20 ans après Ed Wood, Tim Burton retrouve les scénaristes Scott Alexander et Larry Karaszewski pour conter l’histoire des époux Keane, artistes devenus célèbres dans les années 50 et 60 pour leurs portraits d’enfants aux grands yeux. Il a ensuite été révélé que Walter Keane ne faisait que s’approprier le travail de sa femme.
[quote]DATE DE SORTIE FRANCAISE
18 mars 2015
REALISATEUR
Tim Burton
SCENARISTES
Scott Alexander et Larry Karaszewski
DISTRIBUTION
Amy Adams, Christoph Waltz, Terence Stamp, Jason Schwartzman, Danny Huston…
INFOS
Long métrage américain
Genre : drame
Année de production : 2014
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C’est pour moi justement l’une des qualités du film. Burton arrive à être carrément en retrait, et en remplacement, il met les acteurs.
Moi, personnellement, j’aime bien Christopher Waltz, il en fait toujours des caisses et je trouve que ça marche bien. Donc là, on a des acteurs qui cabotinent et ça sert assez le propos (les apparences, la promotion du vide…).
Personnellement, j’ai bien aimé la construction, le rythme, les dialogues, les décors, les acteurs. J’ai trouvé ça bien construit, et si le film ne fait pas l’économie de s’interroger sur qu’est-ce que l’art (où est le mauvais goût, pourquoi et comment le kitsch peut accéder au marché de l’art), ce n’est pas son propos. Son propos, c’est l’obsession. La construction du faux. Et de là, le mystère de la création (quelle que soit l’étiquette qu’on lui met dessus ensuite).
Et en ce sens, c’est réussi.
Je survolais la critique de Jean-Baptiste Thoret dans Charlie Hebdo, et pour lui, cette absence de discours sur l’art est un défaut. De même, la voix off l’emmerde. Mais justement, ce qui est formidable, c’est que la voix off est en réalité celle d’un personnage secondaire et totalement incompétent, un imposteur lui aussi.
C’est là que le film tape fort. Tout le monde en prend pour son grade. Les critiques sont méchants, les journalistes sont inféodés, les galeristes sont snobs, le public est inepte et manipulés par les médias qui ne veulent que des potins people… Bref, c’est un monde de nuls en quête de repères. Le procès (qui est particulièrement amusant) est le signe d’un monde qui part en vrille, c’est le point fort de la démonstration.
Et là-dessus, Burton parvient à créer des images visuellement très belles. Sa manière de filmer San Francisco est forte. Il propose un regard qui tranche avec la verticalité habituelle. Au contraire, il filme San Francisco comme une succession de lignes horizontales, barres d’immeubles accrochées aux flancs des collines. Il y a un plan formidable sur une vague d’immeubles bleus qui brosse un portrait rafraîchissant de la ville. Comme un regard neuf. Naïf. Magnifique.
Le film s’ouvre sur une fuite, d’une zone résidentielle qui évoque le décor d’Edward aux Mains d’Argent. D’une certaine manière, c’est Burton qui fuit son propre chez-lui pour aller ailleurs. Et ça lui fait du bien, visiblement.
En l’occurrence, il me paraît difficile d’enlever « moi » et « personnellement »… On sent bien que Jim veut quand même insister sur le fait qu’il s’agit de ses goûts.
En l’occurrence, il me paraît difficile d’enlever « moi » et « personnellement »… On sent bien que Jim veut quand même insister sur le fait qu’il s’agit de ses goûts.
« Moi, je » ou « Personnellement, je », je pense que ça suffit quand même pour comprendre que ce sont ses goûts (on est quand même dans le pléonasme, là). Pour moi, ça fait partie des expressions à la mode, un peu comme « au jour d’aujourd’hui » (qui n’en finit plus d’être à la mode ! )
Ah tiens ?
C’est marrant, parce que c’est une expression de mon arrière-grand-mère, ça, « au jour d’aujourd’hui » (parfaite tautologie), et j’ai toujours pensé que c’était une expression de vieux.
[quote=« soyouz »]Ah bah pourtant, même les jeunes le disent (enfin, ceux que je peux entendre à la télé ou à la radio - ou chez des clients, je crois aussi).
Ton arrière-grand-mère était en avance sur son temps ! [/quote]
Ah tiens ?
C’est marrant, parce que c’est une expression de mon arrière-grand-mère, ça, « au jour d’aujourd’hui » (parfaite tautologie), et j’ai toujours pensé que c’était une expression de vieux.[/quote]
Les modes sont un éternel recyclage (daron/daronne est également revenu, alors que ce n’était presque plus utilisé, de même que surin (ou plutôt son dérivé suriner)).
[quote=« Tori »]
Les modes sont un éternel recyclage (daron/daronne est également revenu, alors que ce n’était presque plus utilisé, de même que surin (ou plutôt son dérivé suriner).
Tori.[/quote]
« Suriner », je connais depuis des lustres. Mais « daron », même chez mes grands-oncles, on ne l’employait pas. Je l’ai découvert dans la bouche de gamins des Ulis, il y a huit ans.
Tu as bien raison, c’est des cycles.
Les argots codés, genre le javanais ou le louchébem, voire le verlan tout simplement, c’est frappant : des trucs sont ressortis ces quinze dernières années alors qu’ils ont été générés il y a cent ou cent cinquante ans.
Rigolo.
Mon grand-père et ma mère aimaient beaucoup l’argot, langage qu’ils trouvaient assez imaginé. Donc même si je ne l’utilise pas aussi souvent et aussi bien qu’eux, ce sont des mots que j’ai eu l’habitude d’entendre !
En revanche, avec « au jour d’aujourd’hui », t’étais surtout montré du doigt !
En même temps, ça dépend de quel milieu ils provenaient… Je connaissais bien avant qu’il revienne.
[quote]Les argots codés, genre le javanais ou le louchébem, voire le verlan tout simplement, c’est frappant : des trucs sont ressortis ces quinze dernières années alors qu’ils ont été générés il y a cent ou cent cinquante ans.
Rigolo.[/quote]
Le louchébem, à part « en loucedé », « loufoque », et peut-être « à oilpé », il n’en reste pas grand chose, quand même (et les personnes qui utilisent ces expression ne savent même pas d’où ça vient, d’ailleurs).
Le javanais, je ne suis pas sûr qu’il ait laissé grand chose…
Quant au verlan, il n’est jamais vraiment parti (mais des trois, c’est aussi celui qui donne des mots plus facilement assimilables dans la langue, même si on arrive à des trucs bizarre, parfois, comme « rebeu », verlan de « beur », lui-même verlan d’ « arabe »)…
En revanche, du vocabulaire emprunté aux Manouches revient.