BEATIFICA BLUES t.1-3 (Jean Dufaux / Griffo)

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Un de les eveils de libido, cette bd !

Longtemps eu que le tome 1.

Jamais lu. Comme plein de trucs en franco-belge.

Jim

ça veut dire que tu n’as pas fait « un de les éveils de libido » ?
(comme moi)

Je ne peux pas vraiment donner un avis, la lecture est ancienne, mais l intégral revient régulièrement dans ma pile de lecture, puis repart, revient.

Par contre le tome 1 fut longtemps une bd à laquelle je revenais enfant. Sans lire, en se perdant dans les cases comme on peut le faire enfant, absorbé par tel détails qu on ne comprend pas vraiment et qui du coup devient un mondes en lui même. Là c était des tempes robotiques, c etait un Jack qui y penetrait.

Cette image (faut il développer ?) ! Ces femmes nues et peinturlurées, ces cheveux punks, un monde sale et des couleurs pastelles.

Kaléidoscope de scènes et d emotions où se mêlaient excitations et sentiment de danger, malsains et beautés.

C’est un peu ma vision de la bande dessinée franco-belge à l’époque, ça.
Ça a changé avec Aquablue, Vortex ou des trucs du genre.

Jim

Faut dire que chez les Humanos, c’était souvent ça !
(ils étaient bien déjà là à l’époque ?)

Effet bilal ?

Ouais, peut-être. Je trouvais la production de Glénat des années 1980 assez peu ragoutante, en fait. Je focalise sur Glénat parce que je recevais leur catalogue (va savoir pourquoi), et que leurs traductions m’intéressaient, ainsi que certaines séries genre De Silence et de sang, mais dans l’ensemble je n’aimais pas. Les couleurs avaient quelque chose de sale et de crapoteux à mes yeux. Difficile d’expliquer plus précisément, mais ça a été longtemps un blocage.

Jim

C’est pas faux, ouais.
Les 7 vies de l’épervier, même si la couleur n’est pas sombre, c’est loin d’être drôle.
Et quand tu élargies même à SOS Bonheur, la couleur a aussi quelque chose de crapoteux.

Je n avais jamais mis le doigt dessus, mais oui la couleur a joué à plein dans la séduction opérée par les comics.

D ailleurs, cela se rejoua au lancement d image.

Le fait que, à l’époque, je sois nourri de comics (donc des aplats, des couleurs saturées…) n’explique pas tout. Après tout, la colo de La Mort de Captain Marvel, à mon sens influencée par la bande dessinée européenne, joue sur ces codes. Mais pas partout. On sent les murs plâtreux, mais les corps, eux, sont héroïques (même malades).
Effectivement, un effet Bilal : comme si tout était minéral, érodé, craquelé.
L’exemple des 7 vies de l’Épervier est intéressant : on y retrouve une approche plus simple, plus narrative, avec des palettes plus nettes. Et comme j’aimais bien à l’époque (et encore maintenant), je me dis que, ouais, la couleur a joué beaucoup dans ma (non) perception du franco-belge.

Jim

Et je m y suis perdu dans ses cases également. Un pistolet brisé au sol, dont les éléments, si on les reconstituait mentalement, laissaient un reste, une pièce en trop.

Que de temps passé absorbé par cette petite image.

Hahaha.
Moi, ce sont les murs tâchés et poussiéreux qui me donnaient l’impression de lire quelque chose de réellement différent. Un choc visuel, avant celui de Watchmen ou de Dark Knight, par exemple.

Jim

Oui, j y pensais à dkr, justement.

La couleur était vraiment différente. Mais malgré tout, pas aussi dérangeante pour l oeil novice que la mort de captain marvel. Pas aussi européenne.

Oui, des couleurs plus chaudes, plus saturées. C’est sur Elektra Lives Again que le choc est plus grand.
Et dans mon cas personnel, quelques années ont passé depuis La Mort de Captain Marvel, et j’ai été exposé à d’autres choses (en BD et en général). J’ai découvert Klimt et Schiele, par exemple, ce qui m’a permis de comprendre certains trucs chez Sienkiewicz et Miller…

Jim

Farpaitement !

Cela joue certainement pour moi dans l admiration que j ai pour cette bd.

Curieux comme je ne realise le rôle de la couleur dans mes emballement qu aujourd’hui,alors que son influence a façonné mes gouts, bien au delà d un simple jugement esthétique.

Oui, un peu pareil pour moi : les couleurs, c’est quelque chose que je ne sais pas définir. J’aime ou je n’aime pas, mais ça ne dépasse pas souvent le niveau du ressenti épidermique. Du coup, je n’arrive pas à mettre des idées et des mots là-dessus, et j’ai longtemps pensé que ça n’avait pas d’incidence. Mais en fait, si.

Jim

La couleur emporte, si j en crois mes souvenirs.

Si lire c est tomber dans un trou, ce qui peut faire horreur et nécessite le dessin comme pour se rattraper à des branches, pour s acclimater à la chute, alors la couleur serait quelque chose qui emporte, qui emmène, qui éveille, le souffle du vent.

Epidermique pourrait avoir un sens paradoxal ici, puisque la peau comme séparation d un intérieure et d un extérieur, serait précisément ce qui est mis à mal par la couleur, qui emporte regard et corps. Comme si, tel un cameleon, nous serions face la couleur immédiatement coloré, notre ressenti devient la couleur.On s en defend, ou on s y engouffre, épidermique !