Si on te l’a expliqué, c’est bien que quelqu’un l’a compris, quand même ?!?
Je ne comprends pas ton exemple avec All-Star Superman, parce que précisément, Morrison ne change pas ses outils narratifs pour l’occasion : c’est toujours elliptique (les fameuses deux premières pages), y’a pas plus de récitatifs et de bulles pensées que ça… Pourquoi là ça passe et pas le reste ? Flamingo et compagnie, je pense que tu as du comprendre l’intérêt puisque le bouquin de Yann décrypte fort judicieusement la thématique de l’ersatz chez Morrison, la copie au rabais, le substitut à deux balles, qui est un élément important de sa réflexion sur la consommation de masses. Flamingo est un Joker au rabais, le Joker d’un Batman au rabais, à savoir Jason Todd, c’est assez limpide…
Que ce soit violent et bas du front, c’est plutôt un coup de pied dans les couilles de Miller, je pense, et de son Batman assez bas du front justement (que j’aime beaucoup, pour ma part).
Il a fait le même coup avec les New X-Men, avec son Gambit de substitution (Fantômex), etc…pour nourrir sa réflexion sur le statu quo et le côté cyclique des comics (on croit régulièrement réinventer la poudre).
Il faudra un jour que quelqu’un m’explique en quoi Final Crisis est « mauvais » et « incompréhensible »…
Voilà, c’est exactement ça pour moi aussi. J’aime beaucoup Morrison, j’adore son côté britannique, j’aime beaucoup sa complexité comme Moore, il me force à réfléchir, mais par moment, j’ai l’impression d’être tout simplement un con et ça m’agace un peu car j’ai un peu de mal à trouver les réponses (et ces derniers temps, c’est un peu ça, surtout depuis Final Crisis et sup beyond, alors que les Invisibles, même si je loin d’avoir tout lu, je comprenais). Donc, le terme « grammaire » est plutôt pas mal, car c’était un truc que j’avais du mal à appréhender en cours de français, mais une fois que je me suis à faire du latin, j’y arrivais bien mieux. En fait, faut que je trouve l’équivalent latin du Morrison d’aujourd’hui !
Néanmoins, pour lire le retour de Bruce, on a des éléments dans Batman & Robin qui aident beaucoup (mais faut mettre en parallèle)
Je crois que c’est Quitely.
Ça m’a fait pareil sur New X-Men : j’ai adoré le premier arc, et puis, petit à petit, quand il a commencé à être remplacé par d’autres, j’ai parfois perdu le fil.
Oui, j’ai bien compris la thématique, sauf que je trouve pas ça très intéressant.
Je trouve ses idées sur l’art, la copie, les marques, plus intéressantes.
Ce qui n’est pas non plus passionnant (ni très évident, en plus…).
Fantomex, c’est même plus vicieux que cela, puisque c’est un peu une reprise de Diabolik, donc un pont jeté vers les pulps et les vilains de la culture populaire européenne.
Beaucoup d’énigmes lancées en même temps, certaines d’entre elles pas claires du tout (la renaissance des dieux d’Apokolips dans le corps d’autres personnages…), des ellipses pas faciles à suivre (l’arrestation de Jordan…), des péripéties imposées sans préparation ni subplots…
En plus, les changements de dessinateurs n’aident pas à comprendre ce qui se passe.
Le tout pour retomber sur le statu quo du début (mais ça, c’est pas de la faute à Morrison).
Votre conversation est passionnante.
Pour ma part, la véritable difficulté de Morrison chez DC est l’absence d’éléments expliquant le sens et le format de lecture. Lire Return of Bruce Wayne sans les derniers Batman and Robin de Morrison en même temps, c’est inutile et incompréhensible. Lire les tie-ins de Final Crisis en complément de Final Crisis, c’est également inutile malgré la promotion autour.
Ce dont je rêverai, ce serait une édition de TPB ou HC qui reprenne tout le run de Morrison sur la franchise et précise, par des notes en fin d’album ou d’histoire, les références et les épisodes à associer à la lecture. Ca permettrait d’être au clair sur la « continuité Morrison » et sur ses projets.
Ca, cependant, ne peut venir que de DC, qui pourrait arrêter son aveuglément éditorial en préparant des tie-ins aux évènements de Morrison sans avoir les informations de l’histoire de l’Ecossais. Ca donne les tie-ins à Batman R.I.P. qui n’avaient aucune logique et un intérêt très faible, ça donne Final Crisis : Legion of Three Worlds, Final Crisis : Rage of the Red Lanterns, Final Crisis : Revelations, Final Crisis : Rogues’ Revenge ou DC Universe : Last Will and Testament, qui ne font que complexifier l’intrigue en ajoutant des éléments imprévus par Morrison et totalement incompréhensibles. Après, Marvel accompagne aussi DC là-dedans, avec son X-Men : Prelude to Schism qui n’a aucune cohérence avec Schism…
J’ai vraiment hâte de relire ça sous cette forme… C’est bien Alex Nikolavitch qui traduit, non ?
Bon, ravi d’avoir pu échanger comme d’hab’, je pense qu’on ne se mettra pas d’accord, mais ces échanges sont fort stimulants, et remettent un peu les idées en place !
Je m’essairai un jour à tenter d’expliquer dans un post un peu plus réfléchi pourquoi Final Crisis me paraît si important. Yann Graf n’a pas trop eu la place de s’étendre là-dessus, justement.
Tu as tout à fait raison ceci dit de relever que le retour final au statu quo affaiblit le récit : la fin initiale (enchaîner direct avec le relaunch) eût été bien plus forte.
Réjouis-toi, true believer ! Urban sort une édition raisonnée du run de Momo sur Batounet, avec du matériel éditorial, les pages de 52 qui le préparaient, les pages de Final Crisis qui s’insèrent dedans, et tout le quanti !
Et comme ça a été précisé, le tout dans une excellente traduction (d’un métèque étiré en longueur au nom fleurant bon l’Europe de l’Est) avec un matos éditorial de qualité, signé d’un Morrisophile (non, ce n’est pas sale) émérite, déjà auteur d’un excellent ouvrage sur la question chez un éditeur dont le nom évoque des ovidés passés à la gégène.
Merci.
Je ne savais pas que Urban Comics préparait une telle édition : j’étais déjà persuadé d’acheter leur collection, qui m’intéresse pour prendre entièrement le run de Morrison sur la franchise, mais là j’ai plus que hâte de m’y mettre ! Le tome « Geoff Johns présente Green Lantern » était déjà très bon, « Grant Morrison présente Batman » s’annonce encore meilleur.
Je crois que « tomber d’accord » arrive bien peu souvent.
En fait, en général, voilà comment moi je vis des discussions de cet ordre :
soit tout le monde reste sur ses positions, mais tout le monde a été amené à expliciter ses vues avec de vrais arguments, si bien que chaque pensée est plus claire et que chacun peut comprendre le point de vue de l’autre. Ce qui mène à une vision plus générale, voire plus complémentaire. Et rien ne semble sorti d’un chapeau, tout est justifié.
soit je tombe sur un argument fort, qui me fait réviser ma position, et enrichir mon point de vue. C’est plus rare, mais ça arrive quand même régulièrement, parce que je suis passé à côté de quelque chose et que quelqu’un a pris le temps de formuler une explication qui m’éclaire. Parfois, je suis aussi dans le rôle de celui qui explique.
Dans les deux cas, ça fait progresser la pensée, et c’est stimulant, comme tu le dis, et tu as raison.
Tiens, je viens de finir the return of Bruce Wayne et c’est impressionnant comme cela semble s’agencer plutôt bien !
Y a tout un tas de mystères du run de Momo qu’il me semble avoir compris à l’issue de cette histoire.
En revanche, avec Momo, j’ai toujours un doute : ai-je bien tout compris et ce que j’ai compris, est-ce bien ça ?