Je ne sais pas si c’est l’endroit pour parler de ça, mais je suis en train de commencer à lire le TPB Tales of the Batman by Alan Brennert (« Ah oui ça n’a vraiment aucun rapport avec le topic ? » « Non mais attendez trente secondes, quand même… »).
Brennert, dont je n’ai pas l’impression que le nom soit particulièrement connu par chez nous, est principalement un auteur de SF et un scénariste de séries télé, qui n’a que très peu scénarisé de comic book : le volume en question contient en fait, en 200 pages, la presque intégralité de ses travaux pour DC, et sa production pour Marvel est encore moins « abondante ». Si la quantité n’est pas là, la qualité semble être, elle, bien au rendez-vous (je vous en dirai plus, ailleurs, quand j’aurais fini le volume) puisqu’on lui doit quelques récits assez cultes comme « To Kill a Legend », « The Autobiography of Bruce Wayne », le récit de Noël « Should Auld Acquaintance Be Forgot », ou encore le tout premier Elseworld, Batman: Holy Terror (sans rapport avec la version de Frank Miller…).
« To Kill a Legend », dessiné par Dick Giordano, et que je découvre donc ce soir, est paru dans le grand #500 de Detective Comics en 1981, en ouverture d’autres histoires signées Len Wein, Mike W. Barr, Paul Levitz ou encore Cary Bates et dessinées par Jim Aparo, Walt Simonson, José Luis García-López, Joe Kubert, Carmine Infantino… excusez du peu pour le voisinage… et demeure la plus connue du lot. Le plus étonnant peut-être est qu’il s’agit quasiment de son premier travail pour DC (quatre ans après avoir signé le seul plot de deux numéros de Wonder Woman, les « absents » du TPB).
Dans ce récit, le Phantom Stranger invite Batman et Robin à se rendre sur une Terre parallèle, dont l’une des particularités est que l’histoire « retarde » de quelques décennies par rapport à la chronologie de la Terre « de référence » de l’univers DC – si bien que le Dynamique Duo y débarque à la veille de l’assassinat de Thomas et Martha Wayne, se voyant offrir l’opportunité de les sauver. Mais n’est-ce pas aussi prendre le risque de priver ce monde de son futur Batman, en privant le jeune Bruce de son traumatisme fondateur ?
Batman étant Batman, tolérer un double meurtre, a fortiori celui de ses parents, au nom d’un « plus grand bien » n’entre pas dans sa logique, et il intervient devant les yeux ébahis de la famille Wayne pour empêcher, in extremis, l’assassinat, avant de rejoindre sa Terre d’origine. L’épilogue nous montre alors un petit Bruce au comportement radicalement changé par cette rencontre, délaissant ses jeux pour ses études, des lectures criminologiques et un rigoureux entraînement physique, et clairement sur la voie de devenir lui aussi un Batman quelques années plus tard, mais cette fois-ci avec une motivation positive et non plus négative.
Sachant que Tom King (« vous voyez bien qu’on y vient ! ») n’est pas le dernier pour dénicher et exhumer des références batmaniennes encore plus obscures que celle-là (Kite-Man, Punch et Jewellee… le Capitaine Stingaree !), je me suis brusquement demandé si ce ne pouvait pas être là qu’il ait pêché l’idée pour l’origine de Gotham et Gotham Girl. Que pensez-vous du parallèle ?