Ça y est, j’ai enfin entamé la lecture des trois premiers numéros, qui sont quelque part sur la pile (ou le tas : ça ressemble plus à un tas, désormais) des « à lire ». Donc je lis d’un bloc, par série.
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Déjà, ce que j’apprécie (est-ce que ça va durer, je ne sais pas, mais c’est réellement un plus, d’un point de vue éditorial), c’est que le magazine a un sommaire stable. D’abord Thor, ensuite Captain America, ensuite Young Avengers, ensuite le complément de sommaire. C’est très bien. Déjà, pour le quatrième, ils annoncent une double ration de Thor et de Young Avengers, ce qui fait voler en éclat ces bonnes intentions, et c’est dommage. Décidément, ils persistent, chez Panini.
Mais bon, sur les trois premiers numéros, l’effet est très agréable.
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Alors moi, Captain America, j’aime beaucoup. Je ne suis pas toujours fan de McNiven, qui livre en général des planches illustratives mais pas très narratives, qui ressemblent à de jolis posters tout froids. Là, ça va encore, c’est musclé, c’est sympa. Et Sharon Carter dessinée par lui est vraiment trèèèèèèès jolie.
Question rythme, je trouve ça pas mal. C’est même assez rapide, ça change des derniers arcs mollassons et répétitifs sur Captain America (formule précédente). Là, il se passe plein de choses. Le premier épisode est assez exemplaire, on y trouve deux bastons (rapides, ouf…), la révélation de la menace, des flash-backs constructifs et des subplots. La suite est pareil, ça va assez vite, et ça mélange plein de choses venues du passé de Captain America (l’Améridroïde, bien content de le revoir, par exemple). Et le troisième épisode nous laisse en plein suspense. Et ça fonctionne bien. Effectivement, Brubaker s’éloigne un peu de l’atmosphère « espionnage / complot mondial » de la série précédente, et ça fait du bien. Ça lui réussit assez, cette orientation plus lumineuse, et j’espère que ça va continuer. Comme il aime fouiller dans le passé de Marvel, je suis curieux de voir ce qu’il peut encore en tirer. J’espère aussi que ça ne prendra pas la tournure des séries de Bendis, qui ont commencé sur une note très marvélienne, avec des vilains colorés et tout, et qui replongent dans les affaires de luttes entre agences internationales et tout et tout…
Le seul bémol à cela, c’est que je trouve la traduction un peu trop lâchée question jurons. C’est du chipotage, certes, mais bon quand même…
Young Avengers, c’est vraiment très agréable à lire. La construction des épisodes y est pour beaucoup (ah, les cliffhangers, purée, Heinberg a le sens pour ça !!!), et les dessins de Cheung sont vraiment magnifiques. Les personnages sont d’une grande beauté et il ne trompe pas son client question décors. Ce qui est pas mal aussi, c’est qu’il est assez dans la veine des dessinateurs bien propres qui sont à la mode aujourd’hui, genre McNiven, tiens, mais son dessin et sa narration n’en pâtissent pas. Les images ne sont pas molles, et pourtant, il n’abuse pas des traits de mouvements. Il est à peu près sur la même économie de moyens que les autres, mais ses planches sont grandement dynamiques. Épatant.
Question histoire, j’aime beaucoup, c’est très agréable, ça boucle plein de choses, ça retombe sur ses pattes, les interactions entre personnages sont réellement cohérentes, les Vengeurs sont mieux écrits en quelques pages de Heinberg qu’en douze épisodes de Bendis, bref, c’est du tout bon.
Je suis pour ma part moins fan que de la première série. Celle-ci avait sans doute pour elle l’avantage de la surprise, et offrait une succession de révélations concernant les héros, qui maintenait le lecteur sous la pression. Et je trouvais que la manière de construire ce groupe était d’une grande finesse : Heinberg était parvenu à créer des personnages sensibles et crédibles tout en respectant et prolongeant l’héritage d’Avengers. C’était très finement joué, et ça reposait sur des bases de la continuité qui démontraient que le scénariste avait fait ses devoirs avant d’écrire. Bref, ça flattait à la fois la chèvre et le chou, c’était une réussite totale, avec un suspense constant et de grands moments d’émotion.
Là, bien entendu, les choses sont posées, on connaît les personnages et les enjeux autour d’eux, donc le suspense est porté ailleurs. Donc je suis un poil moins enthousiaste, mais c’est quand même un exemple d’excellent comic book comme j’aimerais en lire non pas plus souvent, mais tout le temps : c’est solide, c’est bien caractérisé, c’est puissant sans être violent, c’est coloré sans être kitsch, ça fait appel au vieux fond marvélien, et ça ne lésine ni sur les intrigues ni sur le casting.
Vraiment, là encore, carton plein.
Je n’ai lu que le premier Thor, pour l’instant. C’est sympa, même si je n’ai compris le coup de la graine cosmique qu’àprès coup. Là, je ne crois pas que ce soit la faute de la composition d’Olivier, je pense plutôt que c’est le caractère elliptique des dialogues et du lettrage, qui auraient pu être plus explicite, surtout avec une voix off qui bascule entre deux séquences alternées. Mais bon, ça va, quand même (sans doute que j’étais un peu inattentif).
Graphiquement, c’est très joli. Sif a rarement été aussi belle et séduisante. Et Olivier pousse à fond son goût pour les trognes et la caricature. Ce qui donne des scènes très vivantes. J’ai l’impression de voir l’influence de Walt Simonson, parfois, dans le traitement des mimiques et des moues. Très sympa.
Après, je ne suis pas fan de la structure en double page. Sur le principe, je n’ai rien contre, mais dans la pratique, à cause de la reliure en dos carré, on perd l’effet de grande image et on finit même, parfois, par lire les bulles dans le mauvais sens. J’ai lu une première fois l’épisode, et je viens de le reparcourir en faisant attention aux doubles pages, et effectivement, l’ordre « officiel » n’est pas celui que j’ai suivi durant ma première lecture.
Ça ne m’a pas gêné tant que ça. Si on est optimiste, on dira que Fraction et son lettreur (Workman ?) ont pris soin de ne rien écrire à cheval sur les planches qui vienne perturber la lecture. Si on est pessimiste, on dira que les textes de Fraction ne sont pas suffisamment importants pour qu’on rate quelque chose d’essentiel. Mais je trouve dommage quand même de systématiser le procédé de la double page, car je crains que ça ne se fasse au détriment de la lisibilité de la série.
On verra sur le long terme, ou en tout cas sur le moyen terme, quand j’aurai lu les deux épisodes suivants.
En tout cas, une excellente revue, un plaisir de lecture.
Jim