Avril et le monde truqué se déroule dans un Paris fictif, une dystopie. Depuis 70 ans, des savants disparaissent, ce qui laisse le monde sans la connaissance de ce qui fait ce qu’il est aujourd’hui. Pas d’électricité, pas de moteur à explosion, pas d’aviation (mais des dirigeables en lieu et place), bref, nous naviguons en plein univers steampunk, où la machine à vapeur et le charbon règnent en maître, avec son lot de pollution et de ciel recouvert de grisaille et de suie (la Chine d’aujourd’hui quoi en terme d’ambiance de brouillard, et la foule qui se promène avec des masques NBC*…). Cette petite introduction est présentée rapidement dans le film, avec un soupçon d’humour, après le générique d’usage (voix et sponsors), et nous plonge rapidement dans le bain. On peut potentiellement regretter cette approche un peu classique, et préférer l’immersion directe et la connaissance du monde dans laquelle vivent les protagonistes, c’est un choix qui ne m’a pas gêné.
Ah tiens, oui, puisqu’on parle d’humour, il est présent tout le long du film par de petites touches savamment distillées, pas lourdingue pour un sou. J’ai vraiment bien apprécié. Mon passage préféré reste le moment où les savants se retrouvent dans la pénombre après une coupure d’énergie, et l’un s’écrit: « Oh non, j’ai pas sauvegardé! »
Revenons donc sur notre héroïne, Avril, qui se retrouve sans parents, à essayer de retrouver la formule ultime, le sérum du Super-Soldat, qui régénérère et rend invulnérable. Elle est en compagnie de Darwin, un chat parlant et de Julius, un voyou à la petite semaine. La question est donc de savoir qui enlève les savants (bien qu’on puisse en avoir une petite idée grâce à la séquence d’introduction), mais aussi dans quel but? Et ça, c’est intéressant dans le dénouement final.
L’univers est cohérent et bien pensé. L’ambiance steampunk est bien décrite, avec différentes inventions bien illustrées, il y a de chouettes idées. On rit parfois de certainescomme du temps de trajet Paris-Berlin, quelle avancée technologique!. Visuellement c’est très chouette, le trait est joli et l’animation n’est pas en reste.
Le monde décrit est relativement pessimiste. En effet, pour résoudre les problèmes d’énergie,le charbon est devenu l’élément essentiel et son exploitation entraîne donc la fin des espaces verts et provoque des guerres. Ce n’est pas sans rappeler notre monde actuel, oÙ le parallèle ne peut que se faire et dont le film tire une espèce de sonnette d’alarme écologique, sans être moralisateur.
Notre héroïne doit donc échapper aux policiers qui cherchent à retrouver son grand-père à travers elle et cette course poursuite va l’amener de surprises en surprises. Les scènes d’actions sont bien dosées et asssez bien espacées par des moments plus tranquilles qui laissent le spectateur respirer (ça fait du bien avec cette pollution).
La fin laisse quelques surprises, bien que deux éléments m’ont gênés. Je les spoile à dessein pour ne pas vous gâcher la surprise, mais la subtilisation des fioles était trop évidente pour que la défaite du boss de fin de niveau soit une surprise; et le baiser final n’était franchement pas obligé et tombe vraiment comme un cheveu sur la soupe.
Mis à part cela, je trouve que ce film d’animation assez réussi, de part les différentes trouvailles, l’univers proposé et le message qu’il véhicule. J’ai bien aimé.
*NBC= Nucléaire, Bactériologique, Chimique, un masque à gaz quoi.