raffles ». C’est vrai, mais ce n’est qu’une partie du problème à mon avis. Le problème, c’est qu’est-ce que Moore fait dans son œuvre de Carnacki et Raffles ? Pas grand chose. Certainement pas, en tout cas, quelque chose d’aussi riche que ce qu’il a fait avec Mina Harker. Et avec Nemo, de ce point de vue, on touche le fond (bon, c’est dans le thème, mais quand même…). La plus-value du scénario du 1er tome, par exemple, par rapport à un article encyclopédique bien fait sur les représentations imaginaires de l’Antarctique, m’apparaît tout simplement nulle.

Je suis d’accord pour dire que tout ça procède d’une évolution sur le long terme, et au doigt mouillé, je serais tenté de dire que le point de départ en est From Hell, un titre qui dès ma première lecture (donc bien avant que les problèmes que je pointais ci-dessus deviennent prégnants à mes yeux chez Moore) m’a toujours fait l’effet d’une « grande œuvre malade » plus que du chef-d’œuvre « parfait ». Mais on n’est pas obligé de trouver que cette évolution (qu’on pourrait même voir comme une réduction à des tics) a du bon.

(Et encore une fois, ça n’enlève rien rétroactivement à la qualité de la pléthore de très grandes réussites dont Moore nous a gratifié jusqu’à une date récente, et qu’on est toujours libre de relire et relire et relire encore… ce qui est notamment possible du fait de la richesse de leur contenu, des différents niveaux de lecture, tout ça tout ça…)

Rien que la scène de la zone de distorsion temporelle est un sacré tour de force, je trouve.

Il ne devrait, même, n’y en avoir qu’un seul par personne. Un individu ne devrait pas pouvoir produire plusieurs chefs-d’œuvre, par définition.

Tori.

[quote=« Tori »]

Il ne devrait, même, n’y en avoir qu’un seul par personne. Un individu ne devrait pas pouvoir produire plusieurs chefs-d’œuvre, par définition.[/quote]

Le problème avec l’emploi du mot chef-d’œuvre est que, le plus souvent, il ne vient pas de l’artiste lui-même mais plutôt des critiques et amateurs qui désignent ainsi une œuvre.
Beaucoup d’artistes ont été étouffées trop vite dans leurs imaginaires par la dénomination d’une de leur production en chef-d’œuvre.
Certains y ont perdu leur âme en se recopiant en permanence pour plaire. D’autres, au contraire, y ont vu un défi et se sont renouvelés constamment en perdant parfois le public qui avait perdu ses références.

[quote]*That the world inexorably gets more and more complex. Against that complexity you’re going to get things like fascism and extreme religious fundamentalism. You’re going to get that. In an increasingly complex world all of those people feel that they’re losing ground. Extreme nationalism: This is a reaction to the fact that the very concept of a nation is being eroded. Even the fact that I’m sitting here in Northampton talking to you in New York — this conversation would have been inconceivable to my grandparents. Modern communications and the way ideas spread are making the lines on the map evaporate. ISIS, which whatever else it is, is a post-national movement. Not the one that I was hoping for. When nations break down, identities and mythologies break down. We’re very much approaching a massive turning point in the culture. It reminds me of exactly 100 years ago, at the time of the First World War, when the modern world was just starting to happen.

Something has to happen. Art needs to express the times its audiences are moving through. Our culture has been marking time since about 1990. In our movies most of the franchises seem to be about recycled characters that were created 30 or more years ago*.[/quote]

[size=200]INTERVIEW DE ALAN MOORE[/size]

L’entretien est très intéressant, et Moore semble comme à son habitude un interlocuteur chaleureux et « généreux » (l’interview a été « éditée », d’ailleurs), mais il faut quand même reconnaître que c’est pas la modestie qui l’étouffe…

Bon, perso c’est un défaut que je pardonne facilement, d’autant plus à l’aune du talent de celui qui cède aux sirènes de la fanfaronnade (et Moore a fait la démonstration que son talent était virtuellement sans limite). Mais quand même.

Sur la question de son rapport au super-héros, j’ai quand même l’impression qu’il y a un brin de « révisionnisme » dans son rapport au genre : à l’en croire ici, il n’y a été intéressé qu’entre 7 et 12 ans et a travaillé dans le genre pratiquement par accident, et beaucoup trop longtemps à son goût ; ça ne colle pas des masses avec ce qu’il en disait y’a trente ans…

Tout ça n’est que péripétie, bien sûr.

[quote=« ginevra »]
Le problème avec l’emploi du mot chef-d’œuvre est que, le plus souvent, il ne vient pas de l’artiste lui-même mais plutôt des critiques et amateurs qui désignent ainsi une œuvre.
Beaucoup d’artistes ont été étouffées trop vite dans leurs imaginaires par la dénomination d’une de leur production en chef-d’œuvre.
Certains y ont perdu leur âme en se recopiant en permanence pour plaire. D’autres, au contraire, y ont vu un défi et se sont renouvelés constamment en perdant parfois le public qui avait perdu ses références.[/quote]

et puis ce que la critique ou le public vont qualifier de chef d’œuvre est parfois un truc que l’auteur lui-même considère comme totalement anecdotique et convenu, et ne reflétant pas ses propres aspirations.

[quote=« Photonik »]…]

Sur la question de son rapport au super-héros, j’ai quand même l’impression qu’il y a un brin de « révisionnisme » dans son rapport au genre : à l’en croire ici, il n’y a été intéressé qu’entre 7 et 12 ans et a travaillé dans le genre pratiquement par accident, et beaucoup trop longtemps à son goût ; ça ne colle pas des masses avec ce qu’il en disait y’a trente ans…

…][/quote]

Il y a 30 ans je ne sais pas mais en 1987 il confiait déjà au « prozine » Scarce qu’il voulait écrire autre chose que des super-héros, qu’il avait dit (déjà) tout ce qu’il avait à dire sur le sujet ; et de citer comme projet à venir un « Peter Pan porno » (qui deviendra ce que l’on sait).

Ensuite, mais peut-être que je ne comprends, il ne dit pas que les comics l’ont intéressé entre 7 et 12 ans mais que quand il les lisait à cet âge c’était un formidable stimulant pour son imagination.

Ensuite il dit - si je comprends bien - qu’aujourd’hui il ne lui apparaît pas que les super-héros soient destinés aux enfants (c’est pour ça qu’ils ne stimulent pas leur imagination comme ils le faisaient lorsqu’il était lui-même enfant).
Ce en quoi je lui donne raison, du moins à l’aune de ce que je lis en la matière.

Ensuite pour rester sur le sujet il dit que les super-héros des films aujourd’hui (puisque la question est ainsi posée) ont été inventés il y a 50 ans pour divertir des enfants de 12 ans.
Là aussi me semble-t-il, il a raison.

En outre je lis parfois mais assez souvent que tel ou tel dessinateur ou scénariste n’évolue pas, qu’il répète ce qu’il a déjà fait.
Moi pour ma part ça ne me dérange pas, je ne demande pas à mon boulanger de changer la recette de sa baguette, j’aime retrouver ce que j’aime parce que justement c’est ce que j’aime. Idem dans la BD.
Si j’aime un scénariste c’est parce que j’aime sa manière de faire, et quand j’achète son travail je suis content de retrouver ce que j’aime chez lui.

Maintenant s’il veut expérimenter libre à lui de le faire, et si ça me plaît il peut compter sur moi pour le suivre dans cette nouvelle voie.
Mais ce n’est pas une exigence de ma part.

Cela dit **Moore ** a une approche différente de la mienne en ce sens qu’il se considère (tel que je le comprends et que je le vois) comme un artiste.
Et le « rôle » d’un artiste c’est d’évoluer, de proposer de nouvelles choses. Ce qu’il a d’ailleurs fait assez rapidement dans le domaine des super-héros: Swamp Thing, Marvelman, Watchmen, ou dans le porno, voire dans le whodunit.
À chaque fois il a tenté de nouvelles choses, indéniablement ; ses tentatives sont-elles des réussites ?
À chacun de les apprécier au travers de ses propres attentes, de ses propres expériences ; de sa subjectivité.

Donc je comprends (et partage) pour ma part ce qu’il dit au sujet des super-héros (du moins ce que j’ai lu qu’il en disait), d’autant plus qu’à presque 50 ans j’en lis encore.