CHAMPIGNAC t.1-3 (Beka / David Etien)

Champignac : Enigma

Berlin, 1938. Des ingénieurs allemands présentent à Hitler Enigma, une machine à crypter des messages au code inviolable. Ni plus ni moins qu’une invention qui devrait permettre aux nazis de gagner la guerre…

Juin 1940. L’Allemagne a attaqué la France et la Belgique, qui ont capitulé. Au château de Champignac, le comte, un jeune scientifique spécialiste des champignons, reçoit une étrange missive cryptée. Un défi excitant pour Pacôme (Hégésippe Adélard Ladislas), qui ne tarde pas à en découvrir la clé. Surprise : le message vient de son vieil ami Black qui lui demande de le rejoindre à Londres pour une mission de la plus haute importance. Alors que le château est réquisitionné par l’armée allemande, Champignac arrive à fuir et à traverser la Manche.

À Londres, un nouveau message l’envoie dans le petit village de Bletchley où, aidé du professeur Black, d’Alan Turing et de Miss Mac Kenzie, il va s’attaquer au décryptage de la machine Enigma. Une aventure passionnante qui mettra ses facultés intellectuelles à rude épreuve mais qui lui permettra également de croiser Churchill, de découvrir l’amour (non, pas avec Churchill) et de changer le cours de la guerre.

  • PARUTION LE 04/01/2019
  • Genre : Historique / Humour / Aventure / Crimes & mystères
  • Collection : Dupuis « Tous Publics »
  • Age du lectorat : 12+
  • Etat de la série : En cours
  • Album cartonné - 64 pages en couleurs
  • Hauteur : 320 mm / Largeur : 240 mm
  • ISBN: 9782800174785
  • PVP : 14.50EUR

« C’est facile, ça ! Un problème ? Un ennui ? Bah ! Le comte inventera quelque chose !.. Du temps de ma femme, c’était la même chanson : Pacôme, invente ceci pour ma cuisine ; Pacôme, invente cela pour ma lessive… Et Pacôme inventait !.. »

Ce volume, je l’ai commandé dès que j’ai appris sa connaissance ! ~___^

Tori.

Je viens d’en découvrir l’existence. Et j’aime bien sur le principe, mais je me dis qu’il y avait peut-être autre chose à faire que le décodage de la machine Enigma. D’une part, le sujet commence à avoir été labouré en long et en large, malgré son intérêt évident. D’autre part, le risque est de faire de Champignac une sorte de deus ex machina qui amoindrira les personnages historiques (ou inversement de n’en faire qu’un spectateur d’une histoire déjà connue) et le véritable enjeu consisterait donc à raconter autre chose… Et enfin, puisque Champignac provient d’un univers où naviguent des super-vilains imaginaires étant des métaphores des inquiétudes et frissons de l’époque de leur naissance, pourquoi ne pas avoir proposé des menaces nouvelles, qui seraient les échos d’une période, pas leur transcription fidèle ? Faire intervenir Turing me laisse perplexe.
Après, étant bien conscient qu’on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise, et gardant un souvenir agréable des deux tomes de Zorglub, je vais me laisser tenter, pardi !

Jim

Y a eu deux tomes sur Zorglub ?
La fille de Zorglub ?

Oui

J’ai lu la Fille de Zorglub, sympa…
L’autre, c’était pas le préquel du film ?

Il y a un 2ème tome avec sa fille

D’accord, bon à savoir. Toujours Munuera au dessin ?

Oui même duo d’auteurs

J’ai envie de faire confiance à David Etien au scénar’, mais tu détailles assez exactement mes inquiétudes.

Yep, le principe de la jeunesse de Champignac est bon, mais le détail de la proposition déçoit.

On parle du deuxième tome là :

Jim

Au passage, La rencontre de Spirou et du Comte a eu lieu en 1950… Cette histoire se déroule donc seulement dix ans plus tôt.

J’espère que cet album s’attardera sur le personnage de Turing, qui est vraiment un personnage historique très intéressant… Mais je crains de ne pas apprendre grand chose sur lui.

Tori.

Alors bon, l’album est très sympa, mais il confirme certaines craintes.
Le récit se déroule en trois parties. La première voit le Comte dans son château, manipulant ses champignons quand les Allemands investissent les lieux afin d’y installer un poste de commandement. La deuxième suit l’inventeur en Angleterre, tandis qu’il est recruté à Bletchley Park afin de participer au décodage. La troisième marque le retour du savant dans ses terres, afin d’organiser la capture du carnet d’instructions des Allemands qui occupent sa propriété et qui, joie du hasard, utilisent l’une des fameuses machines.
Autant dire que la troisième partie est peut-être la plus pétulante, notamment parce qu’elle est allégée des explications techniques, assez copieuses et encombrantes par la force des choses, mais aussi parce qu’elle permet de renouer avec des figures bien connues du village, et donc avec la mythologie du personnage. Ça remue pas mal, c’est marrant, y a quelques dialogues bien sentis, et l’album finit donc sur une note souriante.

Malheureusement, la partie centrale, si elle est bien menée et tourne autour de rouages bien huilés, rencontre tous les écueils évoqués ci-dessus. Bien conscients qu’il ne faut pas tordre la réalité historique trop violemment, mais qu’il ne faut pas laisser les personnages au simple rang de spectateur, les Béka se sentent un peu obligé de donner tour à tour le rôle du deus ex machina à tous les personnages (Champignac, Blair, Turing) qui chacun à un moment trouvent l’idée lumineuse faisant avancer les recherches. Le nombre de ces interactions est tel que l’aspect émotionnel passe un peu à l’as, consacré pour l’essentiel aux émois sentimentaux de Pacôme. De sorte que les tensions, les demandes de budget refusées, les jalousies internes, les jeux de pouvoirs dans la hiérarchie, sont minimisés. Tout se déroule sympathiquement, sans grand éclat, sans cavalcade exagérée.

La tonalité est dans cette partie assez didactique, au détriment de l’humour et de l’action. Si Champignac avait été recruté pour une autre mission, le scénario aurait sans doute gagné en souplesse et en légèreté.
Et au sujet de la légèreté, l’album a tout de même quelques lourdeurs. Les blagues répétées sur les expressions saugrenues de l’inventeur (« Sabre de bois » occupe beaucoup de place, mais « Sac à papier » apparaît dans la deuxième moitié de l’album) côtoient les références de plomb à Ian Fleming. Traces sans doute du didactisme de la partie centrale, c’est pas toujours très bien amené, même si c’est assez souriant.
Reste un dessin vigoureux et enlevé, qui aurait sans doute gagné à être utilisé pour une action plus frénétique.
Bref, un album un peu tiède, qui pâtit d’un parti pris pas assez affirmé.

Jim

La réception est tiède aussi, j’attendais d’avoir une vente moyenne voir bonne, elle est pour le moment désastreuse et mon public est un public classique de chez classique.

C’est trop terre à terre pour un Champignac.
C’est une erreur de l’associer à des événements historiques

J’ai trouvé également que ça manquait un peu de sel… Mais j’ai trouvé cette lecture assez plaisante tout de même. Cela dit, je n’ai pas lu l’album d’une traite, mais sa prépublication dans Spirou… Ça modifie l’expérience de lecture.

Tori.

Excellent résumé.
C’est un album sympa, mais effectivement, pas vraiment foufou. C’est dommage.

Jim

Je l’ai déjà écrit dans le sujet sur Zorglub, ma connaissance de l’univers de Spirou est très, très limitée. Juste un album de Zorglub et des gags du Petit Spirou. Avant de lire cet album, je ne connaissais Champignac que de nom, je n’avais donc pas les réserves de mes camarades ci-dessus concernant sa participation à ces événements historiques. Et cet aventure m’a bien plu, malgré quelques réserves quant à sa construction (déjà évoquées ci-dessus). J’ai bien aimé l’entame, qui permet de cerner efficacement le personnage. La deuxième partie, la plus explicative (et dans certains passages un peu trop lourdement) est, malgré de jolis moments, plombée par des longueurs qui freinent l’action…une action relancée dans un dernier acte plus enlevé, plus divertissant. Inégal donc, mais tout de même pas mal du tout, avec une partie graphique de qualité (là encore, je ne connaissais pas David Etien et j’apprécie son style).

1 « J'aime »