Comme les films dont elle s’inspire, la série Creepshow est inégale…ce qui est le cas de tous les formats anthologiques que j’ai pu voir jusqu’à présent. La saison est composée de 6 épisodes qui présentent 2 histoires chacun. Les auteurs ont repris les codes des films : des transitions animées avec des pages de comics qui se tournent et des cases utilisées pour introduire et conclure chaque récit. Certains effets visuels sont également repris comme ces gros plans sur les visages des acteurs avec des fonds aux couleurs criardes.
Le Creep est de retour, une marionnette assez rigide qui a divisé mais c’était également le cas dans le premier film (on est loin du Cryptkeeper et de ses bons mots…d’ailleurs le Creep ne parle pas). La série a également partagé ses spectateurs, j’ai parcouru des commentaires et j’ai vu de tout, des gens qui ont aimé (à des degrés divers) comme d’autres qui ont détesté. Je me place dans la première catégorie (j’ai pour le moment vu les trois premiers épisodes).
On commence avec une adaptation de Stephen King, Matière Grise, qui remonte aux années 70. L’histoire d’un gamin qui vient de perdre sa mère et qui assiste à la lente déchéance de son père, psychologique puis physique due à une étrange substance qui se trouve dans sa bière préférée. Une transformation amenée progressivement, par un récit raconté en flashback, avant une deuxième partie axée sur le body horror suintant et dégoulinant. La série met plus l’accent sur les effets pratiques, mais quand elle utilise le numérique, c’est un peu moins convaincant, ce qui est le cas de la révélation du final. Ce segment a la meilleure distribution (Adrienne Barbeau, Giancarlo Esposito, Tobin Bell) et j’aime bien son ambiance, sa montée en puissance…mais pas sa dernière scène un peu trop hystérique…
La Maison de Poupée propose une variation étonnante sur le thème de la maison hantée. Un suspense bien dosé, avec de bonnes idées de mise en scène et une bonne interprétation de la petite Cailey Fleming (Judith Grimes dans The Walking Dead)…mais là encore une dernière scène qui ne vaut pas ce qui a précédé…
Avec ses soldats loup-garous en pleine seconde guerre mondiale, Le Grand Méchant Loup est la première histoire qui revendique vraiment son côté purement bis et celle qui reprend pour la première fois à son compte les effets du premier film dont j’ai parlé plus haut. Là encore, le budget ne permet pas des transformations pleinement réussies (c’est même assez cheap) mais sur ce point les cases de BD (dessinées par Kelley Jones pour ce segment) sont plutôt bien employées. C’est gore et bas du front et si le scénario ne lui donne pas grand chose à faire, Jeffrey Combs cabotine bien comme il faut en officier allemand.
Le doigt maudit est une de mes préférées. Une exploration de la folie et de la solitude très bien interprétée par D.J. Qualls qui se sort bien de l’exercice qui consiste à briser le quatrième mur pour parler directement au spectateur. Et Bub, la petite créature, est très réussie.
Bruce Jones adapte lui même son comic-book All Hallow’s pour Halloween. Je l’aime beaucoup celui-là. Le ton change régulièrement tout comme l’attitude des personnages principaux, passant de sympathiques à inquiétants en une scène jusqu’à ce que l’on découvre ce qui leur est arrivé. Et c’est aussi dur que triste et mélancolique…
L’homme de la valise est un conte moral à l’humour noir qui tire bien parti de sa situation très saugrenue, variation bien barrée sur le thème du « génie dans la lampe ». L’équilibre entre humour et horreur fonctionne et la chute est pas mal du tout, ce qui n’est pas toujours le cas dans cette première moitié de saison…