CLOVERFIELD (Matt Reeves)

moi jai etait decu ce film aurait pu etre super mais ils se sont pas trop casse la tete hein c etait plutot facile dimaginer ca mais jaime bien ce genre de film catastrophe car a chaque je me demande toujours comment moi je reagirais face a ca :astonished:

Bien sûr que non : le pitch, c’est « un film à la Godzilla, vu par l’homme de la rue ».
Si en plus ça fait peur (et la partie dans le métro, j’ai flippé grave), c’est un bonus.

Alors y a le principe de l’immersion.
Y a le principe aussi du témoin qui ne voit pas, parce qu’il se cache (et donc ça sous-entend un rapport à l’image et à la représentation très complexe, c’est vachement intéressant d’un point de vue esthétique… sans compter que ça rentre dans les obsessions visuelles d’Abrams sur la sémiologie des écrans…).
Mais surtout, le truc, c’est que contrairement à Godzilla ou autres, où les héros sont toujours des super scientifiques ou des super bidasses, là, on n’a pas de super expert. On a juste des gens de la rue, des passants, qui essaient de s’en sortir. Et ça, c’est formidable, parce que l’homme de la rue, c’est un fond de décor, c’est un personnage inexistant dans les films de gros monstre, d’ordinaire.

Et ce changement d’angle de vue rentre complètement dans la note d’intention du film : angle de vue de la caméra, mais aussi du personnage.

Jim

[quote=« Skeet »]Pareil :

En fait, j’en avais pas du tout entendu parler donc pas d’à priori déjà.
De plus, il faut aussi replacer le film dans son contexte : sans la réalisation caméra amateur c’est un film à comparer avec un independance day ou autre…mais c’est justement là la différence.
Je trouve que la réalisation donne une autre dimension à ce type de film et j’étais vraiment dedans de ce fait…alors que j’aurais vite été détaché si ça avait été filmé de manière normale.
Après qu’on puisse trouver que le début soit inutile…je ne suis pas d’accord. Là c’est comme si on lisait une cassette qu’on a retrouvé où il y a des morceaux du film qui était dessus avant et je trouve ça vraiment sympa comme idée. Et le fait que le rythme soit lent au départ est une bonne chose car cela augmente l’importance de l’impact de l’arrivée de la bestiole.
De plus, la fin est nickel je trouve car ça suit une logique.[/quote]

Voilà, je partage assez cet avis.

Jim

Vu hier soir via DVD. Bon, je pense que l’impact au ciné n’est pas le même. Là, j’ai eu du mal à rentrer dedans, à m’impliquer (parce que dès la première image, on se doute de comment ça va finir, donc ce qu’il se passe dans l’hélico, c’était évident ! Cependant, j’ai pas de doute sur le fait que ça a dû être un sacré moment au ciné (j’aurais sûrement sursauté par moment).
J’ai bien aimé aussi qu’on montre des images du monstre et le côté on se demande ce qu’il se passe par l’homme ordinaire, c’est sympa, ça change. D’ailleurs, les astuces pour qu’on sache ce qu’il se passe, ce que va faire le gouvernement, sont pas mal. Evidents à partir d’un certain moment, mais c’est bien fait !

Reste la caméra portée … J’ai l’impression que que c’est moins bougeant que Blair Witch, mais faudrait enchaîner les deux pour vraiment savoir, parce que je pense qu’on s’est quand même un peu habitué à ce genre de film (et puis même quand ce n’est pas le style, y a quand même des films plus désagréables à regarder, à cause d’un réalisateur épileptique !

Qu’en ont pensé les allergiques de Blair Witch ?

(edit : je vois que j’ai tendance à faire de l’écho après Jim … :blush: )

Je n’ai pas le courage de revoir Blair Witch à fin de comparaison, mais il me semble me souvenir que la période de sortie de Cloverfield correspond à un retour du sous-genre « found footage ». Donc ça avait un côté « neuf », à l’époque. [REC] n’avait qu’une année de plus. Depuis, plein de films ont repris le principe de ces deux-là, donc c’est toujours la même chose, si on voit Cloverfield ou [REC] aujourd’hui, en étant passé par les cases Paranormal Activity, Troll Hunter et tout le toutim, ça semble moins fort.

Bon, je confirme, en salle, c’est quand même une sacrée claque.

Après, prévisible ou pas, je sais pas. On sait que c’est un film de monstre, on sait que ça va mal se terminer, mais qu’importe, on s’accroche, on est plongé dans le truc, on oublie un peu tout ça en s’accrochant aux personnages (le destin du personnage de Lizzie Caplan est intense, en terme d’impact, je trouve).

L’un des trucs les plus forts du film, selon moi, c’est la manière dont il intègre le rembobinage. Si tu rembobines, ça n’imprime pas sur la « pellicule ». Donc, quand tu passes le film, tu ne « vois » pas le rembobinage. Donc, ils ont intégré cette notion afin que l’erreur de calage lors du rembobinage puisse dévoiler des informations qui proviennent du film qui avait été précédemment enregistré. Informations qui permettent de développer la caractérisation du couple central, et qui va jusqu’à filer une information essentielle sur le monstre, dans le dernier plan du film. Très fort.
À côté, dans [REC] (film que j’adore, cela dit), le rembobinage est visible par le spectateur. Et là, ce n’est pas cohérent. Parce que soit c’est un « found footage », donc un enregistrement découvert par hasard, et on ne peut pas voir ça, soit on peut le voir ce qui veut dire que nous sommes en direct (et ce n’est pas le cas, puisque l’émission n’est pas encore montée) ou que nous sommes le caméraman (mais ça ne fonctionne pas non plus puisque nous voyons les images finales même quand ce dernier n’est plus là). Donc le rembobinage dans le couloir ne tient pas la route.
C’est là que Cloverfield selon moi dépasse [REC] et sans doute tous les autres « found footages », parce qu’il intègre totalement la nature du document (du « pacte de lecture », dirait Artie) au sein de sa narration. Au point que ça en devienne brillant.

Jim

Pas vu REC (de toute façon, du « found foootage », si j’en ai vu 3 ou 4, c’est bien le bout du monde. 2, c’est sûr !).

Mais en tout cas, tu viens de m’éclairer sur un point que je n’avais pas compris sur cet histoire de deuxième histoire se passant avant l’histoire du monstre. Bon, comme je n’ai jamais eu de magnétoscope, je ne comprenais pas vraiment (en même temps, je en suis pas sûr d’avoir compris ton explication)

Alors bon, [REC] (qui est l’un de ces films, avec 28 Jours plus tard, à avoir marqué la transition entre le film de zombies et le film d’infectés), faut aimer le genre zombies, le genre found footage, et aussi le genre huis-clos, puisque le principe veut que l’action, passé l’introduction, soit confinée à un immeuble (et son lot de couloirs, d’angles et de coins d’ombre). Personnellement, j’y suis venu d’une part à cause de sa réputation de folie, et d’autre part à cause du fait que ça provienne d’Espagne, une terre assez vivace en matière de cinéma fantastique. Donc là, je me suis dit « tiens, y a quelque chose à aller renifler ».
Rajoute à ça le fait que j’ai longtemps été réfractaire au zombie (et à ses avatars récents), parce que ça me terrifiait, et que les années 2000 ont été pour moi la décennie durant laquelle j’ai tenté de lutter contre ma terreur tout en essayant d’élargir ma culture ciné (et fréquenter des gens comme Jay Wicky, qui est bien carré sur le sujet, m’a permis d’avancer dans ces eaux terrifiantes). Donc c’était la raison finale pour laquelle j’y suis allé, en me disant que, quitte à voir des films de ce genre, autant goûter à ceux qui semblent avec un goût original.

C’est le principe de la vieille K7 audio (tu as beau être un moutard, tu as quand même dû connaître ça) : tu enregistres l’album de Tartempion, et puis un jour, tu en as marre. Donc tu enregistres l’album de Trucmuche à la place, et comme il reste du temps, tu enregistres un single que tu aimes bien. Sauf que tu fais pas gaffe, tu cales mal le bouzin, il y a trois ou quatre secondes entre les deux, durant lesquels tu entends donc trois ou quatre secondes de l’album de Tartempion précédemment enregistré et pas complètement recouvert.
Là, c’est le même principe : le gros lourd de la bande, on le sait depuis la scène de la fête de départ, enregistre sur la bande qui est déjà dans l’appareil, et vu la gueule de ses copains, on comprend (c’est clairement dit) qu’il est en train d’effacer la virée à Coney Island du couple, symbole de leurs beaux jours.
Donc non seulement les images de cette journée au parc d’attraction permettent de caractériser fortement le couple que l’on voit lutter dans le film, mais en plus l’effacement, la surimpression en quelque sorte, devient le symbole de la dissolution du couple. L’irrémédiable brisure est à double niveau. Je trouve ça fortiche.

Jim

Ouais, enfin quand je faisais un enregistrement, je calais toujours correctement ! :wink: En fait, c’est bien pour ça que je ne comprenais pas ces sauts dans le film, parce qu’au final, tu n’as rien à caler si tu passes par-dessus : il suffit de continuer là où tu t’es arrêté quand tu ne rembobines jamais (ce qui est le cas ici)

Mais toi, tu es brillant et adroit de tes mains, ce qui n’est pas le cas du gros lourd de l’équipe.

Dans le film, il rembobine, puisqu’il montre à ses potes ce qu’il vient de filmer (juste après la scène où ils se réfugient dans le magasin). Puis il se recale, mais mal (la panique du moment, son manque d’adresse naturel, tout cela se conjugue pour qu’il ne fasse pas le truc correctement). Résultat, nous qui avons trouvé la bande et la visionnons après coup, on a droit à partie du film précédent.

(Purée, ça me donne envie de le revoir, tiens)

Jim

[quote=« Jim Lainé »]
Dans le film, il rembobine, puisqu’il montre à ses potes ce qu’il vient de filmer (juste après la scène où ils se réfugient dans le magasin). Puis il se recale, mais mal (la panique du moment, son manque d’adresse naturel, tout cela se conjugue pour qu’il ne fasse pas le truc correctement)

Jim[/quote]

Forcément, si je ne suis pas attentif …
Ok, je retire ce que j’ai dit ! (je n’ai jamais fait fonctionner mon magnétoscope ou ma chaîne hifi dans la rue !)

[quote=« soyouz »]
Forcément, si je ne suis pas attentif …[/quote]

Purée, on dirait moi, quand tu fais ça.

Bon, je viens de revoir le film (sur mon écran d’ordi, pendant que je rangeais des bouquins, donc d’un œil un peu distrait, mais je le connais bien…), et j’aime toujours autant. C’est finaud, rusé, imparable.

Après, j’aime aussi beaucoup la dimension méta.
D’une part, c’est le premier block-buster à intégrer le traumatisme du 11 septembre (la deuxième grosse gestion du trauma, c’est le premier Avengers). Car oui, c’est effectivement « Godzilla vu par l’homme de la rue », et en ce sens c’est une tape sur les fesses au film d’Emmerich (que j’aime bien tout de même, mais qui mérite sa tape), mais c’est aussi et bien évidemment la gestion du trauma. Peu après la scène de la tête de la Statue, il y a un nuage de poussière, et là, c’est clair que c’est New York (et l’Amérique et l’Occident) qui fait son analyse.
D’autre part, c’est également un film sur le cinéma. Grosso modo, Hub, le caméraman, passe l’intrigue à voir des trucs à la volée, parce qu’il se retourne trop tard, parce qu’il cadre mal (et il doit passer par le truchement de la télévision pour réellement « voir » ce qu’il faut voir, par exemple), et donc, il a des plans pourris. Dans des films comme Alien (par exemple), tout l’art consiste à composer le plan de sorte qu’il soit à la fois agréable à l’œil et suffisamment masquant afin de ne pas voir le monstre en entier. Mais là, on ne voit pas le monstre (qui est pourtant visible) parce que Hub n’est pas doué. Et il faut être sacrément balaise pour raconter une histoire à l’aide de plans pourris. Donc, tout le film consiste à bien raconter à l’aide de cadrages soigneusement calés afin de passer pour médiocre. C’est une leçon de cinéma par la soustraction, par l’exemple à ne pas suivre.

C’est un truc que j’aime bien avec les films d’Abrams, qu’il y officie comme réalisateur ou comme producteur. C’est l’adéquation entre les moyens et le propos. Par exemple, je trouve intéressant que l’hommage à Spielberg qu’est Super 8 s’appuie justement sur une technologie d’époque. Parce que ça fait sens dans l’histoire, et ça double l’hommage au réalisateur d’un hommage à la génération à laquelle appartient Abrams (et son public). Ici, le filmage caméra à l’épaule devient un outil de narration, pas un simple truc. Dans Cloverfield Lane, il y a une théatralité intérieur / extérieur qui est redoutablement pensé.
J’aime bien ça. J’aime pas tout dans sa carrière, mais je suis plutôt fan de son travail, parce que je trouve qu’il pense ses projets en associant forme et fond. Et même si je ne connais pas grand-chose en cinoche (je n’ai jamais tenu une caméra), je suis sensible à cette approche.

Jim

[quote=« Jim Lainé »]

[quote=« soyouz »]
Forcément, si je ne suis pas attentif …[/quote]

Purée, on dirait moi, quand tu fais ça.

Jim[/quote]

Tu me fais peur, là …

Attends je vérifie …

… ouais, j’ai encore des cheveux, tout va bien, je peux dormir tranquille !