Apophenia : toutes les couleurs du giallo

Sur grand écran ? Quelle chance…

Oui, « matrice du slasher », c’est tout à fait ça, mais le slasher s’est construit là-dessus sans prendre l’ironie mordane de Bava avec. Du coup, ce qui relevait d’un authentique discours sur la vacuité des personnages impliqués dans l’intrigue (elle-même très secondaire) est devenu le prétexte à des persos inexistants et des intrigues faiblardes et redondantes dans le slasher, et rien d’autre (notamment pas de mise en scène intéressante, dans la plupart des cas).
Comme tu le relèves, « Vendredi 13 », exemplairement, reprend bon nombre d’éléments de « La Baie Sanglante », parfois au plan près, mais ça n’en fait pas un bon film pour autant.
Il y a un côté « giallo dégénéré » au slasher…

Si le film ne met pas en scène un tueur masqué et ganté de cuir (c’est surtout Bava, Argento et Sergio Martino qui utilise cette image archétypale), « La Baie Sanglante » n’en est pas moins un giallo, du simple fait de sa nationalité, en fait. Mais je t’invite à lire mon texte pour en savoir plus. :wink:

ce sera fait très prochainement.

mais faut bien dire que pour l’instant ma connaissance du giallo c’est principalement les films d’argento et les quelques rappels plus ou moins récent (De palma, berberian, amer…) c’est donc très lacunaire pour moi…

Signalons à l’attention des cinéphiles déviants amateurs de gialli la présence dans le numéro de janvier des Cahiers du cinéma, en sus du traditionnel « top ten » de l’année écoulée, d’un très joli petit dossier « giallo », fort intéressant ma foi. Il faut dire qu’il est signé par quelques-unes des plumes les plus aventureuses de la revue à l’heure actuelle (Vincent Malausa, Stéphane du Mesnildot, etc…).

Le dossier a le bon goût de prendre la tangente par rapport aux axes habituels de décryptage du genre, en évitant (sans les minimiser pour autant) les maîtres incontestés que sont Bava et Argento, et en insistant sur les « seconds couteaux » (Martino, Lado, Lenzi…), méchamment réévalués ici ; cf. à ce titre les éloges adressés au travail d’un Lucio Fulci, dont l’incroyable scène d’ouverture du « Venin de la Peur » fait l’objet d’une analyse assez sidérante pour le coup.
On évite aussi d’insister trop sur le sous-texte habituellement mis en exergue (Eros et Thanatos, le fétichisme, etc…) pour creuser du côté de la pente psychédélique, voir rituelle, du genre.

Une franche réussite.

Merci pour l’info, d’autant que je pense rarement à regarder le sommaire des Cahiers du cinéma (et by the way : meilleur vœux).

Et je m’aperçois que j’étions passé à côté, et sans la voir, de cette discussion. D’une pierre 2 coups en somme.

Il s’agit du top ten des lecteurs, celui de la rédaction étant publié dans le numéro précédent de décembre.

Pas grand-chose en commun avec le résultat collectif finalement, même si j’ai vu une bonne partie des films retenus.

[quote=« artemus dada »] (et by the way : meilleur vœux).

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Merci beaucoup, meilleurs vœux à toi aussi !!

[quote=« Benoît »]Il s’agit du top ten des lecteurs, celui de la rédaction étant publié dans le numéro précédent de décembre.
[/quote]

Ah oui, j’avais oublié de préciser ce point, merci.

[quote=« Benoît »]
Pas grand-chose en commun avec le résultat collectif finalement, même si j’ai vu une bonne partie des films retenus.[/quote]

Idem ; j’aime bien la ligne des Cahiers (une ligne formaliste, dirons-nous), mais je me rends compte que je ne partage pas forcément leur avis sur les sorties les plus « importantes » de l’année (même si je n’ai pas tout vu dans leur Top 10).
Je suis un peu plus en phase avec l’opinion des lecteurs, ceci dit.

J’aime leur ligne aussi, ils s’intéressent assez souvent à des films pas forcément mis en lumière. Je ne serai pas allé voir La loi de la jungle ou Victoria sans leurs papiers par exemple (surtout avec la façon dont Antonin Peretjatko a monté la bande-annonce de son film) même s’ils ont parfois la dent dure à mon sens (cf la chronique un peu expéditive sur The VVitch).

Du coup, tu as participé au top des lecteurs?

Non, je n’ai pas pris cette habitude-là, même si je trouve que ce genre d’exercice est intéressant quand le nombre de participants est un peu élevé, comme ce doit être le cas pour les Cahiers…

Tout à fait d’accord avec ton avis sur la chronique de « The VVitch », bien expéditive comme il faut ; ils avaient procédé de même avec le pourtant monumental (à mes yeux tout du moins) « The Strangers » de Na Hong-jin. Ceci étant dit, ils « ratent » beaucoup moins de films intéressants qu’auparavant, il faut quand même le reconnaître : ils ont mis de l’eau dans le vin de leur orthodoxie. Et comme tu le dis, ils restent quand même aux aguets comme il convient de le faire quand on souhaite mettre en lumière des œuvres plus difficiles ou exigeantes que le tout-venant de la production.
Leur dossier « giallo » en tout cas témoigne d’une belle ouverture d’esprit et d’une finesse d’analyse certaine sur un pan de la cinéphilie qu’ils ont souvent dédaigné (pour ne pas dire moqué) par le passé. Tant mieux.