ARISTOPHANIA t.1-4 (Xavier Dorison / Joël Parnotte)

J’avais le soupçon en voyant l’image de couverture (ainsi que l’accroche « french fantasy » sur l’auto-collant dans le commerce), que c’était une sorte de Mary Poppins à la française.
Et c’est complètement ça.
Si l’on admet que Mary Poppins appartient à un royaume fantastique en pleine guerre, sur le point de perdre le conflit, et protégeant vaille que vaille les héritiers de la seule personne qu’elle pensait capable de trouver le moyen de gagner ladite guerre.
Le récit est linéaire, assez bien amené, d’une manière aussi classique qu’efficace, la voix d’un des trois enfants servant de clé d’entrée au récit et à l’univers. On part du milieu ouvrier, exploité et ostracisé (l’ensemble a des échos assez modernes), bref un milieu facilement identifiable, et de ce monde connu, on glisse lentement vers Azur, cet univers féérique, séduisant, pas si différent du nôtre mais respirant le merveilleux. Le regard des enfants sert à saisir les enjeux, expliqués par petite touche, à conserver une certaine distance avec Aristophania Bolt, et à développer la psychologie des frères et sœur, afin d’amener tranquillement leur prise de position. C’est roublard, bien ficelé, efficace, un peu calibré mais très immersif.
Graphiquement, Parnotte a encore fait un bond depuis Le Maître d’armes de 2015. Ses hachures, ses décors, ses matières, ses ombres, tout est riche, dense, généreux. Les scènes de baston, qui lorgnent vers le mouvement et l’énergie des super-héros sans en avoir l’air, sont splendides. Et les décors d’Azur sont saisissants.
Un premier album séduisant, où le ton sarcastique et légèrement mauvais esprit d’Aristophania Bolt fait merveille. Vivement la suite.

Jim

Moi j’ai trouvé ça long, sérieux un album pour faire une intro quand on voit la quantité de Bd qui sort, c’est juste trop long, il ne se passe pas assez.

Alors oui c’est vrai ça prend son temps à démarrer ce Aristophania mais d’un autre coté, contrairement à plein de trucs qui sortent, c’est prévu en 4 tomes, donc du coup, connaissant le scénariste, je dirais que la suite va développer toutes les pistes ouvertes dans ce premier tome.

Je trouve ce qu’en dit Jim très juste!

Et au final, il s’en passe des choses : la baston fondatrice du début, la situation dans le milieu ouvrier qui mène à une séparation, la rencontre avec Aristophania, l’exploration d’Azur, la désobéissance des enfants, la baston finale, l’espèce de prestation de serment avortée de la fin, le tout avec la présentation de plein de personnages secondaires, une caractérisation qui prend son temps et profite de l’espace imparti…
En soit, c’est pas tellement différent de la construction du premier Long John Silver : scène prégénérique, présentation de l’héroïne et définition des enjeux, rencontre avec Silver, constitution de l’équipage, départ…
Et quand on sait la richesse de la série Long John Silver, je crois qu’on est en droit d’attendre du lourd pour Aristophania.
Et puis, dans la catégorie mainstream, c’est plutôt le haut du panier. Si tout était à ce niveau, on n’aurait pas à se plaindre.

Jim

Avis de Jim et Fab que je partage.

C’est vrai. Maintenant avec la quantité de BD que je dois lire, je suis beaucoup plus critique. Mais ne mainstream pour le moment c’est pas mal. Mais j’ai préféré le dernier Stern il s’y passe plus de choses en 1 tome.

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ARISTOPHANIA TOME 2 - PROGREDIENTES

Basile, Victor et Calixte ont enfin retrouvé leur mère, Adèle Francoeur, mais dans un état très inquiétant. Le Roi banni l’a privée de son Azur et l’a recouverte de Calamyrhs, catalyseur puissant empêchant l’énergie de regagner son corps.

L’état d’Adèle n’est cependant pas l’unique préoccupation d’Aristophania : la puissance des Calamyrhs inquiète le royaume d’Azur. Avec une telle arme en sa possession, le Roi banni pourrait aisément gagner la guerre qui se profile. La destruction de ce pouvoir devient donc essentielle et seule la Source Aurore pourrait contrecarrer ses plans et sauver la mère des enfants.

Aristophania en est convaincue : l’un d’eux pourrait trouver cette source. Mais la Reine d’Azur ne lui laisse que sept jours pour réaliser un tel miracle…

PAGINATION. 64 PAGES

FORMAT. 241x318

EAN. 9782505075592

SORTIE LE 31/10/2019

Purée, cette fin d’année va me coûter cher, en matière de franco-belge.

Jim

Aristophania Bolt, en opposition avec la Cour de l’Azur, a décidé de former les trois enfants, Victor, Basil et Calixte. L’album se découpe donc autour des épreuves qu’elle leur propose et de l’attaque imminente du camp opposé.
Deuxième tome très intéressant, mais que j’ai trouvé, pour ma part, en deçà du premier et de ses promesses.
Pour deux raisons.
D’une part, l’aspect social, très présent dans le premier à l’occasion de la description d’une famille pauvre, est relégué à l’arrière-plan, et si l’on a droit à quelques remarques sur la pollution et l’industrie, ça reste portion congrue.
D’autre part à cause de l’économie générale du récit. Avant que les choses commencent à bouger réellement, on a droit à quelques tunnels de dialogues explicatifs (sur l’Azur, sur les épreuves), qui ajoutent au caractère très bavard de ce tome. En plus de ralentir la lecture, ces séquences donnent l’impression d’étouffer le dessin, ce qui est franchement dommage.
Question dessin, Parnotte explore davantage encore les possibilités d’un encrage matiéré, tout en hachures, dans un rendu très complexe. C’est très joli, avec des personnages expressifs. En revanche, la densité de narration fait qu’il a moins l’occasion d’offrir de belles cases d’action, comme dans le premier tome.
Les deux auteurs parviennent à créer une sorte d’urban fantasy, un peu dans la lignée de ce que Moore, Gaiman et d’autres avaient initié, mais avec cette petite touche française déjà sensible en littérature (je pense à Fabrice Colin, voire à Xavier Mauméjean il y a quelques années). C’est bien plus convaincant que l’approche de Sébastien Latour sur Wisher ou Ellis Group, par exemple. La guerre autour de l’Azur promet d’être passionnante, maintenant que les explications sont données et qu’un appel d’air permettra de libérer le récit.

Jim

Ca me rassure de voir qu’il y a pas que moi, ça m’a même sortie de ma lecture.

Aristophania - Tome 3 - la Source Aurore

Aidé par ses sbires et ses puissants calamyrhs, le Roi banni Gédéon est plus fort que jamais. Pour gagner sa guerre secrète contre le royaume d’Azur, il s’en prend à tous ceux qui en maîtrisent la magie, et veut en finir avec la première d’entre eux : la Reine. Pour la retrouver, Gédéon est prêt à tout. Il ne reste qu’un espoir ; celui dont rêve Aristophania : trouver la Source Aurore avec l’aide des enfants. Mais le temps presse et désormais tous les laquais du Roi-Banni sont à leurs trousses, bien décidés à ne jamais les laisser arriver en vie à la source légendaire…

  • Broché : 64 pages
  • Editeur : Dargaud (16 octobre 2020)
  • Collection : ARISTOPHANIA (3)
  • Langue : Français
  • ISBN-10 : 2505084084
  • ISBN-13 : 978-2505084082

Xavier Dorison est né en 1972. Après trois années passées dans une école de commerce ? durant lesquelles il lance le festival BD des grandes écoles ?, il commence, en 1997, l’écriture du scénario du premier tome du « Troisième testament » (Glénat), série dessinée par Alex Alice. Le succès est immédiat. Par la suite, il travaille avec Mathieu Lauffray sur le premier tome de la série « Prophet » (Les Humanoïdes associés, 2000), puis avec Christophe Bec sur la série « Sanctuaire » (Les Humanoïdes associés, 2001). En peu de temps, Xavier Dorison se taille une place de choix dans la bande dessinée, place confirmée par « W.E.S.T. » (Dargaud), série qu’il coscénarise avec Fabien Nury, pour l’un des plus grands dessinateurs réalistes, Christian Rossi. Il ne s’arrête pas au monde de la bande dessinée : en 2006 sort le film « Les Brigades du Tigre », adaptation de la série télévisuelle du même nom, qu’il coécrit avec Fabien Nury. C’est en 2007 qu’il retrouve Mathieu Lauffray pour l’aventure « Long John Silver » qui rencontre un très grand succès. En 2008, les éditions Dargaud font appel à Xavier Dorison pour l’écriture du scénario du premier tome du spin off de la célèbre série « XIII » (Dargaud), « XIII mystery » (Dargaud). L’épisode est dessiné par Ralph Meyer. Avec ce même auteur, il imagine « Asgard » (Dargaud), une épopée viking. En 2014, avec Thomas Allart, il signe « H.S.E. » (Dargaud), un récit d’anticipation qui met en avant les dérives possibles d’une société ultralibérale. Auteur très prolifique, il travaille en même temps sur plusieurs séries de bande dessinée, tout en continuant à écrire des scénarios pour la télévision et le cinéma. Entre « Asgard », « XIII mystery », « H.S.E », « Le chant du cygne » (Le Lombard, 2014), « Red skin » (Glénat, 2014) ou « Undertaker » (Dargaud, 2015), Xavier Dorison a prouvé qu’il pouvait aborder des genres aussi différents que l’aventure, le récit d’anticipation, le western ou le drame historique sans jamais se défaire de la dynamique de récit et de la solidité de structure qui caractérisent son travail. Ce n’est donc sans doute pas un hasard si on a lui confié la reprise d’une des plus grandes séries d’aventure de la BD franco-belge : « Thorgal » (Le Lombard)…

Joël Parnotte est né en 1973. Il a suivi l’enseignement de l’école des beaux-arts de Versailles puis le cursus bande dessinée à Angoulême. Il a signé « Hong Kong Triad » aux éditions Le Téméraire, en collaboration avec Vincent Mallié et Delphine Rieu pour la couleur. Ensuite, avec les mêmes complices, « Les Aquanautes » chez Soleil (5 titres au total). Chez le même éditeur, il réalise un one-shot « Un Pas vers les Étoiles », scénario de Jérôme Félix. Chez Dargaud, Balac est séduit par son dessin en découvrant Les « Aquanautes ». La saga « Le Sang des Porphyre » pouvait commencer et se termina en 2013. En 2015, Joel dessine un one shot de Xavier Dorison « Le Maître d’Armes » pour lequel ils remportent le premier prix du 10th International Manga Award. On retrouve le duo d’auteurs en 2019 avec leur nouvelle série fantastique : Aristophania.

J’arrête là, impossible de lire ce troisième tome que j’ai trouvé trop bavard et avec un Parnotte moins bon que sur les précédents. Pourtant Dorison, j’aime beaucoup (son châteaux des animaux est une merveille pour le moment), mais là je dis stop.