CHROME t.1-2 (Patrick Pion)

Après avoir illustré l’adaptation française de Tomb Raider chez Glénat, Patrick Pion, qui signe aussi Fréon, livre un diptyque de science-fiction chez Dargaud, Chrome. Projet ambitieux, il réserve des surprises, mais celles-ci contribuent à nourrir une certaine déception.

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Voisin d’atelier de Lauffray et Bajram (qui contribue au look de Chrome en signant des couleurs et autres contributions graphiques), Pion affiche encore un style proche du créateur de Prophet. Cependant, son style évolue sur les deux tomes, ce qui ne manque pas désarçonner. Connaissant le goût de Lauffray pour Neal Adams ou Bill Sienkiewicz, on peut imaginer qu’il a montré à son voisin les travaux de ces derniers, dont les influences sont palpables. Pion se livre à des recherches d’encrage qui rappellent celles du Sienkiewicz de Moon Knight ou New Mutants. Son encrage devient plus broussailleux, plus charbonneux, comme s’il tentait d’imiter la nervosité du crayonné. Hélas, ça rend parfois les cases difficilement déchiffrables.

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Autre déception, le récit s’ouvre sur une enquête policière dans les locaux d’un gros consortium, dans un monde cyber futuriste envahi de publicité. On songe bien entendu à Blade Runner, dont certains décors sont repris en guise d’hommage. Cela pose les bases d’un univers vaste et riche, mais qui, au final, n’accouchera que d’une simple histoire de zombie (dont le prétexte est scientifique) racontée par le truchement d’un enchaînement rapide de scènes d’action parfois confuses. La montagne majestueuse accouchant d’une souris mal peignée.

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L’ensemble est tapissé d’un salmigondis de religiosité dont on ne saurait déterminer s’il s’agit là d’une dénonciation, d’une parodie ou d’une trace d’admiration. Le discours est confus, au même titre que les personnages, qui semblent aussi perdus que les lecteurs.

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Le diptyque, en définitive, laisse le sentiment d’une vaste expérience, d’une exploration des formes, qui se fait au détriment du fond, et de la caractérisation des personnages (Iris la tueuse étant particulièrement mal lotie).

Jim