CREEPSHOW (George A. Romero)

REALISATEUR

George A. Romero

SCENARISTE

Stephen King

DISTRIBUTION

Ed Harris, Viveca Linfors, Stephen King, Leslie Nielsen, Ted Danson, Hal Holbrook, Fritz Weaver, Adrienne Barbeau, E.G. Marshall, Tom Atkins, Joe King, Tom Savini…

INFOS

Long métrage américain
Genre : horreur/comédie
Année de production : 1982

À la fin des années 70, George A. Romero et son producteur Richard Rubinstein se sont rendus dans le Maine pour rencontrer Stephen King et discuter avec l’écrivain à succès d’une possible adaptation de l’un de ses romans. Romero et King ont vite sympathisé et ce fut le début d’une longue séries de rendez-vous manqués, puisque le réalisateur de La Nuit des Morts-Vivants fut à un moment ou à un autre attaché à plusieurs projets (Les Vampires de Salem, Le Fléau, Simetierre…) qu’il a du abandonner pour diverses raisons. Il a fallu attendre le début des années 90 et La Part des Ténèbres pour que Romero livre finalement sa transposition à l’écran d’un roman de Stephen King.

Pendant la phase de développement du Fléau, Stephen King et sa femme ont fait une petite apparition dans Knightriders, une oeuvre méconnue de Romero. Les deux hommes se sont découvert également une passion commune pour les comics-books d’horreur des années 50 et 60, ces fabuleuses revues anthologiques publiées par EC Comics et DC Comics : Tales from the Crypt, The Vault of Horror, House of Secrets ou encore House of Mystery. Compte-tenu de l’ampleur de l’histoire du Fléau, Romero et King ont décidé de collaborer entre-temps sur un long métrage dans le but, en cas de succès, de recueillir assez d’argent et l’appui d’un studio pour financer Le Fléau. C’est ainsi que Creepshow est né…mais ce n’était pas encore l’heure pour l’Apocalypse selon Stephen King d’être racontée sur écran…

Creepshow demeure l’un des meilleurs représentants du genre anthologie horrifique…et ce malgré les défauts inhérents à ce type de format. Comme tous les films à sketches que j’ai pu voir, il est inégal selon les segments et la durée n’est pas très bien maîtrisée (et avec ses presque 2 heures, il est aussi un poil trop long). Mais j’aime toujours autant son humour noir, à l’ironie cruelle, ainsi que les parti-pris esthétiques de Romero et King.

Creesphow est un véritable comic-book qui prend vie sous les yeux du spectateur : lors des transitions animées, les pages de la bande dessinée se tournent et les cases sont utilisées pour introduire et conclure chaque histoire. Romero renforce le lien avec le matériel original par le biais d’effets visuels tirés directement de l’imagerie des comics et appuie chaque scène-choc par des compositions de plans énergiques aux couleurs volontairement criardes.

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Certains effets n’ont pas supporté le passage du temps…mais pas autant que la danse disco de Ed Harris dans La Fête des Pères (oui, ça fait vraiment peur). Les membres d’une famille aussi riche que dysfonctionnelle (et tous aussi pourris les uns que les autres) se réunissent une fois l’an pour célébrer l’anniversaire de la mort de leur patriarche détesté. Sauf que cette fois-ci, le mort a décidé de sortir de sa tombe pour venir réclamer son gâteau de fête des pères.
Le zombie fétichiste infesté d’asticots, fantastique création de Tom Savini, collaborateur régulier de George A. Romero, est le meilleur élément d’un sketch qui met un petit peu de temps à démarrer pour devenir de plus en plus savoureux dans sa deuxième moitié. Le dernier plan est excellent…parfait pour une dernière case…

Dans La Mort Solitaire de Jordy Verrill, adaptation de la nouvelle Weeds, un péquenaud simple d’esprit est infecté par un météore venu de l’espace et une mauvaise herbe recouvre progressivement son corps. Ce deuxième segment est le plus cartoony de tous…et l’interprétation de Stephen King lui-même est un effet spécial hérité des dessins animés à elle seule. L’écrivain (que j’adore) s’est révélé aussi mauvais comédien que réalisateur (Maximum Overdrive)…et c’est pour cela qu’il s’est ensuite principalement cantonné à des caméos…mais son jeu exagéré colle tout de même bien à l’ambiance de l’ensemble, un récit délirant parsemé de touches sombres qui se conclue de manière très pessimiste…

Le troisième segment, Un truc pour se marrer, aurait très bien figurer au sommaire d’un EC Comics. L’inénarrable Leslie Nielsen joue ici un type absolument infect, un mari jaloux qui décide de se débarrasser de sa femme (jouée par Gaylene Ross, l’héroïne de Zombie) et de son amant (incarné par Ted Danson) en les noyant. Une mort lente, mise en scène de façon cruellement méthodique par le riche salopard qui enregistre tout pour sa satisfaction personnelle. Le ton est ici beaucoup plus dur et la tension dramatique est palpable. Et comme dans tout bon EC Comics, le crime ne restera pas impuni…

La Caisse (d’après la nouvelle The Crate) est la plus longue histoire du film (environ 35 minutes) et ma préférée. L’interprétation est savoureuse : un professeur d’anglais timide (Hal Holbrook) déteste sa femme (explosive Adrienne Barbeau) et n’a qu’un rêve…la voir disparaître. La découverte d’une caisse prenant la poussière sous l’escalier d’une université tombe donc au bon moment car celle-ci renferme un monstre particulièrement vorace. Tom Savini a saisi ici l’occasion de créer son premier véritable monstre, sorte de version dégénérée du Diable de Tasmanie à l’appétit démesuré. Gore, fun et très efficace !

Dans Ca grouille de partout, un détestable homme d’affaires avec une phobie des germes vit seul dans un appartement fermé hermétiquement. Et pourtant un soir, il reçoit des invités surprises…des milliers de cafards ! Le sketch est un véritable festival de la part de E.G. Marshall qui est encore plus répugnant que le personnage joué par Leslie Nielsen dans Un truc pour se marrer. Et King et Romero lui ont donc naturellement réservé la mort la plus dégoûtante du film !

Comme presque chaque anthologie, il y a un fil rouge et celui de Creepshow nous montre un gamin (joué par le propre fils de Stephen King, Joe…devenu depuis lui aussi écrivain sous le nom de Joe HIll) puni par son père qui réagit avec colère lorsqu’il découvre les lectures de son fils. Cet émule de Fredric Wertham jette alors le dernier numéro de Creepshow à la poubelle. Monumentale erreur…
Les pages du comic-book que l’on voit à l’écran sont l’oeuvre de Jack Kamen, dessinateur qui travailla régulièrement pour les EC Comics dans les années 50. Il a aussi signé la couverture de l’adaptation en BD de Creepshow, que l’on doit au génialissime et regretté Bernie Wrightson.

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Creepshow n’a pas connu un succès retentissant au box-office mondial, mais il fut tout de même l’un des films d’horreur les plus rentables de l’année 1982, ce qui se révèle toujours suffisant pour produire une suite. Creepshow 2 est sorti en 1987, George A. Romero en a co-écrit tous les segments d’après les histoires de Stephen King et a laissé son fauteuil de réalisateur à Michael Gornick, le directeur de la photographie du premier volet.

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Quand la bande dessinée Chilling Adventures of Sabrina se souvient de Creepshow

Jim

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Et elle lit ceci :
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Dont la majorité du sommaire a paru en France dans ce numéro :
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Tori.

Stout :

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Wrightson :

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Tony Moore :

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Bd que j’ai acheté récemment.

Bryan Baugh :

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The Gurch :

Nathan Stockman :

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Gary Pullin :

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Graham Humphreys :

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Stephen Andrade :

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