J’ai finalement regardé ça hier au soir (les quatre épisodes d’affilée) et j’ai passé un bon moment.
D’après Warren Ellis, le scénar’ à l’origine du projet remonte en fait à une bonne dizaine d’années : on avait commandé à Ellis le script d’un long-métrage d’animation, basée sur la même histoire. Ellis lui-même ignore les raisons qui ont fait capoter le projet en premier lieu, mais c’est Netflix en fin de compte qui le rachète et décide d’en faire une série ; le scénariste revoit alors sa copie et « ouvre » le final pour permettre à une suite de se déployer, mais fondamentalement, ces quatre épisodes correspondent à son script initial.
Ellis déplore un peu que le projet n’ait pu voir le jour il y a dix ans comme prévu initialement, car à l’époque les projets teintés d’heroic fantasy et à l’orientation « adulte » (ce n’est clairement pas destiné à un jeune public, la série est assez violente et explicite graphiquement), exemplairement « Game Of Thrones », n’était pas légion ; la donne a évidemment changé depuis…
S’il est vrai que les deux premiers épisodes sont un chouïa mous du genou et très chiches en action, j’ai quand même beaucoup aimé cette mise en place, notamment les dix premières minutes du show qui présentent Dracula et ses motivations : c’est tout sauf manichéen, et assez beau dans la veine « romantisme morbide / misanthropie douloureuse ». La tonalité change dès le deuxième épisode, avec l’introduction du « héros » (plutôt un anti-héros typiquement « ellisien »), Trevor Belmont. L’humour commence à poindre le bout de son nez.
Les deux épisodes suivants sont beaucoup plus mouvementés, avec quelques bonnes idées au milieu (dont cette séquence où Belmont coordonne la défense contre les demons), dont la moindre n’est pas l’introduction sur le tard d’un perso bien connu des fans de la franchise vidéo-ludique (Alucard, c’est-à-dire Dracula en verlan, et il y a une bonne raison à ça).
C’est franchement pas mal à défaut d’être transcendant ; la tonalité très « rude » du show a un parfum irrésistiblement « ellisien », dont la plume ne perd pas de sa force sur le terrain de la série animée. Et puis le scénariste britannique, fidèle à son habitude, introduit en sous-main un discours violemment teinté d’anti-cléricalisme mais qui réfléchit aussi plus finement qu’il n’y paraît aux caractéristiques de l’époque (1476) où l’action se déroule : bascule entre foi et rationalité, remise en question des traditions immémoriales, discours intéressant sur la nature de la magie, etc…
Par contre, si j’ai bien compris les explications de Warren Ellis, il semble en fait que la prochaine rasade de 8 épisodes ne soit pas la saison 2 à proprement parler, mais la deuxième partie de la saison 1, dont ces quatre épisodes sont en quelque sorte le prologue. A confirmer, quand même (j’ai lu ça en diagonale).