CAÑARI t.1-2 (Didier Crisse / Carlos Meglia)

Durant la décennie précédente, Crisse a lancé plusieurs séries ayant pour dénominateur commun la présence d’un personnage féminin fort dans un univers empruntant aux mythologies du monde entier.

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Ça a donc donné Atalante (Grèce), Ishanti - Danseuse sacrée (Égypte), Luuna (avec Keramidas, Amérique du Nord) et Cañari (avec Meglia, Mexique). D’ailleurs, un petit dépliant dans le premier tome de Cañari vantait les mérites des autres séries, sous l’étiquette globale de « mythologique fantasy ».

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La présence de Carlos Meglia, fort connu des lecteurs de comics mais aussi pour la série Cybersix avec Carlos Trillo, donne un cachet évident au récit. Meglia donne à ses personnages un aspect cartoony sans les vider de leur force de séduction. En gros, ça fait de lui un associé complémentaire à Crisse.

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Les lecteurs français l’ont connu avec Cybersix, une série en noir & blanc. Les lecteurs américains (sur Star Wars, Spyboy ou encore Superman-Tarzan) l’ont découvert avec des couleurs. Le travail sur Cañari est en couleurs également, mais le trait est lui aussi colorisé, ce qui donne un aspect de dessin animé à ses planches, et lui confère un autre point commun avec Crisse, qui a adopté une colorisation similaire sur des séries comme Ishanti - Danseuse sacrée, où son trait est retravaillé par Frédéric Besson.

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L’histoire est étalée sur deux époques. Dans le présent, des surfeurs en quête d’un bon spot s’arrête du côté de Tulum, au Mexique. Mais peu à peu, ils sont attirés par des ruines et des objets empreints d’une magie indicible. Et dans le passé, des autochtones longent un lac sacré, jusqu’à la terrible disparition d’un garçonnet qui les lancera dans une quête où ils traversent les mondes et défient la mort. Les deux temporalités vont se croiser par le biais d’un système de réincarnation dont l’explication permettra d’apaiser les âmes tourmentées.

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Si le diptyque semble résoudre sa propre intrigue, elle finit sur une dernière scène qui laisse la possibilité d’une suite. Sachant que les autres séries estampillées « mythologique fantasy » ont continué, on peut légitimement imaginer que Crisse et Meglia avaient prévu des déclinaisons, une nouvelle quête. Mais le décès prématuré de ce dernier a mis un terme à ses évolutions dans le marché franco-belge, la série Red Song ayant, elle, carrément été coupée dans son élan.

Reste deux albums très beaux, bien écrits et bien dialogués (Crisse a la bonne idée de faire parler les héros des deux époques sur un mode contemporain, ce qui les rend assez attachants, surtout les plus jeunes), proposant une intrigue qui ne renouvellera rien dans les thèmes abordés, mais où s’agitent des personnages attachants.

Jim