Là, je l’ai sous les yeux, et c’est pas mal du tout. Épais, riche, dense, il passe par des incontournables et des évidences, mais il va aussi fouiner pour déloger des trucs plus rares.
Après, on peut toujours chipoter.
Par exemple, pour Goon et Mark sont classés à T (comme « the »), alors que Shadow est classé à S (mais marqué « (The) Shadow ») ?
De même, il y des choix iconographiques un petit peu tristes : pourquoi Suicide Squad est illustré par une couverture récente, et pas par une numéro de la période Ostrander ? (oui oui, je vous avais prévenus, c’est du chipotage.) Sans doute que les délais ont fait que l’auteur, l’éditeur ou le maquettiste est allé au plus pressé (je connais ça).
Après, il y a selon moi quelques manques. Où est Badger ? Ou est Nathaniel Dusk ? Où est Scout ? Où est Omaha the Cat Dancer ? Où est Ironwood ? On pourrait me dire que le choix a été porté sur des séries qui ont connu des traductions françaises, ce qui expliquerait l’absence des trois premiers, mais j’ai déjà repéré The Mark, DP7 et Zot! qui ont droit à une entrée alors que, à ma connaissance (qui n’est pas encyclopédique, je le reconnais le premier), ils n’ont jamais été traduits dans nos contrées. Et dans ce cas, Omaha et Ironwood auraient dû avoir leur entrée.
Je le dis, c’est du chipotage, d’autant que cela démontre l’extrême difficulté de l’exercice, qui obéit à des impératifs parfois contradictoires, complexes et contextuels (je soupçonne que la présence de Zot! se justifie seulement par la nécessité d’avoir un Z, alors qu’on aurait pu faire une entrée Zorro, ne serait-ce que pour le plaisir de mettre une image d’Alex Toth), parmi lesquelles il y a bien entendu les connaissances et les goûts personnels du signataire.
L’ouvrage, par exemple, semble se consacrer exclusivement aux comic books (malgré la promesse du sous-titre, qui parle de « BD américaine »), se privant donc de l’occasion de parler des comic strips, et d’évoquer par la même occasion Little Nemo, Terry and the Pirates, Flash Gordon, Bringing Up Father, Pogo, Doonesbury, Peanuts, Liberty Meadows et tant d’autres. Mais là encore, faut faire un choix (et en France, on a passé quarante ans à subir une critique qui ne jurait que par les comic strips d’avant-guerre, il est donc bien d’offrir un bouquin de référence qui prenne le contre-pied de cette approche un peu snob). Et puis, ça pourrait constituer le sujet d’un prochain bouquin, tiens !!!
Ce genre d’ouvrage laissera de toute façon toujours une ou deux entrée sur le carreau, et des lecteurs qui chipoteront, comme je le fais, sur l’absence de telle ou telle série qu’ils auraient aimé voir traitée dans ces pages.
Après, la différence se fait ailleurs, sur le contenu rédactionnel, sa pertinence, sa souplesse, son élégance et sur les pistes de recherches et les conseils de lecture que l’ouvrage propose.
Et là, on a des textes clairs (j’ai pas tout lu, mais par exemple, je viens de parcourir le texte consacré à Howard the Duck), qui balancent pas mal d’info (au risque d’avoir un name dropping étourdissant pour le néophyte, mais il vaut mieux faire envie que pitié, non ?) et qui remettent dans le contexte. Et sur les gros morceaux (Superman, Tarzan, Star Wars, ce genre de choses…), l’auteur propose des conseils de lecture, une sélection rapide mettant en évidence des repères incontournables, des histoires facilement accessibles à la lecture recommandée pour découvrir de quoi il s’agit.
Donc le bouquin se pose en guide, en clé d’entrée, et en tant que tel, à mon avis, fait bien son boulot. L’ensemble dans une présentation sympa, avec une reliure chouette qui donne une impression de densité tout à fait justifiée.
Jim