ANNIHILATION (Alex Garland)

DATE DE SORTIE FRANCAISE

12 mars 2018

REALISATEUR & SCENARISTE

Alex Garland (Ex Machina), d’après le roman de Jeff VanderMeer

DISTRIBUTION

Natalie Portman, Tessa Thompson, Jennifer Jason Leigh, Gina Rodriguez, Oscar Isaac…

INFOS

Long métrage américain/britannique
Genre : science-fiction
Année de production : 2017

SYNOPSIS

Après la disparation de son mari, une biologiste rejoint une équipe (composée également d’une anthropologue, une psychologue et une géomètre) envoyée explorer une zone abandonnée et coupée du reste de la civilisation. Ce n’est pas la première expédition envoyée dans cette « Zone X »…les autres ont toutes été frappées par des disparitions, des suicides, des cancers agressifs et des traumatismes mentaux…

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ouuuuh je savais pas que c’était dans les tuyaux ça !
J’ai lu ce très beau livre l’année dernière et j’avais trouvé l’écriture très peu cinématographique.
Ceci dit le Alex Garland de Never let me go et Sunshine semble être un choix adapté à ce type de récit très introspectif.
Et puis ce casting… Mazette !

La première bande-annonce :

La nouvelle bande-annonce :

Très alléchant mais moins fou que la première bande-annonce. On cerne mieux l’histoire cela dit (comme souvent dans les seconds trailers). Il y a un décors à la fin qui fait très Alien :wink:

Il n’y a pas que les décors qui font très alien, la pose de Nathalie Portman fait très alienS aussi.
En tout cas la BA fait beaucoup de jus avec les monstres, le roman n’en donnait pas tant …

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Annihilation sortira aux Etats-Unis le 23 février.
Pour la France, pas de sortie sur grand écran, le film passe directement par la case Netflix le 12 mars.

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Tiens c’est marrant, ils ne pensent pas que Portman fasse vendre ?

C’est un des films que j’attends le plus cette année, mais je n’ai pas Netflix et pour moi le cinéma c’est sur grand écran (au moins pour la découverte du film).
Donc je boycotte (ou j’arrive à taxer le compte d’un pote… En tous cas Netflix n’aura pas un centime de ma poche).

Après Okja ça m’énerve un peu cette histoire, et encore pour celui-là c’était compréhensible puisque Netflix produisait le film.

Cette situation est la conséquence d’un « clash » entre Scott Rudin, le producteur d’Annihilation, et un financier de la Paramount, qui a demandé des changements après une projection-test pour que le film puisse convenir (selon son point de vue, hein…) à un plus large public. Rudin a tenu bon pour défendre la vision d’Alex Garland, mais suite à un changement à la tête du studio, un nouveau contrat de distribution a été signé, avec la Paramount pour les sorties sur les territoires américains et chinois et Netflix pour le reste du monde.

La réaction d’Alex Garland :

« We made the film for cinema. I’ve got no problem with the small screen at all. The best genre piece I’ve seen in a long time was The Handmaid’s Tale, so I think there’s incredible potential within that context, but if you’re doing that – you make it for that [medium] and you think of it in those terms. Look… it is what it is. The film is getting a theatrical release in the States, which I’m really pleased about. One of the big pluses of Netflix is that it goes out to a lot of people and you don’t have that strange opening weekend thing where you’re wondering if anyone is going to turn up and then if they don’t, it vanishes from cinema screens in two weeks. So it’s got pluses and minuses, but from my point of view and the collective of the people who made it – [it was made] to be seen on a big screen. »

Je suis tellement d’accord !

Tiens, tiens : après un rapide survol des premiers échos sur le net par mézigue, il semblerait bien que ce « Annihilation » se paye un accueil critique tout simplement dithyrambique (rendant encore plus dommageable sa non sortie en salles ; tout le monde relève l’absurdité de la chose d’ailleurs).
Bizarre, je n’aurais pas misé un kopeck pour ma part sur Alex Garland (je déteste son boulot avec Danny Boyle et j’ai entendu des échos pour le moins fort mitigés de son « Ex_Machina »), mais ce sera intéressant de voir ça, surtout à l’aune de ma lecture toute récente du roman de Vendermeer que Garland adapte ici.

Un modeste retour sur ce film est disponible sur mon blog [Pour en savoir +], lequel ne diffère guère des échos entendus par l’ami Photonik, même si je n’emploierai pas le terme « dithyrambique », en ce qui me concerne.

Ex_Machina, ça se regarde comme un épisode de Black Mirror.
Pas transcendant, mais pas mauvais.

Sinon, vous m’avez motivé pour Annihilation.

Motivé aussi je fus, et déçu au bout du compte. Ça se laisse regarder, mais en ce qui me concerne au moins, cela tient un peu de la fascination qu’on pourrait imaginer à fixer un très long ralenti d’accident de la route…

Je précise que je ne connais absolument pas le roman original, ni quoi que ce soit d’autre de son auteur : quelques minutes de furetage sur Wikipedia m’apprennent tout au plus qu’il revendique comme influence principale La Montagne morte de la vie de Michel Bernanos, et je peux certainement deviner l’exercice de cette influence à travers certains aspects de l’adaptation à l’écran. Mais à ceci près je me contenterai donc de parler du film.

Et le film est, fondamentalement, une bisserie, néanmoins nantie d’un budget et, sans doute, d’une ambition de catégories supérieures, mais sans parvenir à s’arracher à ce premier statut. Il en résulte une sorte d’hybride un peu monstrueux (c’est dans le thème, notez), ou pour le dire plus vulgairement un produit bloqué le cul entre deux chaises. Sur le principe, ce n’est même pas que je sois opposé à ce genre de mélange, d’ailleurs, c’est juste que dans le cas d’Annihilation… ça ne prend pas, ça ne marche jamais vraiment.

C’est d’autant plus embêtant qu’il me semble qu’on voit bien, quasiment en permanence, qui Garland essaie d’émuler, à qui il essaye d’emprunter des trucs – sans y arriver. Le début du film développe ainsi un gros feeling Arrival / Premier contact de Villeneuve (en moins bien), avant de bifurquer vers quelque chose qui tiendrait plus d’une relecture des Solaris et Stalker de Tarkovski (en moins bien) (et pourtant je ne suis pas fan de Tarkovski !), avant d’y ajouter d’autres ingrédients qu’un commercial de Glénat nous vendrait sans doute par une formule du type « entre Predator et Miyazaki » (en moins bien, dans les deux cas).

À côté de ça, on voit aussi tout ce qui continue de rattacher Annihilation à la moins glorieuse tradition du direct-to-video miteux, dont la diffusion du film via Netflix uniquement serait pour le coup l’avatar (je précise que ça ne vaut pas pour tout ce que sort Netflix, mais là, le rapprochement est vraiment tentant).

Toutes les équipes masculines de militaires envoyés dans la Zone ont disparu, on va donc pour changer envoyer une équipe de scientifiques femmes. Ok… mais on les envoie avec des fusils d’assaut… parce que… image cool ! Alors même qu’on a établi que le personnage de Portman est le seul à avoir un background militaire susceptible de faire en sorte qu’elle sache se servir correctement du truc. Coïncidence, c’est aussi la seule dont on n’oublie pas très vite de quoi elle est censée être spécialiste. La crédibilité scientifique de l’équipe se situe de toute façon quelque part entre celles de leur collègues de Prometheus et de Mission to Mars, c’est dire.

De façon générale, les lignes de dialogues sonnent plus faux les unes que les autres, les rebondissements viennent avec leur lot de clichés, – et les raccourcis (trop) commodes abondent, depuis la nana qui se rend directement d’un pas décidé dans une pièce inconnue à l’autre bout d’un bâtiment tout juste découvert pour y trouver immédiatement l’élément suivant dont l’intrigue a besoin, à celle qui possède apparemment le super-pouvoir de réaliser un séquençage de code génétique à l’œil nu en regardant une fleur.

Quant au casting, trois-étoiles sur le papier, c’est peu dire qu’il ne brille guère une fois projeté à l’écran. Tessa Thompson et Nathalie Portman font le minimum syndical… ce qui est plus que ce qu’on peut dire de tous les autres participants. Jennifer Jason Leigh et Oscar Isaac semblent même carrément se livrer, par scènes interposées, à un concours d’anti-jeu, un challenge de mono-expression et de mono-tonalité.

Reste une certaine ambiance (dont le pouvoir de fascination, en ce qui me concerne du moins, s’est toutefois assez rapidement dégradé en pouvoir de léthargie cotonneuse), la séquence « chorégraphique » avec le double, assez intéressante, et un twist final nanti d’un certain potentiel, malheureusement gâché par la façon confuse et illogique dont il a été amené, et par le fait qu’on n’a aucune idée de ce qui peut le motiver au-delà de l’envie de sortir un deuxième film.

Et c’est d’ailleurs un peu l’autre problème fondamental d’Annihilation, dont on se rend compte au terme du parcours. L’idée de mettre en scène une rencontre avec l’alien au sens fort, le tout-autre incompréhensible, pourrait être intéressante mais, ainsi mal gérée, elle ne débouche que sur une accumulation de « Je ne sais pas. » à toutes les questions posées, assez frustrante (l’impression donnée est plus celle de quelque chose de creux que de vertigineux…), et dont j’ai bien envie de dire qu’il pourrait aussi s’agir de la réponse aux questions de l’enjeu et de l’intérêt du film. :confused:

L’extension numérique de la revue Carbone, donne son avis, via la voix de Yal Sadat sur le film d’Alex Garland : intéressant.

Le site est par ailleurs assez copieux ; faisez donc un détour par la branche Broadcast [Pour en savoir +] de l’arborescence, les amateurs de cinoche apprécieront.

Tiens, tu connais ce roman du fils Bernanos, si je comprends bien ?
C’est chouette ? J’avoue que la lecture de « Annihilation » m’a rendu curieux à son sujet…

Je serais plus enthousiaste que toi concernant l’adaptation signée Garland. Il y a de gros défauts certes (dont un climax à mon sens à côté de la plaque) mais je trouve le film très intéressant dans le contexte actuel à Hollywood.

Pas de femme et pas d’enfants ce soir, je crois que c’est le créneau parfait pour regarder « Annihilation ».
D’après ce que j’en ai lu, il va falloir que je fasse abstraction du roman original.
Puis après, je termine le roman que je suis en train de lire et j’enchaîne sur « Acceptation » le 3ème volume de la trilogie du Rempart Sud.