À l’approche de la sortie de ce dernier tome de la série (que je n’ai pas suivie en v.o. mais via cette édition d’Urban), je me suis dit qu’une relecture s’imposait. Dans mes souvenirs la qualité de la série est en dents de scie : de bons tomes 1 et 4, des tomes 2 et 5 moins inspirés, et des tomes 3 et 6 qui m’ont laissé des impressions plutôt pénibles. D’où sans doute en partie la volonté de relecture, d’ailleurs, avant de casquer 22€ pour le 7…
Et donc, sans plus attendre :

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T.1 : Tueur né**
[ul]]- Et dire que je pensais qu’on ne s’aimait pas, tous les deux…
- Nous ne nous comprenons pas. Ce n’est pas la même chose./:m][/ul]
Wow. Je me souvenais que ce premier tome était bon, mais je ne me souvenais pas qu’il était si bon. 
Tomasi profite de ce que l’espace de cette série lui permet d’explorer la psychologie de Damian Wayne, et sa relation à Bruce, plus largement que ne pouvait (ou ne voulait) se le permettre Morrison, mais il le fait de façon encore très fidèle à ce qu’avait imaginé le glabre Écossais : à la limite entre la parfaite machine à tuer sociopathe et l’enfant orgueilleux tentant de cacher ses doutes, ses failles et ses peurs. Face à lui, Tomasi nous présente un Bruce Wayne tout juste de retour sous le masque de Batman, essayant de dépasser ses propres parts d’ombre qui l’ont longtemps hanté, et craignant de les retrouver dans sa progéniture : est-ce vraiment la seule éducation fournie par Talia qui est à blâmer pour le comportement de Damian, ou ce dernier a-t-il plus de traits de caractère en commun avec son père que ce que celui-ci trouve confortable de s’avouer ?
Tout ça passe dans un récit noir et prenant, sans la moindre baisse de rythme (mais ponctué de moments qui en enrichissent la palette d’émotions), qui met le Duo à la Dynamique Dysfonctionnelle face à un (autre) exécuteur psychopathe, issu du passé de Bruce - plus exactement de l’époque où celui-ci (un peu comme Damian à présent) faisait son apprentissage de justicier -, et qui a, lui aussi, quelques problèmes d’imago paternelle : Tomasi travaille sa thématique en profondeur par le biais de jeux de parallélismes et d’échos, qui ne viennent pas pour autant parasiter le récit (l’efficacité de celui-ci faisant qu’on ne remarque pas tout de suite les ficelles « techniques », maniées avec une certaine maestria).
On n’est pas loin du sans faute (bon, j’aimerais quand même qu’on m’explique un jour ce qui est passé par la tête du doyen de Gotham U le jour où il a autorisé l’installation d’un réacteur nucléaire dans le sous-sol du complexe sportif de la fac !.. et sans parler du passé de la ville en matière sismique !..
).