BATMAN : À LA VIE, À LA MORT (Tom King, Lee Weeks)

M’ouais, enfin bon…
Tom King, en bon grand traumatisé d’Alan Moore, adore faire résonner les mots, répéter les sonorités, décliner les champs lexicaux. Sauf que si ce genre de redondances passent très bien dans la langue anglaise, c’est pas toujours aussi heureux en français. Qu’aurait-il fallu mettre ? Aurait-il fallu appuyer autant sur la forme ? Et risquer un truc genre « Occupé. / Oui, je connais bien vos… occupations. » ? Avec le danger d’alourdir l’ensemble ?
Alors que le choix proposé permet de mettre en avant l’ironie propre à Alfred et la complicité nouée entre le majordome et son patron, tout en rebondissant sur des phrases clichés qui assouplissent considérablement le texte.

Traduire, c’est choisir. Et choisir, c’est renoncer.
J’avais lu l’Annual à sa sortie en VO, et je l’ai relu récemment à l’occasion de la sortie de la version noir & blanc (qui est magnifique). Et je crois que je l’ai savouré davantage dans cette version. Je n’avais retenu que le supplément de Lark, très touchant et très habile, mais à la relecture, j’ai apprécié l’ensemble.

Enfin, je déconseillerais aux lecteurs, qu’ils soient chevronnés en anglais ou pas, de faire des comparaisons trop souvent. D’une part parce qu’on peut toujours tomber sur de véritables mauvaises traductions. Et d’autre part parce que, dans le cas d’une bonne traduction, il y a de fortes chances que le traducteur se soit éloigné de la forme pour privilégier le fond. Et ce faisant, se soit éloigné (plus ou moins) considérablement du texte d’origine. Personnellement, je suis toujours favorable à l’idée de s’éloigner du texte : c’est ainsi qu’on peut mieux le retrouver.

Jim