CHEF JOSEPH (François Corteggiani / Gabriel Andrade)

Chef Joseph

La longue marche des Nez-Percés

Vers la fin du XIXe siècle, la magnifique vallée de la Wallowa, territoire ancestral des Nez-Percés, est convoitée par les colons américains, appâtés par ces terres réputées aurifères et propices à l’élevage. Après l’échec de longs pourparlers, la tribu doit se résoudre, la rage au cœur, à quitter ses terres situées dans l’est de l’Oregon pour échapper au joug des autorités fédérales et à l’enfer d’une vie dans les réserves. Sous l’autorité de Chef Joseph, elle décide d’entreprendre le plus périlleux des exodes en tentant de rejoindre la frontière canadienne, avec près de 800 âmes, dont femmes, enfants et vieillards ainsi que des milliers de chevaux. Animés d’un courage à nul autre pareil, les Indiens se fondent dans le paysage et progressent à marches forcées à travers la chaîne vertigineuse des Bitteroot Mountains, telle une tribu fantôme. C’est le début d’une traque acharnée à travers l’Idaho, le Wyoming et le Montana avec à leurs trousses l’armée américaine, marquée par le désastre de Little Big Horn. Après plus de 2 000 kilomètres parcourus, l’odyssée des Nez-Percés s’achève tout près du Canada par une ultime défaite face aux troupes du colonel Miles. Malgré la reddition de Chef Joseph, ce périple d’une tribu pacifique reste un symbole, celui d’une résistance héroïque face à l’envahisseur.

Accompagné par l’historien Farid Ameur, spécialiste de la conquête de l’Ouest américain, François Corteggiani, grand connaisseur également des récits du Far West, et Gabriel Andrade nous entraînent dans un western haletant sur les traces d’un épisode mythique des guerres indiennes et d’une figure légendaire, à la fois attachée à ses traditions et éprise de liberté.

  • Éditeur ‏ : ‎ Glénat BD (11 octobre 2023)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Relié ‏ : ‎ 56 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2344045953
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2344045954
  • Poids de l’article ‏ : ‎ 788 g

François Corteggiani, scénariste et dessinateur, est né à Nice en 1953, où il débute dans le journal l’Espoir Hebdo en 1971. Arrivé à Paris en 1972 il travaille après quelques travaux publicitaires pour les éditions SEPP. Créant de nombreux personnages, il a ensuite collaboré avec un grand nombre de dessinateurs pour des éditeurs aussi divers que Vaillant-Miroir Sprint, Glénat, Fleurus, Casterman, Koralle verlag, Egmont, Hachette, Dargaud, Soleil, Dupuis, Lombard, Walt Disney company, Marvel, Sémic, Paoline, Triomphe, Standaard, et quelques autres. Rédacteur en chef de Pif Gadget de 2004 à 2009, il a également été pendant 10 ans créateur et concepteur de figurines Kinder. Depuis 2011 parallèlement à son travail de scénariste, il écrivait et dessinait le strip quotidien de Pif le chien dans le journal l’Humanité sous le nom de Kort. François Corteggiani s’est éteint en septembre 2022 à l’âge de 69 ans dans sa maison de Carpentras.

Gabriel Andrade a principalement publié pour le marché américain chez les éditeurs Dark Horse, Boom Studio ou Avatar Press. Il a travaillé sur Aliens, Die Hard : year on, Uber, ou Crossed ou Crossed+100deux séries qui ont vu passer des scénaristes comme Alan Moore, Garth Ennis ou Simon Spurrier. Il travaille en parallèle de Machiavel sur un nouveau projet avec Alan Moore.

Les deux prochains tomes de la collection, annoncés dans l’album, sont Calamity Jane et Alamo. Ce dernier me fait dresser l’oreille.

Jim

Un album à l’ancienne, assez scolaire et appliqué, empli de cases alternant gros plans et décors. Andrade, jouant les modelés et les hachures, s’inscrit un peu dans la lignée d’un Palacios ou d’un Blanc-Dumont (peut-on y voir l’influence de Corteggiani, qui avait l’habitude de faire les storyboards de ses albums et qui a peut-être fourni à son illustrateur des références d’autres albums ?), et donc dans une certaine tradition du western franco-belge.

La construction de l’album, complexe, n’est pas réellement linéaire. L’action commence in medias res, à l’occasion d’une tentative d’embuscade par l’armée américaine, que la tribu des Nez Percés parvient à déjouer et contourner. Puis le récit revient en arrière, racontant les tentatives de négociation entre les représentants des États-Unis et les chefs Indiens. Le récit prend la précaution de montrer que si les tentatives de conciliation échouent, c’est à cause de comportements discutables des deux parties. Avançant dans l’énonciation des faits, le récit arrive à un moment où Joseph et son frère discutent, évoquant des éléments passés. Cela conduit à faire des va-et-vient entre flash-backs et flash-forwards et à insérer des souvenirs dans un récit déjà rétrospectif. La complexité de cette construction semble un peu gratuite.

Si tout passe bien et reste très fluide, c’est en grande partie grâce au soin accordé au lettrage. Pour un album franco-belge, on notera une volonté de guider le lecteur et d’établir des codes facilement identifiables : les récitatifs de narration sont en italique sur fond coloré, les propos rapportés sont encadrés de guillemets sur fond blanc, les bulles sont dans l’ensemble bien placées, permettant de créer des lignes de lecture même sur les planches dans lesquelles Andrade fait déborder une case sur l’autre. Bref, si ce lettrage de qualité renforce l’aspect classique de l’album, il témoigne d’un soin souvent trop rare en franco-belge.

Seul petit bémol, le cahier documentaire à la fin, signé Farid Ameur, paraît assez pauvre après la lecture de l’album. Le texte principal est une sorte de répétition des planches, une paraphrase (vous savez, ce qu’on nous reprochait à l’école quand on faisait des commentaires de texte…) à laquelle seuls les encadrés, la chronologie et la bibliographie donnent un peu de sel.

Jim

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