Je viens de lire cette série, modeste mais pas géniale, lisible mais pas inoubliable.
Dans l’ensemble, c’est sympa, la partie Walker est pas mal, classique (des envoyés d’une dystopie arrivent dans « notre » monde afin de prévenir la catastrophe qui a détruit le leur), pas trop mal menée (bon, les deux premiers épisodes prennent leur temps mais sont encore équilibrés, le troisième se lit littéralement en trois minutes, et les suivants sont un peu trop rapides…), avec l’exposition d’une menace qui pourrait être déclinée ailleurs dans l’univers DC… et le gros avantage de cette saga, c’est de montrer Cyborg dans un rôle physique qui lui va assez bien. Ça change de son rôle de banque de données / téléporteur qu’il occupe dans Justice League.
Les trois premiers épisodes sont très beaux, et le premier est proprement magnifique. Reis a encore passé un palier, ses personnages sont naturels, vivants, souples. Il est passé du statut d’Alan Davis 2.0 à celui de Garcia-Lopez 2.0 : ses planches évoquent de manière frappante le travail du maître, à la fois par l’élégance de ses personnages et l’enchaînement fluide de ses cases. Une pure merveille. Vivement qu’il arrive sur une série régulière, quand même, au lieu de jouer les bouche-trou ou les arguments de vente pour série fragile.
Par la suite, s’il est présent, c’est pour assurer le découpage. Et encore, pas sur tous les épisodes. Autant dire que la chute qualitative est violente, malgré les bonnes intentions de ses successeurs.
Les trois derniers épisodes sont signés Marv Wolfman, le co-créateur du personnage. Ce sont autant d’one-shots, qui explorent différentes facettes du héros (ses relations à sa famille, son rôle interventionniste, son rapport douloureux à la science). C’est pas mal, déjà vu mille fois mais fait avec compétence.
En revanche, on sent bien que, malgré ses clins d’œil (beaucoup aimé la scène des films torrentés, dans l’épisode 11 : ça permet de ridiculiser les lois sur les copyright ainsi que la société du divertissement), Wolfman est un peu dépassé par l’aspect technologique du personnage. La représentation du cyber-espace avec ses monstres vérolés a bien vingt ans de retard. Walker (avec Reis) s’en sort un peu mieux.
Bref, série sympa, sans plus, assez oubliable, sans doute parce qu’elle a été pensée avant tout pour occuper de la place sur le rayonnage, pas pour raconter des histoires épatantes.
Jim