REALISATEUR
Terry Gilliam
SCENARISTES
Terry Gilliam et Michael Palin
DISTRIBUTION
Craig Warnock, David Rappaport, Jack Purvis, Malcolm Dixon, Tiny Ross, Mike Edmonds, John Cleese, Michael Palin, Sean Connery, David Warner, Ralph Richardson, Shelley Duvall, Jim Broadbent…
INFOS
Long métrage britannique
Genre : aventures/comédie/fantastique
Titre original : Time Bandits
Année de production : 1981
Quatre ans après Jabberwocky, le Monty Python Terry Gilliam est retourné derrière la caméra pour réaliser le premier volet de ce qu’il appellera sa « Trilogie de l’Imagination ». Bandits, Bandits (Time Bandits en V.O.) sera suivi par Brazil en 1985 et Les Aventures du Baron de Münchausen en 1988. Pour reprendre les termes du réalisateur et scénariste britannique, ces trois films parlent de « la folie de notre société grossièrement organisée et le désir d’y échapper à travers tous les moyens possibles ». Cette thématique propose trois regards différents : celui d’un enfant dans Bandits, Bandits, celui d’un trentenaire dans Brazil et celui d’un vieillard dans Les Aventures du Baron de Münchausen.
Le héros de Bandits, Bandits est le jeune Kevin. Confronté au matérialisme borné et ennuyeux de ses parents, le garçon à l’imagination débordante se réfugie dans ses livres, et particulièrement dans les récits sur la Grèce Antique, période qui le fascine. Un soir, Kevin découvre que son armoire cache un portail spatio-temporel duquel surgit un chevalier, suivi d’une bande de nains en fuite. En effet, les compères ont volé à l’Être Suprême la carte des portails temporels dans le seul but de voler les plus grands trésors de l’Histoire. C’est là que l’Être Suprême apparaît et Kevin se retrouve poussé à la suite des Nains à travers une nouvelle porte.
L’aventure ne fait que commencer…
Avec Bandits, Bandits, Terry Gilliam a réussi un équilibre étonnant entre comédie, aventures et fantasy ponctué de grands moments de n’importe quoi absolument irrésistibles. Le film est une splendeur visuelle (ce qui n’est guère étonnant connaissant la créativité de Terry Gilliam) et chaque étape de l’aventure de Kevin et des Bandits du Temps déborde d’idées merveilleuses. Dès le prologue, la direction artistique est brillante : à l’artificialité de la routine des parents, obsédés par la télévision et les derniers gadgets à la mode, Terry Gilliam oppose la chambre de Kevin, qui est un véritable petit univers en soi et un reflet de son imagination. Cette chambre est remplie de livres, de dessins, de jouets…autant d’indices sur ce qui va suivre, ce qui peut suggérer que l’histoire n’est rien d’autre que le rêve d’un enfant prisonnier d’une réalité étriquée.
La distribution est excellente. Parmi les Bandits du Temps, on retrouve David Rappaport (la série TV Le Magicien), Jack Purvis (Star Wars, Les Aventures du Baron de Münchausen…) et Kenny « R2D2 » Baker qui nous a quittés récemment.
Ian Holm (Alien, Le Seigneur des Anneaux…) campe un hilarant Napoléon complètement obsédé par sa taille. Le génial John Cleese joue Robin des Bois comme un politicien condescendant entouré de « Joyeux Compagnons » dégénérés et violents. Autre Monty Python, Michael Palin est au centre d’un gag récurrent sur deux époques avec Shelley Duvall (Popeye, Shining…).
Amusé par le scénario (qui décrivait le roi Agamemnon comme « ressemblant à Sean Connery »), Sean Connery a accepté avec joie de participer au film pour le passage dans la Grèce Antique, où l’action ralentit un peu pour permettre à Kevin d’en apprécier tous les aspects. Dans le dernier acte, l’Être Suprême, campé par Ralph Richardson (Le Docteur Jivago), se révèle en vieux bureaucrate pointilleux et un brin blasé par ses créations. Mais s’il y a bien quelqu’un qui vole la vedette à tout le monde, c’est David Warner (La Malédiction, C’était demain, Tron…) qui personnifie avec délice et force répliques croustillantes le Mal absolu qui se déchaîne dans un final d’anthologie.
Aventure fantaisiste, étrange et chaotique, aussi enjouée et malicieuse par moments que sombre quand les événements prennent une tournure plus dramatique, Bandits, Bandits souffre de quelques chutes de rythme dans sa deuxième moitié, mais cette réserve n’altère en rien le plaisir du spectacle réalisé par Terry Gilliam.
Il y a juste la toute dernière scène, qui termine le film sur une note triste (et explosive), qui continue de me laisser perplexe…