Début des années 1960. Les services secrets français recrutent le jeune André Merleaux, de retour d’Algérie. André se forme auprès de vrais espions davantage préoccupés par leurs notes de frais que par leur mission. La route est longue pour devenir un espion digne de 007 dans un service labyrinthique, kafkaïen et absolument certain de la suprématie française sur le monde.
Tiens, je n’avais jamais entendu parler de ce projet.
Le trailer, s’il contient de bons moments, ne m’a pas mis le cul par terre, mais je suis curieux quand même : Jean-François Halin m’a bien emballé avec ce type de sous-texte « anti-franchouille » sur les OSS 117. Il tente même des trucs assez subversifs en la matière, je trouve, surtout par les temps qui courent.
J’ai regardé les quatre premiers épisodes (sur les douze que compte cette première saison) jeudi dernier et j’ai trouvé ça vraiment excellent.
On pense bien sûr aux « OSS 117 » d’Hazanavicius, mais l’interprétation entraîne la série dans une direction moins délirante que les films, c’est plus retenu mais pas moins drôle. L’écriture s’appuie sur un comique pince-sans-rire qui égratigne joyeusement les années 60 : on y fait la connaissance d’un « bleu » qui va être formé par une bande d’espions (chacun opérant dans une région du monde différente) qui sont d’authentiques tocards mais parfaitement imbus d’eux-même. C’est la description de cette suffisance qui est très amusante avec le contraste qu’offre le personnage du jeune Merlaux, sidéré par ce qu’il découvre.
La réalisation manque peut-être un peu de moyens, mais contourne cette faiblesse avec de bonnes astuces et un bon rythme (le format d’un épisode de 25’, inhabituel chez nous, est très bien géré).
L’interprétation est royale : les acteurs ne surjouent pas, ça rend leurs personnages encore plus ridicules et irrésistibles dans des situations délirantes.
Comme l’ami penitent, j’ai trouvé cette série, du moins les deux premiers épisodes vraiment sympa.
Très bons acteurs, des dialogues vraiment excellents (c’est le point fort des deux épisodes que j’ai vus), des situations anodines mais qui virent au loufoques, bref à suivre.
Formidable deuxième saison grâce toujours à une interprétation sans faille, une écriture aux petits oignons mais surtout une ambition qui lui permet d’échapper au piège de la redite sans pour autant perdre son essence.
La série continue toujours à brillé dans sa capacité à être le miroir critique de notre époque et a mélangé si finement l’espionnage avec la machine bureaucratique. Beaucoup plus axé sur la Guerre Froide, elle explique savoureusement bien les causes de la crise de la baie des cochons ou la construction du mur de Berlin. La guerre (pardon, les événements) d’Algérie reste aussi une grosse source de scène d’épisode excellent (le référendum)
Mais ce qui fait la différence c’est d’avoir mis d’avantage l’accent sur les personnages. La série semble devenir un character-driven dont la quête de Merlaux serait le fil rouge. A travers lui se définit de nouvelles relations (avec Moïse qui devient une nouvelle figure paternelle pour un personnage en plein crise d’adolescence) et des évolutions bienvenues (Marie-Jo bien sur). Le trio des pieds nickelés quand à lui reste aussi, si ce n’est plus, grandiose qu’avant avec un Jacquard tout aussi opportuniste, un Calot à l’esprit tordu d’une rare intelligence (on dirait une sorte de Perceval paranoïaque) et un Moulinier amoureux.
La série tresse une vraie et bonne histoire d’espionnage avec son grand méchant et ses héros tout en restant drôle. Brillant