Bon, bah du coup me voilà à suivre les aventures de Mark Waid en terres DC, un royaume qu’il connaît bien pour en avoir sillonné les contrées pendant longtemps. Et force est de constater que son retour ne se fait pas tellement par la petite porte, puisqu’il gère, même de manière périphérique, le personnage porte-drapeau du catalogue et qu’il semble dérouler un plan assez longuement mûri (un adjectif qui fait plaisir à lire chez cet éditeur où trop de choses semblent avoir été improvisées ces dernières années).
Waid est un scénariste qui a marqué une génération, par ses Flash ou ses Captain America (et bien entendu Kingdom Come), qui ont été autant d’électrochoc sur des séries un peu dormantes. Il a su trouver des idées et développer des concepts qui se sont montrés pérennes. Il y a une époque où il n’a jamais déçu. Ce qui fait que les lecteurs d’aujourd’hui attendent beaucoup de ses prestations (et que, sur la durée, il n’a pas toujours renouvelé l’exploit).
Là, il semble bénéficier d’une grande liberté et d’un espace narratif suffisamment large pour lancer des choses à long terme, alors que certaines de ses prestations étaient limitées à des formats prédéfinis (Black Widow) ou bridées par d’éventuels insuccès (Doctor Strange et ses renumérotations). Depuis son retour chez DC, il semble rencontrer un environnement éditorial favorable qui lui permet de développer des récits au long cours.
C’est le cas ici, puisque Batman vs Robin s’appuie sur son travail récent dans Batman Superman World’s Finest. On y retrouve certains personnages, certains lieux, certains enjeux, certains objets. Et on y retrouve les qualités d’écriture du bonhomme.
Le premier épisode s’ouvre sur un retour inattendu (enfin, très attendu, mais pas ici : d’ailleurs, on se doute qu’il y a un piège, car une telle péripétie se produirait sans doute dans une des séries phares du personnages), puis enquille sur grosse baston bien destructrice opposant le père et le fils (Asrar fait des merveilles). Après quelques belles astuces narratives (la poursuite dans les tunnels), Batman et son nouvel allié retrouvent Zatanna (dans un état shrödingerien assez avancé) qui leur prodigue quelques conseils avant d’énoncer une guerre de conquête dans les sphères magiques. Jusqu’à une révélation finale qui explique le statut de Damian et connecte la série à Batman Superman World’s Finest et à la récente série Robin.
Donc, ça va vite. Et fort. Bon point. Ça mobilise des personnages secondaires trop rares. Bon point. Ça pose de gros enjeux. Bon point. Ça semble vouloir ranger un peu le monde magique de DC, bon point également, même si cela fait un peu redite si l’on songe à la récente version de Justice League Dark par Tynion et V. L’éditorial semble intéressé par la magie (et je dois avouer que ça fait du bien à une époque où les grandes sagas sont dominées par des psychopathes désireux de réduire les villes en esclavage), et Waid semble motivé à l’idée de « bien faire » les choses. Il ne traîne pas, il balance des idées, c’est chouette.
Jim