La Bibliothèque de Daniel Clowes - Comme un gant de velours pris dans la fonte
Suite au visionnage d’un snuff movie où il croit reconnaître son amour disparu, Clay part à la recherche des producteurs du film qui pourraient le renseigner sur le sort de la jeune femme. Seulement, ce dernier n’avait pas anticipé les rencontres hallucinatoires, les embûches sordides ni même la fascination qu’exerce un certain Mister Jones.
- Éditeur : Delcourt (11 janvier 2023)
- Langue : Français
- Relié : 144 pages
- ISBN-10 : 2413047743
- ISBN-13 : 978-2413047742
Je serai bien plus dithyrambique que le Doc sur cet album de Clowes (auteur dont je découvre une bonne partie du corpus ces temps-ci, à la faveur de ces rééditions chez Delcourt), même si je dois bien reconnaître que je ne suis pas vraiment sûr d’avoir compris grand-chose non plus à ce trip totalement cauchemardesque !!!
Alors dans ces cas-là (et j’ai moi-même usé de cet argument un brin facile à l’occasion), on dégaine vite le « non mais tu comprends, c’est avant tout un trip sensitif et on est pas obligé de tout capter ». Certes, certes… Mais bon, on a quand même envie de creuser un peu plus que ça.
Difficile, tant Clowes ne nous facilite pas les choses en la matière. Ce n’est pas seulement obscur ou confus, c’est surtout d’une densité à faire peur (presque littéralement) ; Clowes avait certainement à l’esprit une sorte de radiographie de la mentalité américaine des 50 ou 60 dernières années (de Charles Manson au néo-libéralisme puant des années 80), voire en anticipant sur des thématiques très actuelles (comme le virilisme toxique), mais il le fait en larguant complètement les amarres par rapport à toute narration « traditionnelle », au risque de s’aliéner le lecteur.
Perso, il me rattrape par le col via le génie de certaines séquences, et notamment en procédant à un mélange auquel je suis très sensible et qui n’est pas évident du tout à mettre en place. Le récit est en effet aussi glauque et perturbant qu’il est drôle voire hilarant ; Clowes ne procède pas du tout en alternant les moments de noirceur avec les moments de légèreté, mais bel et bien en entremêlant intimement les deux : ce sont les idées « dérangeantes » qui sont source du comique. Très fort, et très déstabilisant pour le lecteur qui ne sait pas du coup comment se positionner « moralement » par rapport à ce qu’il est en train de lire…
Très fort, donc, sans compter que Clowes décide de pousser les potards très loin en matière de cruauté à l’égard de son perso principal (les dernières pages sont sidérantes de ce point de vue-là), laissant le lecteur lessivé et pantelant.
Grosse, grosse baffe en ce qui me concerne, moi qui avait déjà adoré son plus récent « Patience » (dans un genre beaucoup plus abordable, d’ailleurs).
Je l’avais récupéré suite au déstockage de Cornélius. C’était un des seuls de Daniel Clowes que je n’avais pas lu.
Je me souviens avoir pris une grosse claque à sa lecture et je pense que c’est mon préféré avec « Patience ». J’avais aimé le côté tellement dérangeant et noire qu’il finit par être drôle.
Tu m’avais donné envie de le ressortir quand tu l’as évoqué dans ta dernière émission.
Suite à ton message, j’ai accéléré le processus et l’ai sorti de ma bibliothèque pour le remettre sur la pile à lire. Je suis également impatient de lire son futur nouvel ouvrage « Monica ».
J’ouvre une parenthèse facile mais as-tu lu les « Dédales » de Charles Burns? Le 3eme tome sort à la rentrée et c’est quasi-impossible que tu n’accroches pas à l’univers distillé.
Grosse erreur de ma part, ça : j’ai délaissé le corpus de Charles Burns depuis bien trop longtemps… Tu n’avais déjà pas tari d’éloges sur ses « Dédales » et ça m’avait interpellé. Faut que je me les fasse sans faute.
(pour être franc, une librairie vient d’ouvrir à 100 mètres de chez moi, les libraires sont super sympas et je suis du genre « support your local scene », donc je craque un pognon pas possible en livre et BD ces temps-ci… mais faut que je cale Charles Burns dans mes achats à venir)
Tu n’as rien lu de Burns ?
Ah si si, plein de trucs en fait, comme « Black Hole », « Big Baby », « El Borbah »… C’est les trucs plus récents que j’ai un peu zappés… connement, vu que j’aime beaucoup ce qu’il a fait par ailleurs.
Je pense d’ailleurs que je vais pas tarder à me refaire « Black Hole », car étrangement je n’en ai jamais parlé à la radio et j’ai envie d’aborder le sujet à la rentrée. Une séance de rattrapage s’impose !!
Ah bah voilà
La trilogie Toxic/La Ruche/Calavera est dingue aussi.
Je me la relis régulièrement.
Ah ben ça par exemple, c’est le moment précis où je décroche (sans raison précise, encore une fois) : j’ai lu « Toxic », beaucoup aimé, et pas pris la suite, je sais plus pourquoi…
Ouais, pareil. Je me demande si je n’attendais pas la fin de la trilogie pour démarrer (ouais, je sais …)
J’ai rien lu de lui, c’est quoi les indispensables ?
Black Hole, mais ća date.
Je pense que ses ðédales doivent être aussi dans le haut du panier (mais pas encore achetés)
Faudrait que je me refasses ses vieilleries que j’ai dans ma biblio).
Pour commencer, il faut lire Black Hole à mon avis.
Si tu accroches sur celui là, tu peux lire tout le reste!
Tiens, pareil aussi.