Tu peux difficilement faire plus serré, tu sais : il faut un mois pour imprimer, un mois pour lettrer et maquetter, et un mois pour commander le matériel et traduire. De toute façon, tu as trois mois quasiment incompressibles de production. Avec les moyens modernes, ne serait-ce que le FTP, tu peux gagner quelques jours de production, tu peux toujours compresser le temps de traduction et de lettrage, mais le risque c’est que ça se fasse au détriment du bouquin.
Donc bon, moi, je préfère un éditeur qui traduit un an après qu’un éditeur qui s’échine à coller au cul du cortège et qui ne soigne pas ses bouquins. Il arrive un moment où l’on ne peut plus ménager et la chèvre et le chou.
Après, de même que j’ai du mal à comprendre que l’on s’angoisse à l’idée de devoir hésiter, tel l’âne de Buridan, entre le kiosque et la librairie, j’ai du mal à saisir que l’on puisse s’angoisser face au décalage entre le VO et la VF. D’une part parce que cette mentalité du « tout tout de suite » m’échappe (après tout, on finit tous par être en retard sur nos lectures, donc pourquoi acheter dès que ça sort, surtout pour la librairie ?). D’autre part parce que, si l’on est bilingue et connecté, on peut commander en ligne (voire acheter en comic shops) et donc lire quand ça sort aux States. C’est de plus en plus facile.
Alors c’est sans doute parce que je suis élevé à Lug, et que je suis habitué à lire mes séries avec des mois, des années, voire des décennies de retard. Mais en tout cas, moi, le retard sur l’édition US, c’est franchement pas un argument. Qu’on me parle de la traduction, du lettrage, de la reliure, autant de détails qui peuvent me décider à préférer la VO à la VF, mais le retard ? Sérieux, je m’en fous. Si l’histoire est bonne, même avec vingt ans de retard, elle est bonne. Si l’édition est soignée, elle est soignée. Je ne juge pas la qualité d’un éditeur à sa réactivité.
Et vu que le gros du lectorat est de ma génération, je me dis que cette obsession de la vitesse, qui emporte Panini dans ses rets, est une erreur, peut-être une impasse, en tout cas une mauvaise estimation des attentes du public.
Jim