CORPUS HERMETICUM - TITANIC (Richard Nolane / Patrick Dumas)

Première coopération entre le scénariste Richard Nolane (célèbre aujourd’hui pour ses Wunderwaffen et dérivés) et le dessinateur Patrick Dumas, ce tome de la collection Corpus Hermeticum est consacré au fameux voyage, inaugural et dernier, du célèbre paquebot de la compagnie White Star.

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Rappelons brièvement ce qu’est la collection Corpus Hermeticum. Elle gravite autour d’un ouvrage mythique du même nom, dont des fragments (pour reprendre l’expression pascalienne) apparaissent à travers l’histoire, toujours associés à de grands mystères. Ce livre introuvable est censé avoir été écrit par le dieu Hermès (des personnages de ce récit évoquent cette théorie, en la réfutant prestement) et contenir toutes les réponses aux mystères du monde entier. Mais leur apparition est constamment annonciatrice de malheurs.

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Richard Nolane base son récit sur un mystère étonnant, entourant le naufrage du Titanic et agitant les esprits amateurs de choses inexplicables : quatorze ans avant le drame, le romancier Morgan Robertson fait paraître un roman, Le Naufrage du « Titan », dont les commentateurs affirment qu’il s’agit d’une description sidérante de la catastrophe. La similitude des noms des deux paquebots n’est que la partie émergée de l’iceberg (héhé), et de nombreux détails techniques sont comparables d’un navire à l’autre. Cette proximité a fait parler pendant des années, et le scénariste profite de l’occasion pour enfoncer le clou.

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Il met donc en scène le romancier en question, contacté par le journaliste William Thomas Stead (lui aussi personnage réel, et mort dans le naufrage) et par l’assistante de ce dernier, elle-même capable de convoquer l’esprit de sorcières mortes depuis des siècles. Le trio cherche à comprendre les circonstances dans lesquelles le roman a été rédigé. L’ensemble étant nimbé de mystère, ils suivent les maigres indices, qui les conduisent à une malédiction égyptienne et à la révolte irlandaise, dans un cocktail qui terminera au fond de l’océan.

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Graphiquement, Patrick Dumas laisse passer ses influences « ligne claire », les flash-backs archéologiques faisant apparaître d’évidentes traces jacobsiennes. Mais il sait moderniser son trait et jouer notamment sur les cadrages et les perspectives. Le récit est peuplé de clins d’œil. Par exemple, on croise un inspecteur Abberline (sans doute un homonyme de celui qui enquêta sur Jack l’Éventreur) auquel Patrick Dumas donne le visage de John Steed. De même, les auteurs font une blague sur la voiture que l’on voit dans le film de James Cameron. Plus étourdissant encore, Robertson croise dans la rue un fourgon dont le flanc est frappé des mot « Jim Laine Grocery » (en bas à droite dans l’image ci-dessous, c’est plus visible sur papier) : étourdissant, non ?

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Comme toujours dans cette collection initiée par Nicolas Tackian et composée de one-shots, le récit se conclut, tout en conservant une part de non-dit. Le petit mot des auteurs, à la fin, entretient le mystère.

Jim