BATMAN #1-85 (Tom King / collectif)

Donc Bruce enlève la cagoule maintenant. Ok.

(désolé)

Alors pour moi, c’est décevant. Ca ne mettra pas en péril ce que je pense du run titanesque de Tom King mais là, le « plan VS le contre-plan » fait pâle figure.

Je ne sais pas si c’est le raccourcissement du run qui est à l’origine mais ces deux derniers épisodes sont peut-être les plus faibles, sûrement les plus mous du gland, en raison des tunnels des dialogues comme tu le soulignes.

Ce genre d’explication manque de subtilité et j’aurais vraiment que King me prenne à contre-pied en présentant le fameux « Broken Bruce » qui remonte la pente par l’Amour. Mais là, non, Batman voulait être « broké »… Tom, sérieusement, je t’adore mais là…

Je veux rester positif car Tom King a encore quelques épisodes de boucheries à tailler. Lâche-toi mon Tom, soit un King et j’espère que Clayface aura pris la place du fidèle écuyer. On croise les doigts en espérant qu’à la manière de Scott Snyder, TK aura eu la fine idée de faire repousser une tête.

Oui, clairement.
Un Batman « vraiment » anéanti, « complètement » brisé, qui ne serait pas revenu sans Catwoman… ben ça aurait eu vraiment de la gueule.
Ca aurait acté Selina dans le rôle de la « wild-card », le fameux joker qui trouble le cheminement parfait de Bane.

Là, ça amoindrit la portée des épisodes précédents… et ça fait passer Bruce pour un psychopathe qui aime souffrir, et faire souffrir ses proches.
Un control-freak complet, là où il s’humanisait vraiment récemment.

Si tu parles du fameux « événement », j’ai cru lire dans les sollicitations de janvier un épisode spécial « hommage » à la mort d’Alfred.
Qui demeure, si c’est confirmé, une des idées les plus bêtes et faciles de ce run.

ça serait de la bêtise, c’est clarinette.

Tiens, j’avais une réflexion ce week-end en cette période de relecture de « classiques » sur Batman. J’avais relu « Hush » pour ces excellents souvenirs kiosques chez Semic à attendre la suite de manière impatiente à la lecture des dernières pages!

Et pour moi, « Hush » est un classique. Facile à reprendre, agréable à l’oeil avec un Jim Lee très fort (son meilleur taf, avec des planches peintes, les planches avec Green Lantern sont fabuleuses), je mets cet arc sur un certain pied malgré ses défauts. Mais je retiens, à chaque lecture, ses grosses qualités d’inclusion et de partage de l’univers Batman. C’est en ça que c’est un classique à mes yeux.

Après « Hush », j’ai relu « Dark Victory », un autre classique Loebien avec sa fourniture en grand nombre de personnages. En relisant, je me suis souvenu que « Long Halloween » se déroulait avant mais je n’ai retrouvé le bouquin. A la lecture de la nostalgie, du temps de la mafia, du polar solide, des thèmes abordés par le book, c’est aussi un « classique » plus « classique » dans le canon des « classiques ». Je l’offrirai sans problème. Peut-être plus que « Hush ».

Il en existe plein d 'autres. Mais la question du run de King? Serait-ce un classique?

Malgré sa grande qualité, sa vision du couple (dans le prolongement de « Hush » justement) entre Bats et Cats, je ne sais pas si je le rangerais sur la même étagère que les bouquins de Loeb. Mais pourtant un classique se relit sans cesse et j’ai relu deux fois le run de King.

Alors est-ce un classique ou pas? Mystère et boules de gomme…

Laisse passer le temps.

Le Hush de Loeb et Lee, pour moi, ce n’est pas du tout un classique. Ça l’est devenu en grande partie parce que le temps a passé, et parce que sa structure a permis que ça devienne une clé d’entrée pour toute une génération de lecteurs. Dis-sept ans plus tard, on en parle encore.
Rendez-vous en 2036 pour savoir si la prestation de King aura un impact similaire.

Jim

Oui, Hush est à mon sens LE récit le plus simple à mettre entre les mains de quelqu’un qui voudrait découvrir Batman en comics, ou s’y remettre des années après.
Hush est une porte d’entrée formidable, extrêmement fluide, bien fichue, ludique et très complète sur le Batverse.

Maintenant, est-ce que le run de Tom King sera un classique ?
J’en doute.
Pour beaucoup de défauts, pour une forme de déception qui arrivera certainement du fait d’une fin qu’on sent déjà escamotée.
Et, aussi, parce que même le « fameux » run de Scott Snyder n’est pas non plus un classique.

En parallèle, le run de Tynion sur Detective a toutes les chances de le devenir, lui.

En ce sens, je ferais bien un parallèle avec le rôle qu’a pu jouer un « Civil War » premier du nom chez Marvel : un récit correct mais sans plus (à mes yeux en tout cas) mais bien calibré pour le proverbial nouveau lecteur en guise de porte d’entrée ; pas vraiment calibré, par contre, pour les vieux briscards.

House of M aussi dans une moindre mesure.

Tout dépend de qui sont les vieux briscards :wink:

Et d’à partir de quel âge Photonik les considère âgés.

Long Halloween pour moi ou année un de Miller.

(W) Tom King (A) Mike Norton, Jorge Fornes, Dave Stewart (CA) Lee Weeks
Now features art by Jorge Fornes and Mike Norton and a new story: What’s it like to be Batman from day to day? What are the challenges that the Dark Knight Detective faces? From thieves to marauding monsters, writer Tom King takes us across the gamut of experience to show the vast scope of what it takes to fill the Batman’s boots…and then what it means when he goes back home.
In Shops: Oct 30, 2019
SRP: $4.99

Source : www.comicsbeat.com

Bien sûr.
Quant à leur âge, aux vieux briscards en question, c’est évidemment variable aussi mais je dirais les lecteurs qui auraient 25 bonnes années de comics derrière eux, quoi…

Pour qu’un classique soit un classique, il faut aussi qu’il y ait une unité graphique forte. Donc une équipe stable. Loeb et Lee sur douze épisodes d’affilée, Miller et Mazzucchelli sur quatre chapitres forts. Fatalement, sur autant d’épisodes, il devient difficile de maintenir une cohésion (et la prestation de Snyder et Capullo leur donne un avantage évident dans la course au « classique »), surtout si l’éditeur se met en tête de sortir un épisode tous les quinze jours.
Les grands classiques (qui me viennent à l’esprit) procèdent de cette logique. Les Daredevil de Miller, les Thor de Simonson, les X-Men de Claremont et Byrne, les Iron Man de Michelinie, Romita Jr et Layton, les Green Lantern / Green Arrow d’O’Neil et Adams, les Batman d’Englehart et Rogers, les Captain Marvel de Starlin… À l’unité dramatique correspond une unité graphique, dans bien des cas. Et je crois que ça participe du truc.
Aujourd’hui, les éditeurs ont pris l’habitude de forcer les dessinateurs à jouer aux chaises musicales (sans doute avec, dans un coin de la tête, l’espoir d’éviter une nouvelle révolution « à la Image » construite sur un vedettariat graphique associant trop fortement une licence à un style), donnant la prééminence à un scénariste. Quand la partie graphique offre une certaine unité (par exemple, les Detective Comics de Tynion IV sont construits autour de la sensibilité commune à Barrows et Martinez), les changements de dessinateurs peuvent passer sans souci. Mais aujourd’hui, il est plus compliqué d’imposer une grosse prestation. Et certaines réussites récentes, comme Justice League Dark ou surtout Immortal Hulk (des équipes stables au service d’un projet), confirment l’adage.

Jim

Oui, c’est vrai.
Le graphisme compte autant que le scénario pour cette appréciation de « classique ».
Et, partant de là, le run de Snyder et Capullo a plus de chances de le devenir, malgré ce que je disais. Notamment parce qu’avec leur Last Knight on Earth, ils auront même donné une « fin » à leur Batman…

Pas faux.
Mais quel récit bête et méchant, Civil War. Surtout bête, d’ailleurs.

Disassembled aussi.
Je pense d’ailleurs que si les lecteurs de l’époque ont commencé avec Civil War, ils ont récupéré jusqu’à Disassembled et ont pu « facilement » aborder World War Hulk, Secret Invasion, Dark Reign, Siege…
C’est complètement inégal, et souvent loupé, mais il faut avouer que Marvel avait une fougue, une puissance et un souffle qui faisaient du bien, alors.

Je comprends ; mais je ne suis pas d’accord.
A Long Halloween est un formidable récit policier, Year One est une origine ultra-puissante et une geste épique.
Mais je ne pense pas qu’un lecteur lambda, qui connaît Batman « juste » par quelques films ou séries animées, puisse vraiment se lancer avec ça ; pas la majorité, en tout cas. Ces récits sont trop ambitieux, profonds, tranchés aussi dans leur graphisme.
Là où Hush est bien plus simple (simpliste, un peu), consensuel - autant dans son propos que dans son graphisme.

Cool !
Du haut de mes 32 ans, je n’ai plus que 4 ans à attendre pour y passer. :smiley:

C’est l’unité de l’équipe qui compte, je crois.
Après, il y aura toujours des exceptions : la prestation de Slott sur Spider-Man me semble appelée à devenir un classique, mais ce sera peut-être du fait qu’il a remis la licence sur pied après des années d’errance. Peut-être pourra-t-on dire la même chose des New Avengers de Bendis (hélas, à mon goût). Là intervient le fait qu’une prestation d’un auteur ou d’une équipe se situe dans un contexte, et que si ce contexte est difficile pour la série, l’arrivée de créateurs capables de la remettre sur rail est considérée d’emblée comme un électrochoc. Cet effet a fonctionné pour Miller sur Daredevil, pour Simonson sur Thor, pour Byrne sur Fantastic Four (trois auteurs qui étaient déjà passés sur ces séries, et dont les premiers pas n’ont pas accédé au statut de « classique » ; dans le cas de Miller, c’est son premier scénario, avec l’arrivée d’Elektra, qui marque le tournant pour bien des spécialistes). Dans le cas de Peter David pour Hulk, on a l’effet « série invendable qui connaît un renouveau », et l’alliance avec un dessinateur marquant (McFarlane). Cette combinaison de facteurs favorables, on la retrouve dans les X-Men de Wein, Cockrum et Claremont.

Cette idée sinon de « fin », du moins de cycle terminé, ça joue beaucoup. Miller, même s’il avait d’autres idées en tête, quitte Daredevil une première fois avec l’épisode de la roulette russe, et ça clôt sa prestation. Simonson sur Thor fait de même. Morrison sur Batman.
L’exercice n’est pas toujours facile : entre les transferts d’auteurs, les départs précipités pour cause de fâcherie, les arrêts pour raison de mévente, il y a plein de circonstances qui peuvent empêcher des auteurs d’aller au bout de leur projet. Chez Steve Englehart, c’est un peu ce qui manque, et dans mon souvenir, seuls ses Batman et ses Silver Surfer bénéficient d’une véritable conclusion (même si, pour le premier, il a relancé la machine à plusieurs reprises).
Après, et toujours en songeant à Englehart, je crois que la notion de « classique » dépend aussi du fait que les auteurs suivants vont piocher dans le matériau laissé par l’équipe. Je crois que les Batman de Morrison lorgnent vers le statut de classique à cause de l’effet électrochoc évoqué plus haut, mais aussi parce que ces épisodes ont laissé plein de choses (des héros secondaires, Damian, quelques ennemis qui s’incrustent comme le Professeur Pyg…). Chez Englehart, ses apports nombreux à Captain America, aux Avengers ou à la Justice League font que l’on revient souvent à son travail, qu’il est souvent cité par ses successeurs (Brubaker notamment a souvent évoqué Englehart) et qu’il est souvent réédité.

De là, j’aurais une question à amener dans le débat : King, on l’a vu, a souvent construit ses épisodes en écho à d’autres chapitres (des « classiques » ?). De même, il ne cherche pas à créer des personnages nouveaux ni à redessiner la chronologie du héros (au mieux compresse-t-il différentes versions contradictoires). C’est lui qui brode sur le matériau laissé avant sa propre version. Donc laissera-t-il suffisamment de choses sur lesquelles broder, à ses successeurs (là où Snyder a au moins laissé la Cour des Hiboux ou la machine à clones) ?

C’est clair que pour un débutant, Jim Lee, c’est plus accessible que Tim Sale.

Jim

On pourra peut-être aussi « cibler » les périodes de Dan Slott aux dessinateurs.
On parlait de la période Big Time il y a peu. Dan Slott m’y semble irrémédiablement lié à Humberto Ramos, qui fonctionne si bien sur Spider-Man.

Qui dispose aussi de « peu », finalement, de dessinateurs.
David Finch, un peu de Coipel, un peu de Deodato, beaucoup de Yu, du Immonen… il y en a d’autres, mais on peut grosso-modo associer le run de Bendis à ces dessinateurs-là.

Je pense que Dan Slott sur Spider-Man se dirige vers une appréciation « à la Peter David sur Hulk ».
Une prestation immense, respectable ; mais des « périodes » considérées cultes ou marquantes qui sont différentes selon les gens… et les âges.

Oui, ça cadre complètement une prestation. Surtout quand les auteurs se sont payés le luxe de créer ou recréer l’origine du personnage.
Je n’adhère pas à tout ce que fait Scott Snyder sur Batman, mais l’homme s’est offert la possibilité d’écrire sa nouvelle origine et sa fin. Efficace.

Je suis honteux, je n’ai rien de marquant de cet auteur en tête…
Mais faut dire que j’ai une grande inculture concernant les grands oeuvres et grands auteurs avant les années 90.

Clairement, non.
Notamment parce que Tom King n’écrit et ne veut essentiellement écrire que sur le couple Bat/Cat.
Or, DC a déjà acté (par le choix de saborder la fin de son run) que l’auteur ne pourra pas aller jusqu’au bout. Du coup, on ne retiendra sûrement pas grand-chose de son run… car tout son projet est bloqué par l’éditeur (ce qui est honteux, car il me semble clair que Tom King l’annonçait dès le départ).