La nouvelle formule kiosque d’Urban commence sous de bons auspices avec ce premier numéro très convainquant, autant sur le plan de l’éditorial que du contenu.
Le changement de format ne me déplaît pas, et la perspective d’avoir un magazine mensuel doté d’une pagination conséquente est toujours plaisante (c’est bien simple, cela me rappelle le Marvel Universe de la grande époque de l’ère DNA), avec en outre un bon rapport quantité/prix (8 épisodes pour moins de 6 euros) et un sommaire plutôt solide sur le plan qualitatif, enfin jusqu’à l’arrivée du « All-Star Batman » qui risque de faire un peu tâche.
Dans la foulée d’un épisode Rebirth introductif dont l’intérêt principal réside dans l’utilisation du calendar man, Tom King entame son run sur les chapeaux de roues avec une très chouette premier numéro et un second tout aussi réussi. Après plus de 20 numéros, le run du scénariste n’a pas l’air de faire l’unanimité (bien moins que « Detective Comics » en tout cas), mais pour ma part, en terme de storytelling, de découpages, de dialogues, et de rythme c’est le titre de ce sommaire qui me convient le plus à ce stade.
King maîtrise bien je trouve l’écriture des personnages secondaires et les particularités de leurs caractères respectifs, qu’il s’agisse du côté pince sans rire d’Alfred (l’anecdote du Katana est assez marrante), et de l’ironie de Gordon (son allusion aux masques semble indiquer que l’on est pas prêt de revoir de sitôt le Bat Gordon).
Finch n’a jamais été un de mes dessinateurs favoris (je garde un très mauvais souvenir de son « Moon Knight »), mais là ses planches sont plutôt mises en valeur grâce à l’encrage, mais aussi et surtout en raison du boulot épatant de Jordie Bellaire sur le plan de la colorisation. C’est toujours un plaisir de retrouver le style de John Workman et ses onomatopées inimitables, en raison de la qualité de son travail, mais aussi parce que cela rappelle immanquablement des souvenirs de lectures liés aux oeuvres de Simonson.
Le nouveau costume signé par Capullo est plutôt pas mal, et j’aime bien également le design de la Batmobile, qui me rappelle fortement celui de la meilleure version, à savoir celle de Batman TAS.
Je ne connaissais pas jusque-là le travail de James Tynion IV, la présence de Snyder m’ayant incité à faire l’impasse sur « Batman Eternal », et du coup son arrivée sur « Detective Comics » constitue une véritable bonne surprise inattendue.
Une caractérisation soignée, une mécanique narrative bien huilée, une très bonne gestion du groupe et une mise en avant appréciable de Kathy Kane et de son propre background ; ce titre pas vraiment « Batman-centric » ne manque décidément pas de qualités, et cette impression de lire une série Batwoman déguisée en team-book le rend encore plus savoureux (le rôle important du père et l’apparition de Renee Montoya renforcent cette impression passagère).
Sur la partie graphique, Eddy Barrows se montre très inspiré avec un style lorgnant du côté d’Ivan Reis, et Alvaro Martinez ne démérite pas non plus. L’intrigue ne manque pas de chouettes concepts, avec notamment le simili-équivalent de la Salle des Dangers adapté à l’univers du chevalier noir.
En raison de son destin et de ses capacités, le personnage de Clayface a un potentiel dramatique et horrifique assez passionnant (Alan Moore l’avait bien compris dans un annual illustré par le trop rare George Freeman), comme le prouvent certains des meilleurs épisodes de la série animée de Bruce Timm, Paul Dini et Eric Radomski (la lecture d’une rétrospective m’a donné envie de me refaire la série dans son intégralité encore une fois).
Suite à un prologue qui a pour principale fonction de clore la période entamée avec l’excellent titre « Grayson », l’intrigue de la série « Nightwing » me paraît un peu convenue, et j’espère qu’elle ne va pas trop s’éterniser sur la Cour des Hiboux, un reliquat du run de Snyder que je n’apprécie pas plus que ça. L’arrivée du chaperon de Dick va peut-être réveiller mon intérêt, mais j’en doute, vu que ce nouveau personnage a l’air assez générique sur le plan du design et du comportement, et son attrait éventuel se résume au contraste lié à leurs méthodes diamétralement opposées.