ANIMAL MAN t.1-4 (Jeff Lemire / Travel Foreman, Steve Pugh)

Ah bon ? Morrison s’est exprimé là-dessus ? Tiens donc.

Personnellement, je ne trouve pas que l’intrigue tire tant que ça en longueur, je trouve que la tension instillée par Lemire compense la relative décompression de cet arc.
Je n’ai pas encore lu « Swamp Thing » de Snyder et n’ai pu donc constater la possible trop grande parenté entre les deux titres (mais sur le papier, l’idée de lier ces deux titres me paraît très bonne).

Dan Green n’est effectivement pas là sur tous les épisodes, et ça se voit, en effet. Mais j’aime bien le travail de Foreman quand même, assez proche de l’école de la fin des eighties en matière de comics « en marge »…

Ouais, excellent : « Born to Be Wild », tel est le titre de ce quatrième TBP qui fera plaisir aux fans de Steppenwolf. Nemo avait parlé de cette sortie prochaine ici ou là.

je viens de le lire.j’y suis allé par curiosité et bien m’en a pris.
au tour de Swamp Thing maintenant

Tiens, tu nous diras ton ressenti sur l’ordre de lecture Animal Man- Swamp Thing !

[size=85]Bien qu’écrites pour être lues indépendamment, j’ai eu l’impression que lire les 2 séries dans l’ordre ST puis AM étaient recommandées dans la mesure où ST expose davantage de choses sur l’existence nécrose-sève-sang, non ?
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ah c’est bien possible.je n’ai pas fait attention à ça.
si c’est le cas tant pis

En soi, l’idée d’un rapprochement entre les deux titres ne me dérange pas, mais dans ce cas précis, on est plus dans un refaçonnage de la série Animal Man sur le modèle de Swamp Thing. C’est ce que dénonce Morrison justement. Qui plus est, il s’agit de six épisodes qui ne constituent que l’introduction d’une histoire qui va courir au moins sur près de 15-16 épisodes, si ce n’est plus, avec un certain nombre de variations entre les deux séries. C’est long, et le rythme à l’épisode n’est pas trépidant. Je déteste pas les deux séries, mais quand j’en suis venu à lire Animal Man, je parcourai les pages plus par automatisme que par envie. ça m’embête d’autant plus que la dynamique familliale donne une plus value indéniable à la série par rapport à Swamp Thing, qui est plus froide et mécanique dans la construction de ses personnages, mais c’est au service d’une histoire tellement diluée que ça n’a pas suffit à maintenir mon intérêt. Au final, ça fait 13 épisodes de lu avec une impression de « tout ça pour ça? ». Ceci dit, maintenant que la mise en place est faite, j’espère que la série va essayer de creuser sa différence par rapport à Swamp Thing.

Y a des cases assez réussies par moment (celle où on découvre Buddy les yeux ensanglantés notamment) et d’autres où on voit quand même que Foreman est à la peine pour donner du volume à ses personnages. Mais j’aime bien aussi globalement, ça participe à l’ambiance.

Et pourquoi ça ne serait pas Swamp Thing qui se calque sur Animal Man ?

Lemire reprend à son compte le concept du Red et de l’héritage totémique du personnage qui était introduit dans le run de Morrison.
Je ne sais pas si ce qui est développé dans Swamp Thing était déja présent dans d’anciennes séries, mais donc j’ai plutôt l’impression que c’est les bases d’Animal Man qui refaçonnent ces deux séries.

A partir du moment ou l’intrigue est sur l’écosystème et que buddy n’est plus traité comme un super-héros on se rapproche de Swamp thing. sous Morrison Buddy est un super-héros. spécifique et très à part, mais il a un costume…

J’avais peur d’être déçu par les dessins dans cette série, mais c’est le scénario qui m’a le plus laissé perplexe dans cet Animal Man au service de sa Majesté.

J’ai eu le tord de le lire après Swamp Thing, et du coup ça manque de rythme car on connait déjà le background et l’enjeu nécrose-sang-sève.J’ai trouvé ça poussif. L’action est plus ou moins la même que dans ST il faut fuir la nécrose. Concept brillant pour le lecteur que ce Courage fuyons!

Alors reste le charisme de ce héros (dont je ne connais aucun épisode antérieur) qui se fait dépassé par sa propre fille. Alors on lit quoi? Animal Girl finalement.

Et bien non car elle la particularité d’avoir des « pouvoirs » plus grands que son père (entant qu’Avatar), alors que ce dernier est censé la protéger (dixit la chaussette) :confused:

Cette gamine me sort vite par les yeux car elle n’est crédible sur aucune case comme gosse de 4 ans (pour qui a idée de ce qu’est une gamine de 4 ans) tant par son physique que ses agissements on lui en donne 3 de plus facilement.
J’ai également peu apprécié tout le passage « dans le sang » où notre héros se déforme, ainsi que… le reste. J’ai parfois eu du mal à faire la différence entre "les méchants et « les gentils », heureusement que les dialogues m’y ont aidé.

Je reste assez perplexe à l’issue de ces 6 chapitres. Vivement qu’il se passe quelque chose avec cette gamine (en bien ou en mal) mais j’ai peur que ça n’éclipse encore davantage Buddy Baker, à moins qu’elle ne disparaisse. :smiling_imp:
En tout cas sauf nouveauté dans le prochain volume ou crossover de malade avec Swamp Thing, c’est moi qui vais finir par disparaitre (de la liste des lecteurs d’Animal Man). :mrgreen:

Encore une fois, je ne trouve pas que ce soit un défaut en soi, je veux dire que ça n’implique pas que la série soit chiante.
Une série que j’adore, « Shade The Changing Man » par Milligan et Bachalo, débute un peu d’une façon similaire (avec l’American Scream en lieu et place de la Nécrose, mais le ressort est un peu le même) : il faut 20 ou 25 épisodes à Milligan pour boucler cette première intrigue, qui comprend plusieurs arcs mais aussi des stand-alones, et j’ai rarement vu une série aussi dense, le rythme n’est pas du tout mollasson…

Pour ta remarque sur Morrison et son avis sur ce nouvel « Animal Man », tu n’aurais pas un lien, par hasard ? Une recherche sommaire de ma part s’est révélée infructueuse…

Il en a parlé pendant la New York Comic Con du mois dernier, on peut voir quelques extraits de ses propos sur comic book resources:

Ton exemple est révélateur en soi: tu parles d’une série écrite il y a plus de quinze ans, à une époque où les titres de Vertigo rivalisaient de créativité et exploraient par le biais de leurs histoires des sujets de société, la politique, des questions d’éthique, l’écologie, etc… Je me souviens d’épisodes de la série Hellblazer écrits par Jamie Delano qui abordaient l’espace d’un épisode le traumatisme engendré par la guerre du Vietnam, la peur du nucléaire, la politique réactionnaire du gouvernement Thatcher, etc… tout en parlant de démons, de possessions et en maintenant un fil rouge avec le démon Nergal responsable de bien des maux de l’anti-héros au trenchcoat. En plus de ça, la série n’oubliait pas de creuser la psychologie de son héros qui a fait un détour en hôpital psychiatrique, révélé un terrible traumatisme à New Castle, manipulé sa petite amie de l’époque dans le but de déjouer les projets d’apocalypse d’un culte religieux, condamné un ami à une existence purement virtuelle pour se soustraire de l’influence d’un démon, etc… Et tout ces évènements, ils sont survenus en l’espace d’à peine 15 épisodes.

Je n’ai rien contre le fait que les scénaristes développent des fils rouges au long cours dans les séries et qu’ils durent plusieurs dizaines d’épisodes, tant que l’histoire ne se résume pas à ça et qu’il y a de la matière.

Maintenant, je parle d’une série dont on s’efforce de gommer les particularités (l’origine des pouvoirs revisitée maladroitement, l’évacuation du côté activiste et super-héros de Buddy, etc…) dans le but de la faire ressembler le plus possible à Swamp Thing puisque les deux séries ont pour objectif de raconter la même histoire vue de deux points de vue (une guerre se prépare entre différentes forces vitales de la planète et chacun des titres met en scène un avatar des forces en question pris dans la tourmente), histoire dont les premiers épisodes de chaque série ne dévoilent qu’une longue mise en place. Alors d’accord, Animal Man met en scène une famille avec des protagonistes travaillés. Mais les personnages, c’est la chair d’une histoire et la base de tout comic book. Pour ma part, je pense que c’est le minimum que doit offrir un comic book, en plus de proposer une histoire travaillée. Si le côté humain est bien présent dans Animal Man, je trouve en revanche l’histoire développée très minimaliste et insuffisante sur le nombre d’épisodes à disposition.

Encore une fois, je ne trouve pas la série mauvaise, mais juste très moyenne. Peut-être que ça va décoller par la suite, mais je ne suis pas convaincu pour l’instant.

Désolé pour les phrases longues pas très bien construites, je peine à mettre précisément les mots sur ce qui me gêne :slight_smile:

Bah non, c’est clair, même pour quelqu’un qui n’a pas lu la BD !

C’est l’essentiel :slight_smile:

Oui, non seulement très clair, mais aussi très intéressant.

Je ne suis pas sûr la même ligne que toi (la série me paraît mieux que moyenne !) mais force est de reconnaître que tu défends bien ton point de vue. On verra ce que la suite nous réserve.

Merci pour l’extrait d’interview de Morrison. Je le trouve un peu gonflé, soit dit en passant, le père Grant ! Même si ce qu’il dit se tient, et n’est pas une attaque en règle contre le travail de Lemire.
Parce que du propre aveu de l’écossais (dans le docu « Talking with Gods »), sur les premiers épisodes de son run sur Animal Man, il a pompé sans vergogne…le Swamp Thing de Moore !! Il dit un truc du genre « a kind of sub-Moorean approach », pour ces premiers épisodes où il applique la méthode Moore au perso, le plongeant dans des problématiques « réelles » (activisme écologique, végétarisme, etc…), avant de complètement renverser ces thématiques et de trouver sa voie (et sa voix).
Il pourrait laisser le temps à Lemire de se dépatouiller des contraintes éditoriales (si c’est possible) et faire quelque chose de plus perso.

Bon, je sais, dans un cas c’est une approche globale du comics « adulte » (l’approche Moore), dans l’autre c’est un élément scénaristique précis (The Red importé de « Swamp Thing »), donc ce n’est pas tout à fait comparable…

Oui, je pense aussi que les contraintes éditoriales imposées aux auteurs n’aident pas forcément, mais je vais quand même continuer la série parce que j’aime beaucoup le travail de Jeff Lemire sur ses productions indépendantes comme Essex County ou Mister Nobody (et sa nouvelle maxi-série de science-fiction Trillium a l’air très intéressante) et qu’il a pour projet d’orienter Animal Man dans une direction inattendue quand Rotworld sera terminé. En attendant, je vais me plonger dans ses épisodes de Frankenstein : agent of S.H.A.D.E. qui ont l’air très sympa.

Je n’ai pas vu le documentaire Talking with gods mais il semble qu’il s’est servi d’une approche conceptuelle similaire à celle employée par Moore sur Swamp Thing (en prise avec le monde réelle donc) pour définir des éléments qui deviendront spécifiques à la série (le super-héros activiste défenseur de la cause animale) avant qu’il ne l’oriente vers un ton plus personnel (le syncrétisme entre le grim and gritty réaliste de l’époque et le silver age de Gardner Fox comme l’explique Yann Graf dans son livre, mâtiné du rapport entre la fiction et son créateur).

J’ai l’impression que ce qui dérange Grant Morrison, c’est que la nouvelle série rétablit au début les éléments qui constituent le personnage (au moment de l’interview et pendant le dialogue qui suit avec sa femme Ellen dans le premier épisode) pour les écraser par la suite quand Jeff Lemire redéfinit le « vrai sens » des origines des pouvoirs de Buddy: il n’est plus unique mais devient le dernier héritier d’une longue lignée d’avatars représentant la force vitale rouge (enfin le red, je ne me souviens plus du nom traduit). Et là, on est dans la même configuration qu’Allec Holland avec le parlement des arbres de la sève dans la série Swamp Thing. Et ce qui est encore plus embêtant, c’est que c’est fait pour caractériser Maxine, la fille de Buddy qui est le nouvel avatar du sang, au détriment de son père qui ne devient qu’un substitut temporaire dont la destinée serait de protéger l’avatar du sang.

J’aime bien discuter des éléments sur lesquels je ne suis pas d’accord, parce que je peux toujours apprendre des choses que je n’aurais pas vu lors de ma lecture.

Hum, y a de l’écho à retardement ici …

Je n’avais pas vu :slight_smile:

Si tu es fan de Morrison (et même si tu n’es pas fan absolu), je te recommande vivement ce docu : il est excellent en tant que « biographie », et constitue un balayage (non exhaustif ceci dit) très intéressant de la carrière du bonhomme. De plus, Morrison s’y exprime de manière plus « posée » qu’il ne le fait en interviews habituellement, et il se révèle passionnant, notamment quand il parle de ses intentions sur « Animal Man » justement…

Au sujet de son approche sur ce titre, pour compléter ce que tu dis, Morrison raconte qu’il a pitché la série à Karen Berger (lors d’une rencontre digne de rentrer dans les livres d’histoire de la BD, puisqu’elle a rencontré lors de ce séjour, entre autres, Morrison, McKean, Gaiman et Milligan…excusez du peu !) comme il pensait qu’elle aimerait que le titre soit. C’est-à-dire dans la lignée de « Swamp Thing » de Moore. Mais ça, c’était pour les premiers numéros, à l’époque Morrison pensait que le titre serait une mini. Victime de son succès, Morrison se retrouve à devoir écrire une on-going, et il n’a pas vraiment d’idées, ni l’envie de poursuivre dans la veine « moorienne ».
La solution lui sera fournie par l’épisode suivant, le fameux « Coyote Gospel » : il s’intéresse toujours aux maltraitances faites aux animaux, mais fictionnels cette fois (un avatar du Will E. Coyote de Chuck Jones).
Il rebondit sur ce stand-alone (vraiment l’épisode charnière de run) pour bâtir le reste de son run où il sera question d’empathie envers les personnages de fiction, et la « caritas » dont il peut faire preuve envers eux puisque non contraint par les lois de l’espace-temps (d’où la fin, à mon sens bouleversante, de son run)…