CAPTAIN AMERICA : L'INTÉGRALE 1941-1981

6 (dont un en collaboration avec John Warner)…

Merci Doc! C’est déjà moins pire que pour le volume 72 (mais il est vrai que les prix ont augmenté aussi depuis).

C’est un peu le problème de cette collection, au même titre que les Essential, les Showcase ou les Epic. Après, le mérite involontaire, c’est de proposer des « intégrales » (les fill-ins sont intégrés) et de resituer le contenu dans son jus historique.

Stan Lee disait lui-même qu’il ne savait pas trop quoi faire du personnage.
Et ça se sent à des âneries comme le faux retour de Bucky, ou ce genre de choses : il n’arrivait pas à trouver des manières de faire avancer le personnage.

Les trois épisodes constituant la trilogie de « L’Imposteur » (pour reprendre le titre de l’album chez Artima) sont formidables. Au départ, c’est Roy Thomas qui demande à Steve Englehart de « gérer » le Cap des années 1950, celui que Stan Lee et John Romita ont brièvement animé, et qui n’est plus dans la continuité depuis le réveil de Steve après sa congélation infortunée. Du coup, Englehart invente un imposteur (l’un de ces trois épisodes reprend des pages de Romita pour les intégrer dans la vision du scénariste et leur donner une nouvelle portée), qui est le Cap du maccarthyisme, et en trois épisodes, il cause de l’Amérique et de ses travers. Tout en livrant une aventure au rythme effréné. J’ai lu ça à dix ou onze ans, et ça a été un vrai choc. Et c’est quand même le moment où le héros, justement, s’intègre dans le modèle Marvel, en acquérant des problèmes (liés, d’une certaine manière, à son « double corps » : le corps de Steve, mais aussi le corps de l’Amérique).
Et après, effectivement, Englehart va parler de tout ce que Tonton Hermès évoque, ainsi que de la corruption policière, de la tentation du vigilantisme, de la drogue, du pacifisme, de l’amour après cinquante ans…

C’est un sacré choc. Même encore maintenant.
Et effectivement, quand Kirby arrive sur la série, c’est le tollé. Jérôme Wicky me faisait remarquer une chose, récemment : Marvel (donc Roy Thomas, je crois, à cette époque) met Kirby sur les deux séries parmi les plus politiques du catalogue du moment, à savoir Captain America et Black Panther. Alors est-ce un moyen de conserver Kirby sur « ses » personnages sans qu’il aille jouer avec la grosse machine qu’était Fantastic Four, tout en profitant de sa notoriété, même vieillissante ? Ou était-ce aussi une manière de « saboter » la dimension pamphlet des récits d’Englehart et de McGregor ? Y a sans doute un peu des deux ?

Et Brubaker lui aussi se réclamait de la période Englehart. Qui à mon sens a aussi dicté le contenu et la tonalité de la période DeMatteis (également trop méconnue), voire la courte prestation de Stern et Byrne, qui s’intéresse à des sujets voisins (le rapport au devoir patriotique, l’image publique…).

Jim

Merci ça me fait 4 intégrales à acheter c’est malin, j’espère qu’elles sont toutes dispo.

tu m etonnes l imposteur je l ai lu a 8 ans et ce tait une claque… pourtant j en ai pas saisi toutes les implications…

Coates… je sais pas pour englehart… j y vois pas mal de Miller(born again) et du Gruenwald (comme spencer)…
Brubaker oui c etait englehart/steranko/dematteis et un peu moins Gru…

Oui pareil : je savais vaguement que l’Amérique avait connu une période de « chasse aux sorcières », sans trop savoir ce que cela pouvait bien signifier précisément. Mais justement, ces trois épisodes m’ont permis d’avoir une clé d’entrée.

Allez, je ne résiste pas au plaisir d’en remettre une couche (ce qui évitera l’effort de scroller, pour les plus curieux).

Ah là là !!!

Jim

Vils tentateurs.

:wink:

Jim

C’est-à-dire que là, la faute serait de ne pas succomber à la tentation !

J’ai récupéré les 4 intégrales hier, merci maman pour le cadeau d’anniversaire. Je reviendrai dessus quand je les aurai lu, ça va prendre du temps ( suis en plein milieu d’une relecture du starman de Robinson)

Excellente idée.
Va falloir que tu viennes en parler, alors !

Jim

C’est un peu ma madeleine de Proust cette série, je m’y replonge tout les deux ou trois ans et souvent à cette période. Mon père est quelqu’un de réservé, cette série m’a aidé à lui dire je t’aime à Noël y’a quelques années. (Chose que j’avais pas dit depuis gamin )

Cool.
Si tu as commencé la période Englehart, tu as donc dû lire les trois épisodes avec « l’imposteur » ?

Jim

Heureusement qu’ils sont là pour remonter le niveau. Car l’année 72 commence pas terrible. Les scénarios de Friedrich m’ont pas emballé. Les 4 épisodes de Conway remontent le niveau pour finir en apothéose avec l’arrivée d’Englehart.
J’aimais moyennement Sal Buscema plus jeune que j’ai découvert sur spider-man en 1997. Mais là je me surprend à l’apprécier sur captain america. Je le trouve moins nerveux, moins crispé, beaucoup plus fluide, bref très agréable à l’œil. Même si pour moi le meilleur Buscema est John, Sal vient de regrimper dans mon estime.
J’attaque le 160 avec solarr. Les 3 premiers épisodes sont très bons. J’adore les vilains de seconde zone alors avec des gars comme l’anguille, le porc epic où l’homme plante je suis ravi. J’aime l’ambiance de ces vieux épisodes.

Pour moi c’est vraiment le type de dessinateur qu’on aime pas jeune et qu’on redécouvre plus tard en se disant « putain mais quel talent ». Captain America, Thor, Spider-Man j’adore ce qu’il a fait sur ces trois personnages

En te lisant, je me demande quand et comment j’ai découvert Sal Buscema. Avec Rom dans Strange, assurément. Sans doute aussi avec Hulk chez Arédit. Les trois épisodes de « L’Imposteur » font aussi partie des premières rencontres avec son style. Donc en fait, très tôt par rapport à ma découverte des comics. Ce qui veut dire que Sal Buscema m’a constamment accompagné au fil des décennies.
Et ouais, j’aime beaucoup : je trouve ça souple, fluide, super narratif. C’est un moins bon dessinateur que son frère, mais c’est un meilleur narrateur. Rarement beaucoup d’effets (il faut attendre sa rencontre avec Jean-Marc de Matteis sur Spectacular pour qu’il déploie des systèmes narratifs plus ambitieux, ça a un peu commencé avec Peter David avant…) mais c’est toujours exemplaire dans l’efficacité.

Jim

Son frère tu voulais dire ?

Merci. D’un coup, j’ai cru que ça faisait plus de 20 ans que je me plantais.

Purée, ouais.
Bien vu.
En tapant, je repensais à quelqu’un qui croyait qu’ils étaient père et fils. En me disant qu’il fallait bien que j’écrive « frère ». Et j’ai confusionné.
Faudrait que je relise chaque post, quand même.

Jim

Ouais, je m’y retrouve assez, même si j’étais encore gamin quand j’ai commencé à l’adorer, sur les « Spectacular » avec Gerry Conway. J’adore leur run, et le reste de la prestation de Buscema à peu près autant, d’ailleurs.
Ceci étant dit, plus jeune, j’avais été ébloui par ses planches encrées par Akin et Garvey sur « Rom », dans Strange. J’avais même du mal à croire que c’était le même dessinateur que je pouvais retrouver, nettement moins spectaculaire et plus « terne », sur d’autres titres…