Chez DC ?
Je crois que c’est un signal pour bien faire comprendre que le côté « petit label indé chez un gros éditeur, où tu peux palper des sous si on adapte à la télé », c’est fini.
Sans doute que si, mais je pense que la direction en avait assez de reverser des sous aux auteurs. D’où le virage marqué : des œuvres d’auteur, certes, mais sur des personnages qui appartiennent à l’éditeur.
Je vais me faire l’avocat du diable : Long Halloween et autres récits pré-Flashpoint, ils ne sont plus en continuité maintenant de tout façon, non ? ;p
Mais oui je vous rejoins, c’est clairement un fourre-tout ce Black Label !
Catwoman: When in Rome est effectivement sorti chez Panini en 2005 dans un album intitulé Catwoman à Rome, et Ubran l’a édité deux fois : l’histoire figure au sommaire de l’album anthologique Batman : Des Ombres dans La Nuit en 2014, et elle ressort donc cette année toute seule dans une publication a nouveau intitulée Catwoman à Rome… ; enfin pas tout-à-fait pareil, puisqu’il y a une subtile différence avec les points de suspensions dans le titre !
Pour Selina’s Big Score, comme le dit Jim on a d’abord eu l’album Le gros coup de Selina chez Semic en 2003, puis Panini l’a inclus dans leur traduction de Batman: Ego en 2008, et elle revient maintenant chez Urban dans Catwoman : Le dernier braquage.
C’est un peu une exception, non ?
Je n’ai pas tout le catalogue Black Label en tête, mais j’ai l’impression que c’est un peu le seul projet non associé à un super-héros de la boîte. Je le vois comme une manière de flatter le scénariste.
Sur ce dernier point, on est d’accord : la collection n’a pas d’identité, au départ. Elle la trouve petit à petit.
Héhéhé.
Mais en fait, non.
C’est assez frappant : c’est toute la période entre Flashpoint et Rebirth qui n’est plus canonique.
tu m’as flanqué un doute (parce que je n’ai plus la VF, je crois), mais je viens de vérifier :
Et les auteurs peuvent maintenant choisir ce qui est canonique ou non. Y a pas à dire, DC c’était moins compliqué avant 86. ;p
D’ailleurs à la base les récits de Loeb et Sale sur le passé de Batman et ses alliés, c’est pas censé être hors-continuité puis greffé dessus parce que ça a bien marché ?
Merci pour cette précision, Le gros coup de Selina c’est la traduction du titre dans le Batman : Ego de Panini que je possède en fait !
J’ai bien l’impression. Certains trucs semblent canoniques même en provenant de cette période que le bon goût nous oblige à oublier. Genre, la formation de la Ligue semble officiellement liée à Darkseid.
Je crois que c’est encore un peu au doigt mouillé.
Tellement pas faux.
Les tout premiers épisodes du tandem sont des hors-séries de Legends of the Dark Knight. Donc dans la continuité (rétroactivement réécrite et complétée). Et comme Long Halloween et Dark Victory étant leurs « suites », on peut dire que c’est en continuité.
C’est quand même une impression beaucoup trop récurrente chez DC depuis une douzaine d’années.
Attendons de voir les retcons qui seront fait dans l’univers cinématographique, si ça se trouve une fois l’ombre du Snyderverse enfin effacée peut-être qu’il n’y aura plus cette obsession de lier la Ligue à Darkseid !
Bon après, les origines de la Ligue c’est quand même un beau bazar dès les années 60 où Green Arrow découvre déjà qu’on nous avait menti sur toute la ligne, et ça s’arrange pas post-Crisis, ou plutôt post-Infinite Crisis où finalement on garde la continuité post-Crisis mais visiblement la trinité est quand même membre fondatrice à la place de Black Canary qui les remplaçait à la base. Tu parles d’une simplification !
Il y a un adage chez les Américains qui dit, en gros : « If it’s not broken, don’t fix it ». En gros, si c’est pas cassé, faut pas réparer.
En l’occurrence, je crois qu’ils n’ont pas suivi cette sagesse populaire. Personnellement, je mets beaucoup de choses sur le dos de Didio, qui a promu des projets comme Identity Crisis et Infinite Crisis, qui sont autant de tentatives de casser l’installation précédente (plus ou moins le fruit de Jenette Kahn et de Paul Levitz, pour faire court). Ça se voit à plein de niveaux. Les deux séries que je viens de citer détruisent des personnages, soit en les tuant (Elongated Man et Blue Beetle sont les premiers exemples, avec Captain Boomerang et le père de Tim Drake en seconde ligne) soit en les dénaturant (les principaux héros deviennent des manipulateurs cyniques piétinant leurs propres codes moraux…).
Ce qui nous fait remonter à 2004 : on approche des vingt ans. Infinite Crisis, c’est la grosse bouffée de nostalgie aveugle qui a prévalu aussi à Flash Rebirth puis à Green Lantern Rebirth : des fans d’un certain âge arrivent à un pouvoir de décision et ce qu’ils en font consiste à recréer l’univers qu’ils ont aimé en replaçant les héros qui les ont fait rêver en balayant les évolutions (Wally devenu le meilleur Flash, Hal cherchant la rédemption en tant que Spectre…). Infinite Crisis, c’est clairement, à la fois dans l’intrigue et dans sa dimension méta, l’affirmation d’un retour à l’ancien modèle : on ramène les Terres parallèles, les versions alternatives, tout ça.
Les raisons de cela me semblent toujours obscures. Je comprends la démarche commerciale : on secoue tout, un tue des personnages, on flatte le vieux lecteur (parce qu’on s’est rendu compte que c’est lui le cœur de cible), mais je reste perplexe dans le sens où, selon moi, les ventes n’étaient pas si catastrophiques. Je ne suis pas convaincu que le Batman géré par Denny O’Neil ait tellement moins vendu que celui supervisé par Bob Schreck et ses successeurs. Je dirais même que la période O’Neil me semble avoir laissé un nombre considérable de grosses histoires elles-mêmes ancrées dans une continuité solide, bilan dont les années suivantes, marquées par des « coups » (dont bien sûr Silence, puis plus tard les périodes axées sur des scénaristes), ne peuvent guère se targuer.
Tout ça pour dire que les comics d’avant Didio ne me donnaient pas l’impression d’avoir besoin d’être sauvés. Je me trompe peut-être, bien sûr.
Mais bon, voilà : on rase les avancées établies précédemment, on remet de vieilles figures nostalgiques, et on nappe le tout d’une violence qui, pour ma part, m’apparaît surtout complaisante. Le premier numéro de The Flash Rebirth s’ouvre sur un égorgement et se ferme sur un cadavre qui tombe en cendres. Sérieux ? Pour Flash ? Le héros qui fait rêver ? Qui nous emporte dans le futur ? Dont les ennemis sont un gars qui contrôle la météo, un magicien du futur, un gorille qui parle ? C’est donc ça, les nouveaux comics qui marchent, en 2004 ?
Alors on me dira que, bon, en face, Marvel commence à faire des cartons avec des trucs comme Civil War, et qu’on peut pas rester en arrière. Oui, je comprends la démarche commerciale. Mais sérieux, Didio a cassé le jouet. Non, il a cassé le coffre à jouets.
Et ça va plus loin. Ce mélange de nostalgie et de gore est à la fois confirmé et contredit avec les « New 52 » de 2011, qui font table rase de toute la continuité (celle de post-Crisis, mais aussi la précédente, que l’après Crisis avait d’une certaine manière respectée, soit en la répétant soit en l’idéalisant). Je ne sais pas trop pourquoi, là encore, ils ont fait ça. De mémoire, je crois qu’à l’époque, Flashpoint aurait dû se limiter à une mini-série et ne pas sortir du giron de Flash, mais l’éditorial s’est emballé. Comme souvent. Je pense aussi que, peut-être, dans la rédaction, certains estimaient que les personnages étaient trop transformés, et donc trop difficiles à utiliser. Quitte à avoir des personnages qui ne se ressemblent plus (et peut-être auxquels les lecteurs ne s’attachent plus), autant les transformer. Moi, je finis par voir ces années difficiles comme une sorte de « Heroes Reborn » à grande échelle, une whatiferie qu’on peut écarter.
Toujours est-il qu’après la nostalgie sanglante, les « New 52 » proposent un retour de bâton conservateur de premier ordre. Exit la rousse handicapée qui fournit des informations aux héros, retour au costume moulant. Exit le héros sur le retour et bedonnant qui vit de ses inventions, on retrouve un héros aux tablettes de chocolat. Exit la grosse directrice de pénitencier qui manipule des super-vilains, voilà une bombasse lorgnant vers l’agent de terrain. Et ainsi de suite. Énième clou dans le cercueil, les « New 52 » continuent à dénaturer certains des personnages les plus réussis qui rendaient ce catalogue intéressant.
Donc ouais, pour moi, ça fait à peu près dix-huit ans que l’éditorial casse la mécanique. Et peine à la remonter et à faire tourner le moteur.
Alors ouais, bien sûr, le marché a évolué pendant ce temps, les comics se vendent moins bien, les projets spéciaux et les recueils fonctionnent mais les séries au long cours ont du mal, donc la continuité en prend un coup, les séries sont relancées, les auteurs sont mis en avant, tout ça. Les choses changent, blablabla.
Mais la machine est cassée et l’élan est perdu.
Infinite crisis et pré new 52 en général, n est ce pas aussi l epoque de morisson sur batman, les seven soldiers, final crisis ? L époque de camelot falls de, busiek, de rucka sur wonder woman, checkmate, de brubaker sur catwoman, gotham central, de johns sur gl, des secret six, de la serie 52 ?
Tu dirais que tout cela a cassé la machine ?
Il y a un sacré écart entre le pré 52 et le new 52, pas sur de la pertinence de les traiter ensemble comme un tout.
C’est un épilogue aux deux histoires de Loeb et Sale. Pas essentiel dans l’absolu mais les deux larrons bouclent l’histoire sur Cat. Si t’as aimé les tomes précédents, vas-y.
Ah mais dans les périodes moins bonnes, y a toujours de chouettes choses (même dans la période « nioufiftitou », on trouve des trucs très lisibles, les séries de Jeff Lemire ou de Peter Tomasi par exemple…). Et dans les périodes fastes, y a aussi des radouilles.
Après, personnellement, dans la liste que tu cites, la moitié des trucs me tombent des mains. Les ellipses insaisissables de Morrison sur Final Crisis (dont je ne retiens que l’épisodes 3D de Superman, le reste étant un décalque bordélique de son travail sur JLA) ou les flots d’hémoglobine de Johns sur Green Lantern, par exemple, c’est n’importe quoi. Et je fais partie de ceux qui pensent que la série 52 est soporifique.