007 : MOURIR PEUT ATTENDRE (Cary J. Fukunaga)

Tiens, je me dis que c’est pas plus mal de répondre ici…

Oh oui, je m’en souviens : j’avais expliqué que ce que j’aimais dans cette période, c’était que Bond, en tant qu’outil de la guerre froide usé par trop de missions, a un passif très lourd et traîne de nombreuses casseroles, de trop nombreux problèmes irrésolus (l’ancien équipier qui trahit, l’ancien amour larguée sur la route, l’ancien fantôme du service, l’ancienne mission ratée). L’espion appartient à une autre époque, mais cette époque le poursuit et le hante, métaphore efficace d’un Occident qui s’est donné bonne conscience face au spectre communiste, et qui se retrouve embourbé dans ses magouilles honteuses.
Demain ne meurt jamais reste encore pas mal, mais commet l’erreur de déconnecter Bond de son terrain (la voiture télécommandée, c’est rigolo mais c’est la démonstration que le héros est creux, et malgré le côté « méta », ça le dessert totalement), alors qu’il est plus que jamais susceptible de redécouvrir ce terrain, d’y tenir un rôle neuf (la poursuite en moto en est le symbole). Le monde ne suffit pas commence à s’embourber, mais au moins, il a le mérite d’étendre la réflexion à tout le service, pas simplement à un agent incontrôlable (et on ne dira jamais assez l’importance de Judy Dench dans la « modernisation », déjà entamée alors). Et Meurs un autre jour débute formidablement, mais s’enferre presque aussitôt dans les travers des films de Moore, sans compter le déluge de références (certaines assez fines, comme les renvois à l’ornithologie, certaines lourdes comme du plomb, comme le clin d’œil à Docteur No).
C’est d’ailleurs assez marrant, parce que la série a connu plusieurs hiatus (notamment juste avant Craig), et on pourrait croire que c’est à chaque fois l’occasion de reconstruire l’ensemble depuis les fondations (c’est un peu comme ça que les producteurs communiquent, d’ailleurs). Mais en fait, les réfections sont superficielles (on vire les gadgets et les rayons de la mort, on revient « aux sources » polar…).
Parce que, en définitive, les débuts de Brosnan, c’est la suite logique des deux volets de Dalton (recréer un personnage brutal décalé par rapport à son époque), et les débuts de Craig, c’est dans la continuité de la période Brosnan (c’est un peu « méta », un peu référence, un peu relecture).
Si bien qu’au final, pour moi, la vraie rupture, c’est le diptyque Dalton.

Jim