Si je ne m’abuse, « Charisma » est le premier film de Kurosawa que j’ai vu ; ce n’est pourtant pas celui que je conseillerais au néophyte pour attaquer la brillante filmo du nippon. En effet, « Charisma » est un film un peu à part, et pas que du reste de la filmo de son auteur, mais du reste de tous les autres films…
Le film, très original, va nourrir son étrange et assez unique climat à la croisée des chemins du thriller et de la comédie : oscillant entre les deux, le script autorise de sacrés moments de grâce filmique à Kurosawa, dont les moins marquants ne sont pas ceux tournant autour du fameux arbre Charisma, centre du film. L’acteur fétiche (presque son alter ego) du cinéaste, Koji Yakusho, est l’interprète idéal pour ce genre de projet.
Malgré cette singularité, Kurosawa ne cesse de ressasser la même matière, jonglant avec les motifs récurrents de son oeuvre, comme l’idée de l’exode à la campagne d’un personnage éminemment urbain, mais aussi l’obsession de l’apocalypse, souvent figurée abstraitement dans ses films, mais pas toujours, ici comme dans le final de « Kairo » (ces séquences issues de budgets pourtant plutôt modestes sont tout simplement stupéfiantes…).
Un sacré film, étrange et original en diable.
