Vu aujourd’hui Atomic Blonde.
Et c’est très bien.
Film profondément divertissant et brutal, Atomic Blonde est comparé à raison autant aux Jason Bourne (pour le versant espionnage, mais surtout pour les scènes d’action, ultra-brutales et avec une volonté de faire pseudo-réaliste : les coups marquent, les combattants galèrent à rester debout après plusieurs coups, la mort n’arrive pas en quatre coups de poing et un coup de couteau, etc.) qu’aux John Wick (pour la fureur du suivi des combats, et plus globalement l’ambiance générale de folie constante), et ce mix’ fonctionne étonnamment bien.
Attention, soyons clairs : si le scénario nous propose un jeu des chats et des souris à la fin de la Guerre Froide dans la ville-sacrifiée et emblème de cette période de l’Histoire, en plein chaos, et si en effet il y a des manipulations et des rebondissements (à base de personne n’est ce qu’il semble être), Atomic Blonde n’a rien d’un thriller bien ficelé et profond. Le scénario fonctionne, je n’ai personnellement pas vu venir le rebondissement final (l’avant-dernier rebondissement si, au début du dernier tiers à Berlin), cette accumulation de deux gros chocs sur les quinze dernières minutes surprend un peu, mais l’incrustation d’une ultime grosse scène d’action permet de l’aérer ; ça fonctionne, ça fait le job, ça m’a surpris, et ça sert l’ambiance générale.
Cependant, si tout ce jeu n’a rien de honteux, ce n’est pas l’objectif premier du film ; l’objet, l’intérêt d’Atomic Blonde se trouve dans une ambiance générale, à la fois poisseuse, étouffante, d’un monde sur le point de finir, que pleine de fureur cool et absolue.
David Leitch, spécialisé à la base dans les cascades, parvient à créer une vision sale et dérangeante de la ville de Berlin, au bord du précipice de son propre fait. Les espions sont partout, tout le monde se ment, mais c’est bien ce goût de souffre, de démence, cette ville abandonnée où les immeubles vidés et pillés sont partout (facilité de réalisation, certes, mais aussi marque d’une cité en plein émoi, en plein suicide) ; et avec cette dose de cool dans les échanges verbaux, de fureur dans les affrontements, l’ambiance prend, c’est électrique, brutal, fou.
Puissant, en fait. Leitch parvient à insuffler un souffle, parfaitement servi par un scénario classique bien qu’efficace, et surtout des acteurs.
Charlize Theron est sublime et impressionnante, c’est évident ; mais, surtout, James McAvoy impressionne par son magnétisme, sa présence, sa fougue. Si la première est l’héroïne et juste parfaite, vraiment dans ce rôle sur-mesure, c’est plus McAvoy qui m’a ébloui. Sa prestation est telle qu’il vole la vedette à une héroïne pourtant idéalement incarnée.
Tous deux forment un duo terrible, l’opposé l’un de l’autre dans cette ville et cette vie qu’ils mènent ; le ballet qu’ils entament dans le film est passionnant, et chacun livre une prestation énorme… même si McAvoy m’a plus marqué dans le jusque-boutisme.
Très bonne surprise que ce film pop et furieux, servi par une réalisation efficace qui ne verse pas trop dans le fou-fou inutile ; la bande-son s’étant adaptée à l’époque (1989) et ne polluant pas les rebondissements, essayant de servir les événements, c’en est un plaisir.
Fun, régressif et brutalement intriguant et étouffant, Atomic Blonde m’a beaucoup plu, et ça fait bien plaisir !