Discutez de Bruce J. Hawker
Vers la fin des années 1970, alors qu’il connaît un certain succès avec Bruno Brazil, Vance est contraint d’abandonner la série car le dernier script de Greg, parti aux États-Unis, n’arrive pas. L’idée lui vient de reprendre la mer.
La mer, il la connaît déjà avec la série Howard Flynn, co-créée avec Yves Duval. Vance songe donc à raconter les aventures d’un officier de la marine anglaise, au début du XIXe siècle. Il propose le projet à l’hebdomadaire belge Femme d’Aujourd’hui, dont il constitue l’un des piliers en matière de BD. Et c’est ainsi qu’il réalise le premier chapitre de la carrière de Bruce J. Hawker.
L’aventure sera reprise par la suite dans Spirou. Mais cette fois-ci, Vance va procéder à quelques changements, supprimant des pages, remontant des planches, rajoutant des scènes de jonction. La version Spirou fait 41 pages, au lieu de 46.
Les manipulations donnent l’occasion d’une histoire courte, qui sera publiée à part. Mais son action sera reprise dans le troisième tome (de sorte que le lecteur qui aborde la série par l’intégrale sera peut-être un peu surpris, dans le premier tome d’icelle, de voir certaines séquences reprises deux ou trois fois, le sommaire ayant joué la carte de l’exhaustivité et ayant présenté les premières planches telles qu’elles ont été publiées dans Femme d’Aujourd’hui.
Les deux premiers tomes sont assez décompressés. On y suit Hawker, ayant récemment obtenu un commandement grâce à l’amiral Nelson. Le premier tome raconte sa première mission, qui se termine en carnage, Hawker et ses officiers survivants étant promis aux geôles espagnoles. Le second détaille son évasion et sa rencontre avec une gitane au crin noir et au regard torride, comme Vance sait les dessiner (c’est tout de même l’un des meilleurs dessinateurs de femmes de tout le franco-belge, à mon goût).
On pourra reprocher à l’auteur, qui signe scénario et dessin, de nombreuses expressions anglaises, qui trahissent sa volonté pédagogiques mais ralentissent la lecture, tant les planches sont remplies de notes de bas de case. Quand les marins espagnols arrivent (tome 2 surtout), le récit est constellé autant d’expressions anglaises qu’espagnoles, ce qui donne un sentiment de lourdeur. Même chose pour les jargons de marin, qui sont expliqués au lieu d’être mis en contexte.
Le troisième tome renoue avec une narration plus compacte, ce qui permet de faire vivre les personnages, qui ont plus de place pour parler. La contrepartie, c’est que les grandes cases montrant les vaisseaux de guerre, la mer déchaînée, le tout dans un style débridé, sont nettement plus rares.
Ce troisième album marque une rupture. Hawker revient, mais les choses ne sont plus comme avant. La suite dans le deuxième tome de l’intégrale.
Jim
La série Bruce J. Hawker, lancée par William Vance et à laquelle André-Paul Duchâteau a participé, aura droit à un diptyque supplémentaire, signé Christophe Bec et Carlos Puerta :
On verra en temps voulu si l’on ouvre un nouveau sujet (ce sera sans doute en fonction de la numérotation des tomes).
Jim